Guerre en Ukraine : pourquoi les avions F-16 promis par les alliés de Kiev sont-ils en retard et peuvent-ils vraiment tout changer?
Le Belgique, la Danemark, la Norvège et les Pays-Bas se sont engagés à fournir des avions chasseurs F-16 à l'Ukraine en 2023. Mais plusieurs mois après ces promesses, ils ne sont toujours pas opérationnels. Pourquoi ces avions tant attendus tardent-ils à arriver ?
Annoncés dans le courant de l'hiver 2024, les premiers F-16 prêtés à l'Ukraine ne devraient finalement pas être mis en service avant le mois de juillet 2024. Un retard non sans conséquence sur le front, où la situation se tend pour l'armée ukrainienne.
Il faut d'abord bien comprendre qu'un avion F-16 ne se pilote pas aisément. Très différents des avions soviétiques modernisés utilisés par les Ukrainiens, les F-16 nécessitent environ 4 mois de formation pour un pilote de chasse. Problème, vu le nombre de F-16 annoncés (environ 60), il aurait fallu former tous les pilotes, ce qui aurait "cloué au sol l'armée de l'air ukrainienne", comme l'analyse le consultant aéronautique et défense Xavier Tytelman. "Ils sont donc allés chercher des pilotes de ligne et pour eux, la formation est forcément plus longue", explique ce dernier.
Il faut également former les mécaniciens et anticiper l'aspect logistique de l'arrivée de cette flotte. Où seront basés les futurs avions ukrainiens ? L'armée choisira-t-elle la méthode américaine de la "dispersion" pour éviter de s'exposer à des frappes anéantissant toute sa flotte ?
Pour l'heure, une base est installée à Fetesti en Roumanie. Les avions pourraient rejoindre les bases existantes en Ukraine, qui sont "toujours intactes même après deux ans de conflit, un miracle", selon Xavier Tytelman.
Avec l'arrivée de ces avions, l'Ukraine est persuadée de détenir la promesse d'une "supériorité aérienne", nécessaire à toute offensive, comme semblait le sous-entendre Dmytro Kouleba, le ministre des affaires étrangères ukrainienne, dans une tribune publiée en 2023 par le site spécialisé Foreign Policy.
Quels missiles pour ces F-16?
Un retournement de situations sur le front dépend de plusieurs paramètres, comme le type de missiles que les avions pourront porter. Sur ce point précis, les informations sont encore assez floues : "Les F-16 peuvent faire tout un tas de chose, de la désignation laser de cibles en mouvement à l'envoi de missiles de défense aérienne de très longue portée", détaille l'expert aérien interrogé par La Dépêche.
A lire aussi : Guerre en Ukraine : "Un soutien très puissant pour nous"... feu vert pour la livraison de 61 avions F-16
Rappelons qu'un F-16 est capable de transporter des missiles antinavires, antiaériens et air-sol ainsi que deux bombes d’une tonne chacune, en plus d’un canon externe d’un calibre de 20 mm. Bien utilisés, ils pourraient repousser les chasseurs russes qui frappent de plus en plus massivement en Ukraine.
Les Russes, qui souffrent déjà d'un manque d'avions ravitailleurs et de radars, "pourraient perdre la domination aérienne de la mer Noire" avance Xavier Tytelman. L'arrivée de F-16 pourrait les affaiblir encore davantage. "Ça ne va pas renverser le front, mais les Russes ne domineront plus, perdront leur liberté d'action aérienne et ça aura un impact au sol", conclut l'expert aérien.
L'arrivée d'une flotte d'avions de combat pourrait faire basculer la guerre dans une autre dimension, beaucoup plus aérienne, "et plus moderne", comme l'explique Jean-Christophe Noël dans un article de l'Institut français des relations internationales. Il est vrai que jusqu'ici, les combats sont davantage terrestres, les Russes ne disposant que d'une centaine de pilotes.
A lire aussi : Guerre en Ukraine : manque d'avions F-16, de drones et d'artillerie... va-t-on vers un affaiblissement de la contre-offensive ?
En tout, le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège et la Belgique ont promis de livrer 45 avions de type F-16 à leur allié ukrainien. Le nombre de F-16 pourrait monter à 60 d'ici la fin de l'année.
Mais au-delà de ces pays fournisseurs, c'est la "vitrine de l'industrie américaine de l'armement" qui s'apprête à entrer dans le conflit avec les Russes, comme le décrypte le général Jean-Claude Allard dans l'article de l'IRIS déjà cité. Pour lui, tout F-16 abattu par la Russie "sera un coup porté à l'image américaine". C'est d'ailleurs l'une des raisons principales qui explique les retards de livraison : les États-Unis ne livrent aucun avion directement et ont longtemps hésité avant de donner le feu vert à leurs alliés pour la cession de ces appareils, par crainte d'entrer trop directement dans le conflit avec la Russie.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?