Ours des Pyrénées : face au prédateur, les élus ariégeois souhaitent "construire plutôt que subir"
Le Parlement Avenir Montagne se réunissait, ce mardi 19 mars au soir, pour évoquer les solutions législatives en s’appuyant sur le cas italien.
La presse française s’est largement faite écho de ces attaques d’ours successives en quelques jours dans un pays pourtant habitué à sa présence : la Slovaquie. Série d’attaques y compris jusqu’en zone résidentielle qui a provoqué la mort d’une randonneuse et fait cinq blessés, conduisant les autorités à déclarer l’état d’urgence. Un drame qui fait écho à celui survenu voici près d’un an, en Italie, où Andrea Papi était tuée par une ourse sur une piste forestière, à 300 m de son village dans le Trentin. Région du nord de l’Italie où s’est précisément rendue une délégation ariégeoise du 5 au 8 mars dernier.
Une série de drames suffisamment alarmants pour les responsables ariégeois qui ont souhaité s’exprimer en amont de l’assemblée générale du parlement de la montagne, PAM 09, hier au soir dans l’amphithéâtre du CFPPA à Saint-Girons. La présidente du Département, Christine Téqui, le président de la Chambre de l’agriculture de l’Ariège, Philippe Lacube et le président de la Fédération pastorale de l’Ariège, Alain Servat accompagnés d’Alain Naudy, conseiller départemental du pays de Haute-Ariège, ont précisé les enseignements de ce « voyage technique » qui devaient être présentés devant le Parlement Avenir Montagne en suivant.
« Une solution législative » possible ?
En l’occurrence, c’est surtout la présidente qui s’exprimera pour rappeler la similitude des situations vécues des deux côtés de la frontière « un territoire comparable à qui on a fait les mêmes promesses lors de la réintroduction et qui connaît aujourd’hui une concentration d’ours – une centaine –, le décès d’une joggeuse agressée par une ourse sur un sentier, la victime qui devient accusée – en référence à l’épisode du chasseur traîné en justice (voici deux ans) –, au motif qu’elle n’aurait jamais dû être là ». Et, la présidente de revenir sur ces « miroirs » que renvoient tous ces cas où la réintroduction se passe mal « en Roumanie, en Slovaquie, en Italie ».
Mais, depuis, le Trentin qui est une province autonome a trouvé « une solution législative ». Cette dernière a, en effet, pu contourner légalement la directive Habitat de l’Union Européenne sur les espèces protégées pour mettre en place une « régulation raisonnée établie sur des critères comme la capacité de survie de l’espèce, la dangerosité de l’animal et est autorisée à ponctionner jusqu’à 8 ours par an ».
Alors, tous autour de la table de s’insurger : « Pourquoi ce qui est possible en Italie ne l’est pas en France ? » « L’Etat est dans le déni et se cache derrière l’Europe », dénonce encore la présidente. « On ne peut rien faire en France, même les procédures d’effarouchement sont retoquées. La France applique les directives européennes avec excès. Il faut faire évoluer la loi. On ne peut rester attentiste jusqu’à ce que survienne un problème », renchérit Alain Servat.
« Deux pays d’Europe, deux situations différentes »
La cause devait être entendue lors de l’assemblée du PAM 09 où assistaient de nombreux maires de communes de montagne. Invités, ni le préfet de l’Ariège, ni le préfet Ours, qui y ont leur siège, n’ont fait le déplacement. Les actes de cette assemblée seront portés à leur connaissance et monteront jusqu’au Premier ministre avec cette question lancinante : « Deux pays d’Europe, deux situations différentes. Pourquoi en France ne peut-on pas proposer une loi ni même discuter des solutions ? », s’émeut la présidente, dans l’objectif d’ouvrir la voie à une solution législative en ayant recours aux parlementaires si nécessaire.
Avec cet espoir de rendre plus fluide les procédures d’effarouchement et surtout d’appliquer une « régulation raisonnée avec un ciblage sur les ours dits atypiques », détaille Philippe Lacube, en particulier ceux aux comportements dangereux ou qui se rapprochent trop des habitations. « Il s’agit de ne pas venir réagir dans l’émotion derrière un corbillard », conclut Christine Téqui à l’adresse du président de la République.
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