Toulouse : près de 1 500 personnes ont été placées au centre de rétention administrative, un chiffre en augmentation selon le dernier rapport de la Cimade

  • Des personnes en rétention administrative au centre de Cornebarrieu, près de Toulouse.
    Des personnes en rétention administrative au centre de Cornebarrieu, près de Toulouse. DDM - DDM-MICHEL VIALA
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l'essentiel En 2023, 1 479 personnes ont été placées au centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu, constate la Cimade dans son dernier rapport, qui note une année "marquée par une forte hausse du nombre de placements".

Des femmes enfermées alors que leurs enfants se trouvent sur le territoire français, un homme hospitalisé en psychiatrie "pour péril imminent", des jeunes femmes iraniennes en rétention alors qu’elles avaient fui leur pays après l’assassinat par la police de Mahsa Amini pour non-port du voile, les situations les plus insolites côtoient le tout-venant au centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu, près de Toulouse.

La majeure partie reste 48 heures maximum

Ce sont quelques exemples tirés du dernier rapport sur les centres de rétention en France de la Cimade, association de solidarité active et de soutien politique aux migrants, réfugiés, demandeurs d’asile et aux étrangers en situation irrégulière. Concernant le CRA de Cornebarrieu, la Cimade note pour 2023 "un très grand nombre de placements limitant l’accès des personnes enfermées à leurs droits". Près de 1 500 personnes, majoritairement d’origine algérienne (40,5 % des retenus), ont fait un séjour plus ou moins long en rétention.

Au CRA, une "hygiène déplorable"

La majeure partie, soit 485 personnes, ne reste que 48 heures, mais 257 personnes (18,7 %) ont été retenues entre 46 et 60 jours, 61 personnes de 61 à 75 jours et seulement cinq personnes ont fait des séjours de 75 à 90 jours au CRA de Cornebarrieu. Un délai de rétention en augmentation qui pose de nombreux problèmes, estime le coordinateur de l’équipe de juristes de la Cimade Léo Claus. "Avant, les gens restaient maximum 45 jours, mais maintenant cela va de plus en plus jusqu’à 90 jours de rétention, dans des locaux qui ne sont pas faits pour de longs séjours, c’est extrêmement dégradé, insalubre", explique-t-il.

"La hausse du nombre de personnes accroît la promiscuité"

"L’hygiène des secteurs et des chambres est déplorable, décrit la Cimade. Les personnels du service de nettoyage ne disposent pas de suffisamment de temps pour les nettoyer. La société en charge du marché a été écartée et une nouvelle société a pris le relais à la fin de l’année 2023".

La place des familles en rétention ? "Au mois d’avril 2023, constate la Cimade, le CRA a été restructuré avec le secteur dédié aux familles désormais utilisé pour placer des femmes et la zone antérieurement réservée aux femmes transformée en zone hommes, augmentant le nombre de placements en rétention pour enfermer jusqu’à 126 personnes, soit la capacité maximum du CRA. L’augmentation du nombre de personnes enfermées accroît la promiscuité, les problèmes de sommeil et le stress chronique. Cela a aussi généré de fortes tensions et des atteintes aux droits des personnes".

Léo Claus estime que ces tensions sont liées aux parcours de personnes désœuvrées, "c’est pour cela qu’il y a des problèmes de racket, de violences, de vols et des bagarres".

"Un usage excessif de l’isolement disciplinaire"

L’isolement n’est pas fait pour arranger les choses. "Nous constatons, indique la Cimade, un usage excessif de l’isolement disciplinaire pour des problèmes de troubles à l’ordre public, mais aussi pour isoler des personnes en souffrance psychique qui menaceraient d’attenter à leur intégrité physique. À plusieurs reprises les personnes enfermées se sont plaintes d’insultes proférées à leur égard par les agents de police et d’absence de prise en considération de leurs droits".

Pour Léo Claus, l’augmentation des personnes en rétention est "le résultat du tout sécuritaire. Pendant la guerre en Syrie, on plaçait des Syriens en rétention, des Iraniennes qui fuyaient leur pays, c’est aussi le cas de nombreux pays d’Afrique à risques. Les préfectures n’hésitent plus à reconduire les personnes, alors que leurs recours suspensifs ne sont pas encore examinés par les magistrats".

Interpellation de femmes victimes de violences

Les femmes victimes de violences ne sont pas épargnées par la procédure de rétention administrative. La Cimade évoque plusieurs cas dans son rapport : "une femme qui avait porté plainte pour agression sexuelle a été interpellée et placée au CRA (Cornebarrieu), sans que sa situation ne soit prise en compte. En état de choc, elle a passé deux jours au CRA puis a été libérée par le JLD (juge des libertés et de la détention). Nous constatons régulièrement que les femmes étrangères, lorsqu’elles sont victimes de violences, se retrouvent enfermées alors qu’elles ont demandé une protection et qu’elles devraient être entendues sous le statut de victimes. Ces pratiques extrêmement préoccupantes entrent en totale contradiction avec la prétendue politique nationale de lutte contre les violences conjugales".

Par ailleurs, signale la Cimade, "de nombreuses femmes ont été enfermées alors que leurs enfants se trouvaient sur le territoire français. Parmi elles, plusieurs ont été ainsi séparées de leurs enfants mineurs, alors qu’il n’y avait aucun autre représentant légal des enfants sur le territoire. Pour d’autres, les enfants étaient placés dans des familles d’accueil ; elles conservaient l’autorité parentale et, en amont de leur enfermement, un droit de visite régulier".

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Les commentaires (5)
Macool Il y a 12 jours Le 16/05/2024 à 08:29

Expulsion massive... fermeture des frontières... et surtout sortir de cette berezina d'Europe...

DollarUS Il y a 13 jours Le 15/05/2024 à 17:18

Arrêtons de subventionner SOS Méditerranée et nous aurons moins d'immigrants. Arrêtons de subventionner la Cimade qui provoque des distensions avec les Policiers, les Agents de Sécurité Incendie, les Infirmiers. Contactez les et vous apprendrez qu'il y a beaucoup de casse de portes, de crachats, de maladies que l'on n'avait plus vues, ceux qui se cisaillent les veines, etc...

Max45000 Il y a 13 jours Le 15/05/2024 à 10:45

Qu'il les expulse du territoire français ralebol des migrant