Musée Toulouse-Lautrec : Pourquoi visiter l’exposition de René Iché est une plongée dans l’histoire de France
Le musée Toulouse Lautrec accueille jusqu’au 30 juin une grande exposition consacrée au sculpteur résistant audois, René Iché. Un des grands artistes engagés de l’Entre-deux-guerres.
À peine les visses de la caisse enlevées, la caisse ouverte, les employées du musée Toulouse-Lautrec commencent à examiner la statue de bronze. Armés d’une lampe, elles inspectent le moindre recoin de l’œuvre de René Iché (1897-1954). Aïe, une petite imperfection semble être détectée sur la tête. Tout le monde retient son souffle. Mais pas de panique, il s’agissait d’une fausse alerte. L’œuvre est intacte, elle pourra figurer en bonne place dans l’exposition consacrée au sculpteur audois, du 30 mars au 30 juin au musée Toulouse-Lautrec.
Depuis quelques jours, c’est l’effervescence au sein de l’établissement. Installer une exposition d’une centaine de pièces (provenant de musées ou de collections privées) n’est pas une mince affaire. Surtout quand il s’agit en partie de sculptures. Pour certaines, il faut être quatre pour les déplacer. Le musée a fait appel à une société spécialisée, LP art de Toulouse.
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Intitulé, « l’art en lutte », l’exposition marque les 70 ans du décès de l’artiste. Et les 80 ans de la Libération de la France du joug allemand. René Iché est une figure de la Résistance. Il a fait partie du réseau du musée de l’homme, un des premiers en France.
Pourquoi Albi ? L’exposition a été proposée au musée par la Piscine de Roubaix, où Fanny Girard, la conservatrice a travaillé. L’œuvre d’Iché permet aussi de mettre en avant la collection du second étage du musée, qui compte plusieurs œuvres de Bourdelle dont Iché a été le disciple. C’est aussi l’occasion de mettre en avant une figure artistique majeure et de donner une visibilité à la sculpture.
Installer les œuvres d’Iché, c’est voir défiler un pan de l’histoire de France. Celle qui va de l’entre-deux-guerres à la Libération. René Iché a été un artiste engagé. Engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, il a été ensuite résistant. Au fond de la salle, on peut voir sa muse de la tragédie. Une œuvre manifeste contre la non-intervention du gouvernement Blum dans la guerre d’Espagne.
Cette guerre, il en est également question avec une autre statue, Guernica. Picasso n’a pas été le seul artiste à dénoncer à travers l’art l’horreur du premier grand bombardement aérien.
Un peu plus loin, on peut voir une statue qui a été offerte au général de Gaulle, la France déchirée. C’est Lucie Aubrac qui l’apportera au chef de la France libre à Londres. René Iché a également détourné des commandes pétainistes, comme le montre cette Jeanne d’Arc.
À l’entrée les deux masques des surréalistes (Eluard et Breton) dont René Iché était proche portent les stigmates de l’histoire. On peut encore y voir des éclats de balles ou d’obus datant de la Libération de Paris.
Et c’est ainsi pour chaque œuvre exposée. Elles portent en elle une part de l’histoire de France ou de l’art.
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