Émeutes meurtrières en Nouvelle-Calédonie : l’état d’urgence est déclaré… que signifie cette décision exceptionnelle pour les habitants ?
Depuis le mercredi 15 mai, la Nouvelle-Calédonie est en état d’urgence en raison des émeutes attribuées aux indépendantistes issus de la communauté native Kanak.
Ce mercredi 15 mai, Emmanuel Macron a décrété l’instauration de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en réponse aux émeutes durant lesquelles trois civils et un gendarme ont trouvé la mort, indique l’Elysée dans un communiqué. Depuis lundi 13 mai, l’archipel s’est embrasé à cause d’un projet de réforme constitutionnelle visant à ouvrir le vote aux élections provinciales à tous les citoyens y résidant depuis au moins 10 ans.
La réforme a été adoptée par les députés dans la nuit de mardi à mercredi au grand damne des indépendantistes issus de la communauté native Kanak. "Le peuple originel a été rendu minoritaire par une politique de peuplement qui n’avait pas d’autre but, justement, que de nous rendre minoritaires. Ouvrir le corps électoral, c’est faire perdurer cette injustice", a déclaré le porte-parole du Parti de libération kanak Jean-Pierre Djaïwé ce lundi au congrès calédonien.
Rassemblements interdits
À l’issue d’un conseil de défense et de sécurité, Emmanuel Macron a décrété ce mercredi 15 mai l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Votée durant la guerre d’Algérie, la loi française du 3 avril 1955 autorise son instauration "sur tout ou partie du territoire métropolitain […] en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public [ou] d’événements présentant le caractère de calamité publique."
Sous l’état d’urgence, la juridiction militaire peut temporairement être autorisée à se saisir des crimes qui leur sont connexes. Par ailleurs, peuvent être interdits les rassemblements ou la circulation des personnes sur la voie publique. La fermeture provisoire des lieux (salles de spectacles, débits de boissons, lieux de culte) "au sein desquels sont tenus des propos constituant une provocation à la haine, la violence ou la commission d’actes de terrorisme" peut être également imposée, de même que la confiscation "d’armes et munitions acquises légalement".
"Toutes les violences sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre républicain", a déclaré la présidence à l’issue du conseil de défense et de sécurité nationale, rappelant par ailleurs "la nécessité d’une reprise du dialogue politique" selon un rapport de l’AFP. La veille de la déclaration de l’état d’urgence, les effectifs en place de gendarmes (1 000) et de policiers (700) dans l’archipel avaient déjà été renforcés par l’envoi d’escadrons de gendarmes mobiles, de spécialistes du GIGN et du RAID (environ 400 personnels de plus), relève Le Monde.
Un accord possible ?
Mardi, le sénateur loyaliste (c’est-à-dire anti-indépendantiste) Georges Naturel et le député Renaissance Nicolas Metzdorf à l’origine de la réforme constitutionnelle avaient demandé à Emmanuel Macron dans une lettre partagée sur le réseau social X de déclarer l’état d’urgence. Les deux hommes politiques y affirmaient que l’archipel se trouvait "à l’aube d’une nuit de tous les dangers". La présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie et figure du mouvement anti-indépendantiste Sonia Backès s’était également prononcée pour, rapporte Libération.
Le haut-commissaire de la République a émis pour sa part de franches réserves à l’égard du bien-fondé de l’état d’urgence, arguant que la meilleure solution était encore d’enjoindre les acteurs politiques – dont les partis indépendantistes – à appeler la population au calme d’après Le Monde. À ce titre, plusieurs organisations ont affirmé dans un communiqué qu’un accord était possible, parmi lesquelles l’Union nationale pour l’indépendance et la formation du président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou.
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