Après une nouvelle fermeture de librairie, le marché du livre est-il en danger à Toulouse ?
Sans repreneur, il y a un peu plus de deux semaines, la librairie toulousaine "les petits ruisseaux" fermait ses portes. Concurrencé par la montée croissante du numérique et la baisse du pouvoir d’achat, le secteur réussit malgré tout à tirer son épingle auprès des Toulousains.
Cela fait un peu plus de deux semaines que les habitants du quartier toulousain de Saint-Cyprien trouvent le rideau de fer baissé lorsqu’ils se rendent à la librairie "les petits ruisseaux", rue Villeneuve, qui a mis la clé sous la porte le 24 mars dernier sans trouver de repreneur. Cette fermeture s’ajoute à celle de deux autres enseignes en 2023 à Toulouse. Est-ce le début d’une longue liste ? Les Toulousains sont-ils toujours friands de livres ou préfèrent-ils se rabattre sur les alternatives proposées par internet ?
Contrairement aux craintes répandues concernant la concurrence croissante du numérique, Emmanuelle Sicard, directrice d’Ombres Blanches, se veut rassurante : "chez nous, la fréquentation ne montre aucun signe de déclin pour le moment".
Une nouvelle encourageante pour les amoureux du livre. Malgré l’essor des formats électroniques, et des applications de lecture en ligne telles que Wattpad, les habitants de la Ville rose continuent de privilégier l’expérience d’un livre entre leurs mains. C’est aussi ce que constate Le Comptoir du Rêve. D’après le directeur de cette enseigne spécialisée dans la BD et le Manga, Cyrille Cotelle, "il n’y a pas de révolution du numérique, mais une vraie culture du livre papier".
Nouveaux genres, nouvelle clientèle
Un aspect notable de cette dynamique est l’évolution du public qui déambule dans les allées. Malgré les idées reçues sur ces jeunes qui ne liraient plus, Emmanuelle Sicard a observé un rajeunissement de sa clientèle. "C’est aussi grâce au Pass Culture (Dispositif qui permet aux jeunes âgés de 15 à 18 ans d’accéder gratuitement à des livres. NDLR). Cela a contribué à attirer une nouvelle génération de lecteurs curieux, intéressés tant par les dernières tendances que par les classiques intemporels", se réjouit la libraire.
Mais un défi notable auquel Ombres Blanches fait face est le recul de la bande dessinée parmi les lecteurs Toulousains pour laisser place à davantage de fiction. Au Comptoir du Rêve, très spécialisée sur ces formats, ce n’est pas le cas. "Notre clientèle de bande dessinée est beaucoup plus mature donc pour le moment ils sont toujours au rendez-vous", explique le directeur de la librairie.
Un léger déclin
Reste que dans l’ensemble, comme dans tous les secteurs, il y a une très légère baisse de consommation à cause de la diminution du pouvoir d’achat. "La plus grande différence se fait sur le panier moyen, confie Cyrille Cotelle. Là où un bon nombre de clients passaient en caisse avec un panier de 20 ou 30 euros, désormais c’est plus aux alentours des 10 ou 15 euros."
Les 29 librairies indépendantes de la Ville rose partagent en tout cas un sentiment commun : si leur situation économique est en léger déclin c’est aussi parce que leurs chiffres d’affaires ont connu des sommets lors de la crise sanitaire. "Pendant, la période post-confinement, les commerces étaient ouverts et toutes les activités culturelles étaient fermées, explique Adeline Barré, chargée de mission Librairie de l’Agence livre et lecture. Du coup, il y a eu énormément de ventes. Mais aujourd’hui, les libraires se rapprochent des chiffres qu’ils faisaient avant la pandémie, ce qui fait que sur le papier les chiffres sont en baisse, mais en réalité, c’est normal".
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