"Il faut faire bassine arrière"… des milliers de manifestants réunit contre le projet de mégabassines dans le Puy-de-Dôme
Des milliers de personnes manifestent ce samedi 11 mai contre la construction de deux bassines de retenues d’eau dans le Puy-de-Dôme.
Pour défendre l’eau comme un "bien commun", un cortège de 4 000 personnes selon la préfecture, 6 500 selon les organisateurs, s’est réuni pour une grande "randonnée pédagogique, festive et artistique" dans le Puy-de-Dôme.
La manifestation s’est élancée en milieu de matinée dans une ambiance bon enfant pour dénoncer les projets de construction de deux réserves d’eau, l’une de 14 hectares, l’autre de 18 hectares, destinées à irriguer 800 hectares dans la plaine de la Limagne, où est implanté Limagrain, le 4e semencier mondial.
Les autorités ont déployé 400 éléments assistés d’un hélicoptère, mesures de sécurité renforcées en raison du caractère "sensible" de cette randonnée dans les champs après les violents affrontements survenus lors de la mobilisation de Sainte-Soline (Deux Sèvres) l’an dernier.
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"Mort aux bâches"
Habits bleus, perruques bleues pour "symboliser l’eau" à la demande des organisateurs, les slogans des participants demandent l’arrêt de ce projet de mégabassines : "Il faut faire bassine arrière", "Mort aux bâches" ou encore "Et l’eau, elle est à qui ? À nous".
Au son des tambours, la foule forme une chaîne humaine pour matérialiser le tracé d’une des deux retenues prévues, visant selon le collectif à "privatiser plus de 2,3 millions de mètres cubes d’eau pour 36 exploitations, la plupart liées à Limagrain".
Certains participants ont apporté des pousses de hêtres et des chênes à planter, d’autres distribuent des noix et des noisettes pour être semées. L’objectif étant de faire le tour du site et "redonner cet aspect un peu bocager que pouvait avoir le paysage autrefois", assure Ludovic Landais, membre de la Confédération Paysanne 63.
Le collectif BNM (Bassines Non Merci) dénonce des "gigabassines" qui "se rempliront directement par pompage" dans l’Allier, "une zone classée Natura 2000 qui supporte localement l’alimentation en eau potable de plus de 200.000 habitants". "Dans ce pays, les agro-industriels, les gens qui font de l’argent, sont beaucoup plus entendus, […] c’est Robin des bois à l’envers", s’indigne auprès de l’AFP la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier, présente parmi les manifestants.
Au nom de la "sécurité alimentaire"
De son côté, le semencier Limagrain explique qu'"il est essentiel que les agriculteurs puissent continuer à produire des cultures de qualité en quantité suffisante" et donc "irriguer lorsque cela est nécessaire", au nom de la "sécurité alimentaire" en période de changement climatique.
Ces projets de mégabassines, portés par l’Association Syndicale Libre des Turlurons, qui regroupe 36 agriculteurs dont le président de la coopérative Limagrain, n’ont pas encore fait l’objet de demande formelle d’autorisation, et leurs opposants espèrent obtenir un moratoire. Les antibassines accusent Limagrain de vouloir "sécuriser sa production de maïs semence destinée à l’exportation".
Selon la coopérative agricole, les retenues seraient remplies par prélèvements dans l’Allier entre le 1er novembre et le 31 mars, en respectant le débit autorisé de 45,7 mètres cubes seconde.
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