Scandale Orpea : l'hémorragie des cadres stoppée à Toulouse, la direction tente de redorer l'image des ses maisons de retraite
Secoué par de graves dissensions internes à Toulouse, Emeis (ex-Orpea) a renouvelé ses cadres. Ils ont pour mission de relancer la machine et de stabiliser les effectifs.
Dans une salle de l’unité Alzheimer aux couleurs pastel, une aide-soignante du Domaine de Borderouge redouble d’efforts pour activer la mémoire des résidents de cette maison de retraite gérée par Emeis (ex-Orpea). L’un d’eux bredouille quelques réponses sous le regard figé des autres pensionnaires. On est très loin du tumulte qui a agité l’Ehpad l’été dernier.
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La responsable de l’établissement, avait été licenciée à cause de supposées maltraitances sur les salariés. Fait inédit : son éviction avait suscité un tollé. Une large partie du personnel avait manifesté son soutien à la cadre. Dans la foulée, les autres membres de la direction avaient démissionné (voir encadré). Au siège social à Puteaux, à en croire une source interne, "l’affaire Borderouge", a largement irrité le nouveau board du groupe nommé après la parution du livre "Les fossoyeurs" de Victor Castanet (1).
"Il y a beaucoup trop de turn-over !"
Le conseil d’administration a fait place nette. À l’origine du licenciement de la patronne du Domaine de Borderouge, la directrice régionale du holding a rendu son tablier sans indemnité (voir interview).
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Après des mois de flottement, l’organigramme occitan du groupe est à présent reconstitué avec Yannis Rodriguez à sa tête. Ce dernier essaie de redorer l’image d’Emeis, en particulier auprès des familles des pensionnaires. Malgré le « papi boom », le Domaine de Borderouge plafonne à 80 % de taux d'occupation. "Nous essayons au maximum de renforcer notre proximité avec les familles de nos résidents. Nous avons déplacé le bureau de la directrice à la place du salon de réception. Cela facilite grandement le contact avec les résidents, leurs proches et les salariés", assure le cadre.
Site impeccable
En termes d’infrastructures, le site est impeccable. Les personnes âgées ont également accès à des séances de balnéothérapie dans un environnement hautement sécurisé. Yannis Rodriguez poursuit également le programme de rénovation des chambres et de la réfection de la cuisine. C’est plus problématique en ce qui concerne les ressources humaines, dans une branche d’activité constamment en tension soumise à des conditions de travail exigeantes, le taux de rotation du personnel est élevé.
Les familles des résidents s’en plaignent. Comme Fabienne Rieux dont la mère impotente et atteinte d’une maladie neurodégénérative réside depuis quatre ans au Domaine de Borderouge : "La prise en charge n’est pas au niveau vu le montant de la prise en charge (3 980 euros mensuels). Il y a trop de turn-over ! Beaucoup sont volontaires mais manquent souvent d’expérience. Comme il n’y a pas de continuité, c’est difficile de nouer des liens de confiance. Je garde en mémoire, une scène qui m’a fait particulièrement mal au cœur : maman n’arrive plus à manger avec une fourchette. Elle avait la bouche enfoncée dans son bol pour tenter de le finir. Il a fallu que j’intervienne pour que l’encadrante l’aide à manger avec une cuillère."
Rendez-vous aux prud'hommes
Le 19 juillet 2023, la directrice de l’Ehpad du Domaine de Borderouge à Toulouse a été licenciée pour faute grave. Elle faisait l’objet de soupçons de la part de sa hiérarchie concernant des mauvais traitements envers le personnel et des erreurs administratives. Le dossier est actuellement entre les mains des conseillers prud’homaux. Me Renaud Fréchin, son avocat affiche sa confiance quant à l’issue de la procédure qu’il a lancée pour "licenciement abusif" : "Le 8 octobre se tiendra une prochaine audience où sera fixée la date du jugement. Elle interviendra sans doute début 2025. Il est remarquable que ma cliente ait bénéficié d’un soutien ouvert et massif de la part de ses collaborateurs. C’est extrêmement rare en pareil cas. Nous avons 14 attestations écrites qui louent ses qualités de management. J’espère que cela permettra d’éclairer les juges sur ce dossier."
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