REPORTAGE. Grève des enseignants : "AOC mauvais cru"... dans les rues de Toulouse, Amélie Oudéa-Castéra mobilise malgré elle
Dans les rangs fournis de la mobilisation des enseignants toulousains ce jeudi, le nom de la ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, est régulièrement revenu. En des termes peu élogieux...
Difficile de trouver une pancarte qui ne raille pas son nom. "Castéra Casse toi !", "Oudéa-Castéra médaille d'or du mépris", ou encore "AOC mauvais cru", pouvait-on lire ce jeudi dans les rangs de la manifestation des enseignants toulousains.
Plusieurs milliers d'entre eux – 1 300 selon la préfecture, 4 000 selon les syndicats – ont battu le pavé de la Ville rose ce jeudi, de la place Arnaud Bernard jusqu'aux allées Jean Jaurès. Déjà échaudés par "des années de laxisme gouvernemental", les déclarations de la ministre n'ont fait que catalyser la colère des professeurs.
"Sa nomination à ce 'maxi-ministère' était déjà une blague, mais ses sorties sur le public et le privé ont relevé du mépris pur et simple", lance Chloé, professeure d'anglais dans un lycée de la ville.
Pour rappel, la ministre est prise dans la tempête depuis qu'elle a justifié l'inscription de ses enfants à l'établissement privé élitiste Stanislas par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public. Affirmations démenties par la suite par l'ex-enseignante de son fils en maternelle.
"Elle a menti face aux caméras"
"Qu'elle scolarise ses enfants dans le privé n'est même pas grave en soi", considère un enseignant, pancarte à la main, qui souhaite rester anonyme. "Ce qui est dingue, c'est qu'elle a menti face aux caméras, en dénigrant le public. Ça, c'était la goutte d'eau".
Béret sur la tête, ceint de son écharpe tricolore, le député Insoumis de la 7e circonscription de Haute-Garonne, Christophe Bex, ne dit pas autre chose. "J'ai rarement vu une ministre mobiliser autant contre elle", glisse l'élu toulousain. "On aurait fait le meilleur des tracts syndicaux qu'il n'aurait pas autant fonctionné !". Le député, dans le cortège, regrette que la ministre ait "rouvert des plaies qui ne s'étaient jamais vraiment refermées". Il appelle Amélie Oudéa-Castéra à démissionner, mais estime toutefois que son départ "ne changerait probablement rien au gouvernement".
Lucie*, assistante d'éducation de 26 ans, qui défile en tête de cortège, est du même avis. "Honnêtement je n'appelle même pas à sa démission puisqu'on sait très bien qu'elle restera !", s'insurge la jeune femme. "Macron a bien conservé Darmanin ou Dupond-Moretti, qui étaient mis en examen ! Je ne vois pas pourquoi il la virerait elle."
"Vaste fumisterie"
De leur côté, les syndicats dénoncent "le mépris" et "la déconnexion" de la ministre. "Les raisons de la colère sont nombreuses et ne datent pas d'Amélie Oudéa-Castéra", affirme Marie-Cécile Perillat, co-secrétaire générale du SNES-FSU 31. "Mais il est clair que son dénigrement évident de l'école publique a beaucoup énervé dans le monde enseignant. Ce qu'elle a raconté sur Stanislas est une vaste fumisterie et relève du mensonge, et ça, je crois que c'était la goutte d'eau."
Outre la polémique "AOC", ce sont surtout les réformes annoncées par Gabriel Attal qui font bondir les enseignants. "Les groupes de niveau (qui doivent être mis en place au collège en français et maths à la rentrée, NDLR), c'est une aberration", proteste Stéphane*, enseignant dans un collège de la banlieue toulousaine. "Sur le papier, pourquoi pas, mais avec des classes de plus de 30 élèves, c'est juste impossible !"
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