ENTRETIEN. "L’idée est de livrer le premier train d’ici la fin de l’année", assure Alain Picard, après plusieurs problèmes techniques

  • Le premier train composé de dix rames "Oxygène" doit être livré à la SNCF d’ici la fin de l’année.
    Le premier train composé de dix rames "Oxygène" doit être livré à la SNCF d’ici la fin de l’année. CAF France
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l'essentiel Initialement prévue pour avril 2026, la livraison des 28 trains "Oxygène" à la SNCF pour moderniser la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse vient d’être reportée à décembre 2027. CAF France, le constructeur du train est confronté à des problèmes de freins et de moteurs.

Depuis 2018, l’État et la SNCF se sont engagés dans la régénération et la modernisation de la ligne ferroviaire Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, autrement appelée POLT. L’investissement de 2,5 milliards d’euros doit permettre d’améliorer les temps de parcours, la régularité des trains et le confort des voyageurs. Cela passera par une augmentation des fréquences de 10 à 11 trajets quotidiens dont 5 jusqu’à Cahors, et 3 jusqu’à Toulouse. Cela passera aussi par le remplacement des trains Corail actuels par de nouveaux, plus rapides.

Au total, 28 trains "Oxygène" composés de dix voitures ont été commandés à CAF France.* Son usine de Bagnères-de-Bigorre, dédiée à la construction de tramways, n’est pas concernée par ce projet. Les 7 premiers trains seront construits à Beasàin en Espagne, les 21 restants à Reichshoffen en Alsace. Mais tout ne se passe pas comme prévu. La livraison de la totalité de la flotte initialement prévue pour avril 2026 vient en effet d’être repoussée à décembre 2027. Alain Picard, le directeur général de CAF France et Nicolas Guinault, le responsable technique du projet Oxygène, reviennent sur les raisons de ce décalage.

Alain Picard, le directeur général de CAF France.
Alain Picard, le directeur général de CAF France. CAF France - Dahmane

DDM : Depuis la signature du contrat en décembre 2019, la fabrication de ce nouveau train a bien avancé malgré un contexte difficile…

Alain Picard : Il faut tout d’abord rappeler que nous sommes partis d’une feuille blanche et que ce train est vraiment d’une très grande qualité. Il pourra accueillir 420 passagers dont 103 en première classe. Le confort intérieur a été particulièrement soigné, des efforts notables ont aussi été apportés sur l’acoustique et l’accessibilité. Il y a des espaces bagages, des prises de courant, un service de restauration… Et côté performance, ce train affichera une vitesse de 200 km/h. En général, le développement de trains de ce type prend entre cinq et sept ans.

Ceci étant dit, un certain nombre de problèmes sont en effet survenus : la crise sanitaire, des difficultés d’approvisionnements, etc. En Espagne, entre mars et décembre 2020, 30 % du temps a vu des confinements totaux ou partiels, et donc le lancement du projet a été excessivement difficile. Les bureaux d’études étaient à l’arrêt, on avait du mal à se coordonner avec les fournisseurs, il y avait un problème de ressource, puis la guerre en Ukraine est arrivée. Là, on a rencontré des difficultés de travail avec les fournisseurs et d’approvisionnement sur les matières premières et les composants. Au final, en décembre 2023, nous prévoyions un décalage de huit mois sur la livraison des 28 trains par rapport au planning initial, en décembre 2026 au lieu d’avril.

Des problèmes techniques sur les freins et les moteurs ont été détectés en février dernier.
Des problèmes techniques sur les freins et les moteurs ont été détectés en février dernier. CAF France

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DDM : Et puis, il y a deux mois, lors de la phase de mise au point du train, vous avez rencontré des problèmes techniques. De quelle nature ?

Alain Picard : En février dernier, alors que nous faisions les essais, deux difficultés techniques sur les freins et les moteurs sont en effet apparus. Nous avons donc arrêté les essais. Les problèmes ont été identifiés. Celui sur les freins, une usure prématurée des plaquettes de frein, est en passe d’être résolu. Celui sur les moteurs nécessite en revanche une analyse du fournisseur Melco, une filiale de Mitsubishi.

Nicolas Guinault : On a constaté des dérives de certains paramètres sur deux des huit moteurs que comporte le train. Ces moteurs vont donc être envoyés au Japon pour être expertisés. Pour l’instant, la dérive de ces paramètres n’a pas été identifiée. On pense néanmoins qu’il s’agit d’une petite alerte et que les conséquences sur la suite des événements seront limitées.

DDM : Quel est le nouveau calendrier des livraisons ?

Alain Picard : L’idée est de livrer le premier train d’ici la fin de l’année. Il permettra à la SNCF et aux conducteurs de le prendre en main. Nous en livrerons plusieurs autres l’an prochain, et en décembre 2026, nous devrions avoir remis un peu moins de la moitié des 28 trains. Le reste sera livré dans le courant de l’année 2027. C’est une situation que nous regrettons évidemment fortement.

DDM : Comment réagit la SNCF par rapport à ce retard ?

Alain Picard : De fait, la SNCF ne peut pas bien réagir puisqu’elle en subit les conséquences mais aujourd’hui les relations sont tournées vers la résolution des problèmes techniques.

A lire aussi : La Bouriane mobilisée pour la défense de la ligne POLT

*CAF France est une filiale du constructeur ferroviaire espagnol Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles. Elle est présente à Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées et à Reichshoffen en Alsace.
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Les commentaires (1)
Boeing707 Il y a 16 jours Le 29/04/2024 à 08:22

Et dire que notre cher prédident a fait en sorte de miner Air France. Au nom de quoi? Faire plaisir aux écolos.