Procès Viguier : il n'y aura pas de pourvoi en cassation
Jacques Viguier, acquitté en appel du meurtre de sa femme, aspire désormais à retrouver la tranquillité avec ses trois enfants et a chargé son avocat Jacques Levy de demander réparation pour les 9 mois qu'il a passés en détention préventive, de mai 2000 à février 2001.
"Nous avons vécu 10 années d'horreur, je suis très heureux de ce résultat. Nous avons besoin de nous reconstruire. Nous vous demandons, mes enfants et moi, de nous laisser en paix", a-t-il réclamé dimanche dans une déclaration à la presse, qui a duré environ 30 secondes.
Le parquet général ne formera pas de pourvoi en cassation après l'acquittement de Jacques Viguier par la cour d'assises du Tarn, a indiqué dimanche à l'AFP le procureur général auprès de la Cour d'appel de Toulouse, Patrice Davost.
"Je n'envisage pas de pourvoi, la vérité judiciaire a été dite, tout a été exprimé, exposé. Les jurés ont déclaré l'intéressé non coupable après un deuxième procès, il n"y a pas de matière pour former un pourvoi en cassation", a déclaré le procureur général.
"L'affaire Viguier est définitivement classée", a-t-il précisé.
M. Viguier a été acquitté samedi par la cour d'assises du Tarn, après l'avoir été une première fois en avril 2009 à Toulouse par les assises de la Haute-Garonne, du meurtre de sa femme Suzanne, disparue depuis le 27 février 2000 et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
M. Viguier, 52 ans, vêtu d'un jean, d'un blouson de cuir sur un polo et chaussé de tennis, s'est assis dans le bureau de son avocat devant une trentaine de journalistes, tendu, et a parlé vite, comme un automate, avant de se lever et de repartir sans répondre aux questions, avec les amis qui l'avaient accompagné. "Il est épuisé, fatigué, il faut qu'il retrouve le calme", a expliqué aux journalistes Jacques Levy, après l'intervention de son client.
Tout au long du procès en appel à Albi, l'universitaire a essayé d'éviter les caméras. Samedi, après le verdict, il s'est éclipsé du palais de justice par une porte dérobée pour éviter les dizaines de journalistes qui voulaient immortaliser sa sortie.
Plus tôt dans la matinée, il avait dit lors d'un entretien exclusif à RTL qu'il était "évident" qu'il allait demander réparation pour le préjudice subi: "Une petite réparation matérielle me paraît normale". "J'ai retrouvé ma liberté, ma dignité", a déclaré par ailleurs Jacques Viguier.
Sur l'éventualité, peu probable, d'un recours en cassation du ministère public pour vice de forme, il a reconnu: "On redoute toujours qu'un recours soit fait", et "je ne serai libéré dans ma tête que dans quelques mois".
Le professeur a ajouté qu'il ne serait totalement libéré que "quand on saura ce qu'est devenue Susi", sa femme.
"C'est l'amour qui a existé avec mes trois enfants qui m'a permis de vivre, de survivre, pendant ces dix ans", a encore dit sur RTL Jacques Viguier, qui n'a jamais cessé d'enseigner à la faculté de droit, sauf pendant sa détention préventive.
Samedi soir, un cousin, Stéphane Viguier, a reçu la famille, amis et collègues de Jacques Viguier pour fêter le verdict.
Serge Regourd, professeur de droit et ami intime, était là et a confié que "la joie se lisait plus sur le visage des proches de Jacques que sur le sien. Il est content, soulagé, mais il n'arrive pas à l'exprimer".
Maître Levy est revenu sur le verdict : "Il n'est pas acquitté au bénéfice du doute, ni grâce à ses enfants. Il est acquitté car il est innocent", a-t-il insisté.
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