Yannick Noah : «Pourquoi Tsonga va gagner Roland-Garros»
Le 5 juin 1983, Yannick Noah gagnait Roland-Garros. Hier, pour le 30e anniversaire de sa victoire, il a passé quelques heures sur le tournoi. Après avoir assisté au match Sharapova-Jankovic aux côtés de Jean Gachassin, puis fait le pitre sur la chaise d’arbitre d’un match de potes légendaires (Leconte, Forget, Bahrami, Cash), l’icône du tennis français s’est posé à l’espace FFT du Village VIP. Il était 17h42. Confessions.
«Avoir 30 ans», ça fait quoi ?
«On prend un coup de vieux. Tellement de souvenirs ressurgissent ici. Ma victoire, c’était un moment unique car il a été partagé. Y’ avait les amis, la famille, c’est ce qui a le plus compté. Ce souvenir m’est cher. Pour d’autres, aussi. Pour ceux qui ont raté leurs examens car ils ne pouvaient pas bosser à cause de mes matches à la télé (rires). Á eux, pardon ! C’est sympa d’être là. Dans l’atmosphère, dans le stade, on sent qu’il se passe quelque chose avec Jo.»
Tsonga sera justement demain en demie contre Ferrer. L’héritier, ça peut être lui ?
«On veut toujours anticiper et ça ne sert à rien. Il ne faut pas dire qu’il reste deux matches. Psychologiquement, ça tue. C’est tout con mais c’est un plus un ! Jusque-là, Jo est complet, sérieux, impressionnant. Son attitude me touche. On sent qu’il a en lui l’envie d’aller jusqu’au bout. En battant Federer, il a décuplé l’imagination des fans, qui y croient fort désormais. Il y a une espèce de sérénité qui se dégage quand il joue, il y a le public qui fait corps avec lui. On se met à rêver. Et lorsqu’on est sur le court, c’est un sentiment merveilleux. C’est quelque chose qui pourrait l’aider.»
Même si la demie contre Ferrer ne s’annonce pas aussi tranquille que la vôtre face à Roger-Vasselin…
«Christophe m’avait bien rendu service en sortant Connors, ma bête noire. Son exploit l’avait épuisé. J’avais eu de la chance. Pour Jo, c’est incomparable. Contre Ferrer, ce sera dur. Mais j’ai vraiment le sentiment qu’il peut passer. En puissance, en écourtant le dialogue dans les échanges.»
Existe-il une filiation entre Tsonga et vous ?
«A part le fait que l’on soit métis, lui du Congo et moi du Cameroun, je ne crois pas. Sur le jeu et la personnalité, on n’a pas beaucoup de points communs. Jo est timide en dehors du court et devient guerrier sur le terrain. Il est costaud, puissant, frappe plus que moi des deux côtés. Notre point commun est d’avoir le potentiel de faire plaisir à un public frustré.»
Il a l’air autant habité que vous à l’époque…
«J’ai essayé de lui expliquer le plus de choses. Ma préparation, mes émotions, il sait tout. Jouer un Grand Chelem à la maison, c’est un luxe formidable, à condition de trouver un endroit pour se ressourcer entre les matches. Jo, il l’a. Je lui envoyé un SMS avant son match contre Federer en lui disant «J’y crois». Après, c’est son truc à lui, pas à moi. Je n’ai pas de message officiel à délivrer. Au début, je faisais partie des rares à y croire. Maintenant, on est des millions. Vu son état, il nous donne de l’espoir. Ce n’est pas banal d’y croire en France, maintenant. Cela fait du bien de s’éclater, non ? J’aimerais vraiment voir sa gueule quand il aura gagné (sourire). Et de pouvoir reparler de tout ça avec lui. Cette fois, les coulisses, c’est lui qui me les raconterait.»
Les derniers quarts: Djokovic, Nadal et les dames
Novak Djokovic, le n°1 mondial, s’est qualifié hier pour les demi-finales en battant sans le moindre souci l’Allemand Tommy Haas, tête de série n°12, en trois sets 6-3, 7-6 (7/5), 7-5.
Le Serbe retrouvera en demi-finale l’Espagnol Rafael Nadal, septuple vainqueur du tournoi, dans une revanche de la finale de l’an passée. Nadal a balayé le Suisse Stanislas Wawrinka (n° 9) en trois sets (6-2, 6-3, 6-1).
Cette demi-finale entre l’Espagnol et le Serbe était extrêmement attendue, tant leurs derniers affrontements ont donné lieu à des duels magistraux. Ce sera leur 35e confrontation. Pour l’instant Nadal mène 19 à 15 et partira légèrement favori demain.
Mais Djokovic, qui a dominé l’Espagnol en finale du tournoi sur terre battue de Monte-Carlo à la mi-avril et a fait de Roland-Garros sa priorité cette saison, sera difficile à battre.
Demain, Nadal tentera d’accéder à sa neuvième finale en neuf tournois cette saison, pour six titres, depuis son retour sur le circuit en février après une année 2012 saccagée par une blessure au genou gauche. Après une première semaine difficile, le Majorquin a, comme si souvent, retrouvé son jeu à l’entame de la deuxième semaine, sous le soleil parisien.
«ça a été le meilleur match de la quinzaine, je suis très content des conditions de jeu» a-t-il déclaré après sa victoire sur Wawrinka. «J’ai eu une première semaine difficile mais les deux derniers matches ont été bien mieux.»
Djokovic atteint lui pour la 12e fois consécutive les demi-finales d’un tournoi du Grand Chelem, loin encore cependant du record de Roger Federer (23 demi-finales d’affilée).
«Tommy Haas a beaucoup de qualité et d’expérience, je suis très content d’être qualifié», a déclaré le Serbe. «Aux moments importants, j’ai très bien joué, mais je peux encore mieux faire. J’ai rencontré Rafa à Monte-Carlo et ça avait été un bon match pour moi. Mais il est très bon ici, il n’a perdu qu’une fois en dix ans. ça va être très difficile, mais je suis prêt pour jouer cinq sets.»
Demain:
- Jo-Wilfried Tsonga - David Ferrer (Esp)
- Novak Djokovic (Serb) - Rafael Nadal (Esp)
Un beau carré féminin
Les demi-finales du simple damesproposeront cet après-midi des duels s’annonçant somptueux entre quatre des cinq meilleures joueuses mondiales. La Russe Maria Sharapova, n°2 mondiale et tenante du titre à Paris, a arraché sa qualification pour les demi-finales en battant Jelena Jankovic (Serb) 0-6, 6-4, 6-3,tout comme la Bélarusse Victoria Azarenka (n°3) victorieuse de Maria Kirilenko (Rus) 7-6 (7/3), 6-2 .
Aujourd’hui:
- Victoria Azarenka (Biél) - Maria Sharapova (Rus)
- Serena Williams (USA) - Sara Errani (Ita)
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