Toulouse : centre de consultations tenu par des médecins retraités, maisons de santé… Quelles pistes pour lutter contre la désertification médicale ?

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l'essentiel Ce lundi soir, un collectif d’habitants mobilisé contre la désertification médicale en centre-ville de Toulouse organise une réunion pour étudier les solutions pour freiner ce fléau. Parmi les pistes avancées, la mairie réfléchit à la création d’un centre de santé tenu par des médecins retraités, une expérimentation lancée il y a un an à Albi.

"Durant 14 mois, une habitante de notre quartier de 74 ans n’a plus eu de médecin. Le sien est parti à la retraite et n’a pas été remplacé. Depuis janvier 2023, nous avons recensé 13 départs de généralistes non remplacés sur le secteur, ainsi que deux départs de chirurgiens-dentistes", liste Anne-Lise Couineau, une des bénévoles du collectif toulousain "Désert médical", résidant depuis plusieurs années aux Chalets.

Depuis plus d’un an, avec d’autres habitants d’Arnaud-Bernard, Compans, Brouardel, Héraclès ou encore plus récemment des Amidonniers, elle se mobilise à travers une pétition et des réunions pour alerter les responsables publics sur un phénomène qui ne cesse de gagner du terrain : la désertification médicale en centre-ville.

A lire aussi : Toulouse est-elle en train de devenir un désert médical taille XXL ?

Un sujet qui sera au cœur d’une réunion publique organisée ce lundi 29 avril* pour échanger sur les solutions afin d’endiguer ce fléau. D’autant que ce phénomène risque de prendre de l’ampleur au cours des années à venir puisque 7 000 nouveaux habitants devraient s’installer dans les nouveaux logements dont la construction se profile sur cette partie de la Ville rose. Et, en parallèle, on annonce qu’un tiers des médecins en exercice aujourd’hui vont partir à la retraite au cours des cinq ans à venir. Sans qu’une nouvelle génération soit formée pour prendre la relève.

Ces dernières années, à Toulouse, des centres de santé ou des maisons pluridisciplinaires de santé ont vu le jour pour offrir une solution aux patients en quête d’un médecin généraliste. Dans les premières structures, les professionnels de santé sont salariés, dans le second cas il s’agit de libéraux qui s’associent au sein d’une structure commune.

Des centres médicaux à la Cité administrative et quartier Brouardel

"Ce qui est très clair pour les habitants, c’est qu’ils ne veulent pas d’un lieu de santé géré par des fonds de pension où il y a un turn-over de médecins", affirme Anne-Lise Couineau. Avec les autres membres du collectif, elle plaide pour la création d’un site au sein de la Cité administrative, libérée l’an prochain. Ils aimeraient y voir la création d’un lieu de santé conséquent de 500 à 600 m2 minimum, tout comme sur le futur quartier Brouardel.

En attendant que ces deux projets aboutissent, ce qui n’arrivera pas avant plusieurs années, le collectif est favorable à la création d’un "lieu de santé dans des locaux temporaires" et ses membres ont même déjà repéré un site potentiel du côté des Chalets. Une proposition qu’ils mettront sur la table lundi soir. Et entre les mains des autorités.

Parmi lesquels ne figurera pas le président de l’ordre départemental des médecins, Stéphane Oustric. Ce qui était déjà le cas lors des précédentes réunions et ce que regrette le Dr Jean-Louis Ducassé, ancien chef de service du SAMU 31 et par ailleurs vice-président de l’association de quartier Chalets-Roquelaine, pour qui l’absence d’un représentant de l’ordre "manquait cruellement pour échanger".

A lire aussi : Déserts médicaux : "Je suis passée de 20 à 40 patients par jour", déplore Patricia Saint-Guily, généraliste et gynécologue à Toulouse

S’il ne sera pas présent ce lundi soir, Stéphane Oustric assure qu’il planche sur le sujet depuis 2018, en particulier à la création de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). "Toulouse est impactée fortement du fait du manque d’emprise immobilière dédiée à de telles maisons de santé, mais le maire est fortement actif sur ce sujet et des solutions vont arriver", assure-t-il.

Ces dernières années à Toulouse, 17 MSP ont en effet vu le jour. "Nous défendons ce concept car ce sont des médecins libéraux qui s’installent et investissent et donc qui comptent rester", explique Patricia Bez, l’adjointe au maire à la Santé qui indique que deux nouvelles MSP devraient voir le jour bientôt à Montaudran. L’élue relève que la rive droite n’était pas la seule concernée puisqu’au cours des six derniers mois, le territoire toulousain de la rive gauche de la Garonne a perdu pas moins de dix médecins.

Des centres de santé tenus par des retraités à Compans et rive gauche

Pour aider à l’installation de nouveaux généralistes, la métropole a voté une délibération qui depuis le 1er janvier dernier permet de supprimer la taxe d’aménagement payé par ces professionnels, ce qui peut faire une économie de 60 000 à 90 000 euros. "Aujourd’hui, les jeunes médecins libéraux préfèrent s’installer en périphérie où les prix sont plus acceptables. Nous sommes en train de regarder comment nous pouvons les aider à s’installer à Toulouse grâce à une société foncière en échange de leur engagement", poursuit l’élue qui rappelle que la mairie en la matière n’a aucune obligation.

A lire aussi : Déserts médicaux : "Une situation préoccupante" à Toulouse selon Pr Vincent Bounes, vice-président à la Santé de la région Occitanie

Mais surtout, à l’instar de ce que la ville d’Albi a déployé il y a une petite année sur son territoire, celle de Toulouse réfléchit à la création de centres de consultation où les médecins qui interviendraient seraient des retraités. "Ils feraient des vacations sur une demi-journée, ou une journée par semaine, sous le statut de salariés, dans des locaux disponibles de Toulouse métropole habitat par exemple. Nous avons déjà ciblé deux quartiers : Compans-Caffarelli et la rive gauche. Il faut avoir une dizaine de médecins pour que cela tourne", dévoile Patricia Bez qui s’est rendue dans la capitale du Tarn pour observer le dispositif. Et est revenue convaincue que cela pouvait être une des réponses, en attendant de voir arriver de jeunes médecins formés et prêts à s’installer en ville. Mais pas la seule.

* lundi 29 avril à 19 heures, salle Castelbou (rue Léonce Castelbou).
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Les commentaires (1)
POLOGNE Il y a 16 jours Le 29/04/2024 à 10:16

Il faut arrêter de poser ces questions aujourd'hui quand on sait que
"Si le « numerus clausus » est maintenant décrié, ce sont pourtant les médecins libéraux, en 1971, qui ont réussi à convaincre l'Etat de limiter leur nombre.
Après 50 ans de régulation du nombre de médecins par l'Etat, les effets de la suppression du numerus clausus en 2019 ne se feront pas sentir avant 2030." Le Figaro
Quels sont ces médecins imbus de leur personne qui ont bloqué le processus ? Proches des politiques de l'époque !
Mais il faut remarquer aussi que les médecins, beaucoup le sont de père en fils,
Curieux non.