Géorgie : immenses manifestations, loi contestée, violences… que se passe-t-il dans ce pays déchiré entre l’Europe et la Russie ?
D’importantes manifestations ont lieu en Géorgie depuis plusieurs jours contre un projet de loi en partie contesté par la population. L’Union européenne condamne la réponse musclée de la police. On vous explique cette mobilisation.
Il s’agit d’un projet de loi sur "l’influence étrangère". Il s’inspire d’une législation russe utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes. Elle exigerait que toute ONG ou organisation médiatique qui reçoit plus de 20 % de financement de l’étranger s’enregistre auprès de l’État comme "une organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère". Le texte a été adopté mercredi en deuxième lecture par le Parlement géorgien par 83 voix pour et 23 contre.
Pourquoi est-il contesté par la population ?
Les manifestants estiment que le projet de loi constitue une entrave aux aspirations de la Géorgie à rejoindre l’Union européenne. Le projet de loi est soutenu par le parti au pouvoir appelé Le Rêve géorgien, qui est en conflit avec la présidente de la République de Géorgie Salomé Zourabichvili. Élue en 2018, elle est devenue farouchement opposée aux Russes après l’invasion de l’Ukraine et défend une entrée de la Géorgie dans l’Union européenne. L’UE a accordé le statut de candidat officiel à la Géorgie en décembre 2023 sous réserve de lancer les réformes nécessaires.
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Les manifestations sont-elles importantes ?
Les premières mobilisations datent du 9 avril. Elles sont organisées à Tbilissi, la capitale, mais aussi à Batoumi, la deuxième ville de Géorgie, et à Koutaïssi, la principale ville de la région occidentale d’Imereti. Mercredi soir, plusieurs dizaines de milliers d’opposants se sont réunies devant le Parlement, en présence de drapeaux européens, et au son de "L’Ode à la joie", l’hymne européen. La veille, la police avait utilisé des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants. La soirée s’est poursuivie dans le calme.
Huge crowds already in #Tbilisi tonight !!! \ud83c\uddec\ud83c\uddea\u270a\ud83c\udffb pic.twitter.com/mJglVEHPiL
— Lana Chologauri \ud83c\uddec\ud83c\uddea (@LanaChologauri) May 1, 2024
people put up barricades and hung \ud83c\uddec\ud83c\uddea \ud83c\uddea\ud83c\uddfa \ud83c\uddfa\ud83c\udde6 flags on top #tbilisi #georgia pic.twitter.com/gIUkGXRZFh
— Tornike Mandaria (@Tokmando) May 1, 2024
Le projet de loi sera-t-il vraiment adopté ?
Les premières manifestations avaient conduit le gouvernement à abandonner la première version du texte. Le projet de loi a finalement été soumis au vote des députés en deuxième lecture. Le texte doit passer par une troisième lecture au Parlement. La présidente Salomé Zourabichvili devrait y mettre son veto mais le Rêve géorgien dispose cependant d’assez de voix pour pouvoir passer outre.
Comment le parti au pouvoir défend le texte ?
La formation politique estime que le texte obligera les ONG et entreprises à faire preuve de davantage de "transparence" sur leurs financements.
Quelles sont les réactions diplomatiques ?
L’Union européenne a condamné la violence de la police géorgienne envers les manifestants. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a fait part de sa "vive inquiétude". Pour les États-Unis, "cette loi et la rhétorique anti-occidentale du Rêve géorgien placent la Géorgie sur une trajectoire précaire". Le ministère français des Affaires étrangères dit suivre la situation "avec préoccupation" et déplore "les violences contre les manifestants".
I am following the situation in Georgia with great concern and condemn the violence on the streets of Tbilisi.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 1, 2024
The Georgian people want a European future for their country.
Georgia is at a crossroads. It should stay the course on the road to Europe.
Ces incidents surviennent à quelques mois des prochaines élections législatives d’octobre 2024. Ils représentent un test important pour la démocratie dans cette ex-république soviétique habituée aux crises politiques et qui souhaite intégrer l’Union européenne pour assurer son avenir.
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