« Némésis », de Philip Roth, une tragédie musicale au théâtre de la Cité
Tiphaine Raffier a fait du dernier roman de Philip Roth une parabole à la fois sombre et joyeuse. Le spectacle affiche complet, trois soirs, au théâtre de la Cité.
L’ultime roman de Philip Roth, " Némésis ", du nom de la déesse mythologique de la vengeance, a été publié en 2010, huit ans avant sa mort. L’écrivain américain avait déclaré alors qu’il n’écrirait plus jamais de livre et s’y est tenu jusqu’à son dernier souffle. C’était pour l’auteur de " Goodbye Columbus ", du " Complot en Amérique " ou de " La tache ", une manière de finir en beauté tant « Némésis » est une œuvre somme de bien des obsessions de son créateur, dont l’histoire résonne longtemps dans le cœur et l’esprit du lecteur.
Tranchant, douloureux, bouleversant
On retrouve le Newark de l’enfance de Philip Roth, ville proche de New York où vit une large communauté juive. Nous sommes en 1944 et le soleil de l’été cache un drame qui se répand sournoisement. Porteur, sans le savoir, du virus de la polio, un jeune professeur d’éducation physique, répand le mal auprès d’enfants dont il s’occupe sur un terrain de jeu et lors d’un camp de vacances. Le garçon est la bonté même ; il va pourtant causer la désolation dans nombre de familles. Et nourrir, une fois l’épidémie passée, une terrible culpabilité… Le roman de Philip Roth est bref, tranchant, douloureux, bouleversant.
Petit génie (on dit comment au féminin ?) du théâtre, Tiphaine Raffier a adapté (avec Lucas Samain) ce livre admirable en près de 3 heures de spectacle très imaginatif, qu’elle a mis en scène avec musiciens accompagnant les comédiens sur le plateau.
"Un plateau qui palpite"
Présenté à Paris au printemps 2023, " Némésis " a divisé la critique. Fabienne Darge, dans " Le Monde ", a regretté " le manque d’incarnation des personnages " dans un " ensemble largement anecdotique ". Dans " Le Figaro ", Anthony Palou a applaudi à l’inverse Tiphaine Raffier, confrontée à une " mission impossible ", à savoir " ne pas trahir l’époustouflant brio, la lucidité et le principe d’ironie de Philip Roth ". Même tonalité positive avec Fabienne Pascaud dans " Télérama ", qui évoque un " plateau qui palpite", de " superbes acteurs ", de " la drôle de joie qui sourd d’un spectacle paradoxalement sur l’épouvante ".
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?