La préfecture rénove sa toiture, un chantier étalé sur quatre ans qui met en valeur le savoir-faire ariégeois
La préfecture a entrepris un chantier de rénovation de la charpente, de la toiture, de l'isolation et des réseaux. Des travaux qui s'étalent de fin 2023 à 2026, faisant travailler des corps de métier au savoir-faire traditionnel.
La rue du Rival est le théâtre de nombreux travaux. Outre l'immeuble de l'Office public de l'habitat qui se construit, la préfecture qui jouxte l'espace en a lancé également en octobre 2023. De l'extérieur, rien ne l'indique au passant et, pourtant, le chantier s'avère d'ampleur, il va durer jusqu'en 2026.
"Nous avons deux urgences. La première porte sur la sauvegarde de ce bien historique car les ardoises, le zinc, la charpente subissent les assauts du temps. La seconde concerne l'isolation nécessaire des combles, la remise aux normes du réseau électrique qui est foisonnant", explique Jean-Philippe Dargent, secrétaire général de la préfecture. Sans oublier les normes incendie et les câblages informatiques.
"Des retombées économiques locales"
Le coût du chantier de rénovation charpente, toiture, isolation et réseaux s'élève à 3 200 000 € TTC, financé par l'Etat dans le cadre d'un programme dédié aux travaux dans les préfectures. "Huit entreprises sont ariégeoises et trois haut-garonnaises. Ce qui permet des retombées économiques locales et le maintien d'un savoir-faire qui se perd, comme la couverture en ardoise", insiste le sous-préfet.
Les travaux ont été divisés en six phases, correspondant à une zone des combles. Si la préfecture gère elle-même les travaux avec les acteurs du bâtiment, elle suit néanmoins les conseils de Quitterie Marquez, architecte des bâtiments de France, chef de l'unité départementale de l'architecture et du patrimoine de l'Ariège. En effet, la préfecture s'est installée dans une ancienne abbaye et un de ses côtés est adossé à l'église abbatiale Saint-Volusien, "monument historique classé", entraînant certaines contraintes.
"Les travaux doivent être compatibles avec l'environnement. Les matériaux employés doivent respecter la tradition locale. La couverture doit être en tuiles canal, tandis que le versant doit comporter de l'ardoise pour s'unifier avec l'église abbatiale", indique la spécialiste. Un tri des anciens matériaux est effectué afin de dénaturer le moins possible le site. Par exemple, les vieilles tuiles canal en bon état seront replacées sur la toiture, tandis que les nouvelles tuiles fabriquées en Occitanie seront posées en dessous, "en courant".
Les travaux ont débuté par la zone peut-être la plus sensible - mais il y a toujours des surprises dans la rénovation de l'ancien -, celle du pan adossé à l'église abbatiale. Il a donc été fait appel à des professionnels du bâtiment, habitués à travailler sur des monuments historiques, comme le couvreur Didier Titeux. S'il n'éprouve aucune difficulté globale sur cet espace, son attention est portée sur les finitions. "Il faut bien se raccorder avec l'église abbatiale, c'est pour ça qu'on fait des finitions au plomb. Il faut épouser les formes anciennes de l'église. On a aussi un peu de zingueries", détaille-t-il.
Améliorer l'existant
La charpente, toujours sur cette zone, semble n'avoir pas souffert du poids des années. "Son état est correct. Sur l'ensemble des zones, dans les parties rajoutées du bâtiment, la charpente est plus récente. Mais il y a aussi des parties XIXe siècle, et là, on aura des reprises", a constaté Didier Titeux. "Un diagnostic très poussé est établi, pièces par pièces. Quand on identifie une partie faible, elle est soit remplacée, soit remise en état", renchérit Quitterie Marquez.
Des améliorations sont aussi envisagées, comme le confie l'architecte : "Dans la zone adossée à l'église, on va voir si on peut ramener de la lumière naturelle mais on n'a pas la certitude de le faire". Pour l'instant, des vitraux de l'église sont obturés par le mur de la préfecture.
Les travaux concernant les réseaux et l'isolation se font au fur et à mesure de l'avancée de la rénovation de la toiture et de la charpente. Du matériel est stocké dans quelques pièces de la préfecture, et les fonctionnaires déménagent leurs bureaux au fil du chantier pour éviter le bruit et les désagréments.
Au total, 1 000 m2 font l'objet de la rénovation. La première zone devrait être achevée en mars, ce sera alors au tour de la deuxième, dans la foulée.
Le labyrinthe des combles
Les combles de la préfecture ne sont pas aménageables en bureaux, compte tenu de la pente du toit. Néanmoins, ils permettent d'y stocker des serveurs informatiques et des documents. Pour y accéder, il faut monter au troisième niveau, ouvrir des petites portes, enjamber la charpente et se retrouver dans le grenier, réouvrir une porte qui donne sur une petite pièce de stockage, puis une autre pour un retour dans les combles...
Les chanceux peuvent alors voir un dédale de charpentes très anciennes, un peu grignotées par les vers mais sans dommages graves. "On a aussi retrouvé un sol en tomettes façonnées à la main", montre le préposé à l'organisation de la préfecture.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?