Limoux. Le bûcher a eu raison du carnaval
C’est dans une grande liesse populaire que la ronde des Femnas a scellé définitivement le sort de l’édition 2024 du folklore limouxin.
On se doutait que cette féminisation sans partage du dernier jour du carnaval limouxin apporterait à la manifestation un éclat particulier. On se doutait aussi que Las Femnas étaient précédées d’un rang de vedette et que leurs réputations spectaculaires attiraient les foules dans le cœur de ville. En ce sens, la thématique dominicale avait donné un tempo enthousiasmant à une sortie qui marquera les esprits des acteurs, comme des spectateurs.
Si la méticulosité traditionnelle dans le choix des costumes n’était plus à faire, l’élégance et la mise en scène contribuaient à transformer leur sortie en une journée exceptionnelle.
Symbole d’émancipation
L’après-midi se présentait du même acabit, aidé il est vrai par une météo printanière. Au demeurant, Las Femnas amenaient tour après tour, les regards attentifs des centaines de badauds qui, d’une arcade à l’autre, suivaient les évolutions festives de leurs protégées. La nuit venue ne plongeait pas la place dans une certaine léthargie, loin de là.
Telles des belles lucioles estivales, les dames Fécos éclairaient de leurs jupes, la nuit limouxine.
Un ton chaud illuminait alors les arcades de leurs entorches et la frénésie carnavalière ne faiblissait pas, bien au contraire.
Des goudils, ici où là, se mêlaient à la fête. L’ambiance était bon enfant et Las Femnas terminaient leur périple par l’air du "Pantalon", un véritable symbole d’émancipation.
Les cloches sonnaient minuit. Les habitués entouraient déjà les girondines, lieu du fameux tribunal. Bourreau, avocat et juge, les préposés montaient alors sur l’estrade pour des plaidoiries en langue d’Oc des plus imagées. Sous les regards désapprobateurs parfois des Femnas, la cause féminine était souvent mise à mal dans ces débats quelque peu contradictoires. Malgré tout, la justice doit passer et il était dit que sa majesté carnaval devait subir le courroux du bourreau. Les carnavalières ont eu beau essayer d’infléchir la décision du tribunal, rien n’y a fait. Le préposé aux basses œuvres et ses acolytes ont allumé alors un feu qui devait consumer le carnaval et avec lui, apporter un point final à un folklore qui avait commencé presque trois mois plutôt. Les incantations bras au ciel des Fécos n’y feront rien Adiou pobre (adieu pauvre) en sonnera le glas. Les masques seront enlevés et comme à la fin d’une belle fête, chacun se retrouve le sentiment du devoir accompli.
Les musiciens remiseront leurs cuivres, les Fécos leurs tuniques, avec toutefois la certitude que la ronde du carnaval tournera à nouveau dans quelques mois.
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