"Personne n’a envie de voir un usager perdre un orteil": à Mirande, Ludina fermé trois ans par sécurité
Le complexe aqualudique de l'Astarac est à bout de souffle. Les multiples malfaçons entraînent des pertes d’eau colossales, et menacent la sécurité des baigneurs. Un nouveau site sera bâti... mais dans trois ans. Explications.
Mardi dernier, les conseillers de la communauté de communes Cœur d’Astarac en Gascogne ont fait face à une douloureuse décision : la fermeture de Ludina. Et à l’unanimité, ils ont voté la réhabilitation du site, pour laisser place à un nouvel équipement. Conséquence directe de ce vote, Ludina n’ouvrira pas pendant au moins trois ans.
« La question de Ludina se déroule en plusieurs phases, raconte le maire de Mirande, et président de Cœur d’Astarac en Gascogne, Patrick Fanton. En 2005, à l’ouverture, des pertes d’eau excessives apparaissent très rapidement. » Les responsables de l’époque prennent le problème à bras-le-corps en 2008, et entament un procès en 2011. La 1re expertise dédouane le constructeur. Une 2e expertise est demandée. En 2023, mauvaise surprise pour la collectivité. Une erreur de procédure la déboute avant même l’examen du fond de l’affaire. Il faut recommencer une procédure. « Pendant ce temps, les dégâts se sont confirmés, reconnaît Patrick Fanton. Mais tout s’est accéléré depuis la dernière saison. »
Baignades à risques
Depuis septembre, les 800 m2 de bassins se sont vidés de moitié, malgré les pluies. Les fissures réparées sont réapparues, d’autres sont venues fragiliser l’ensemble des bassins, à l’exception de la pataugeoire. « Cet été, il fallait ajouter 60 m3 d’eau chaque jour ! Ça équivaut à 42 l à la minute. Et toute cette eau, traitée, partait dans la nature… »
Même si ces pertes d’eau représentent des sommes non négligeables et une pollution certaine, ce n’est pourtant le 1er motif d’alarme des élus de la communauté de communes, mais la sécurité des usagers. Est-ce l’infiltration d’eau qui a raviné le sous-sol, la sécheresse ou des mouvements de terrain ? Toujours est-il que les dalles de béton des plages autour des bassins bougent. Par endroits, on observe des écarts de niveau de plus de 2 cm. « Imaginez un enfant qui court sur ces dalles, s’inquiète Patrick Fanton. Personne n’a envie de voir un usager perdre un orteil ou se blesser dans une chute ! »
Autre risque, celui de blessures aux pieds dans les bassins. Leur revêtement s’écaille. « Des morceaux apparaissent, qui peuvent causer des plaies. Ces bassins sont fréquentés par de très nombreux enfants. » Dernière inquiétude, celle d’un effondrement des bassins. Les tuyaux qui courent sous l’installation ont très certainement subi les mêmes dommages que le béton. Ces pertes d’eau ont-elles créé des cavités sous les radiés ? « En cas d’effondrement soudain, on pourrait avoir de nombreux blessés, là encore. »
L’option de placer un liner est évaluée à 650 000 €, sans le coût de mise en œuvre. Sachant que Ludina a coûté voilà 20 ans 2,1 M€, dont 1,14 M€ pour la collectivité, et que ce liner n’assure pas ni sécurité du site, ni l’absence de fuites de la plomberie enterrée, le conseil, venu visiter le site le 15 janvier, n’a pas suivi. Quant à la machinerie, elle accuse son âge. 3 moteurs sur 14 seraient à changer, un filtre sur les trois.
Nouveau projet
Pas question de priver la population de baignades. Ludina accueille près de 22 000 visiteurs par an, dont près de 25 % de Mirandais. Une commission a été annoncée pour un nouveau projet. L’emprunt de Ludina se termine en 2024. Et si la collectivité rebâtit du neuf, elle peut espérer 50 % de subventions. « Si on repart sur un plan de 2,5 M€, il resterait 1,2 M€ à 1,5 M€. L’emprunt sur 20 ans resterait quasi identique. »
Un centre aqualudique serait reconstruit sur les 15 000 m2 du site actuel, une fois les bassins détruits. Il conserverait les bâtiments, qui n’ont pas bougé, eux, et qui représentent un coût important. Les bassins suivraient un plan simplifié, afin de réduire le nombre de maîtres nageurs - il en faut 5 actuellement.
« Seul Auch a un bassin couvert. Pourquoi un petit bassin, en 6x12 m ou 5x10m, couvert et chauffé, pour l’apprentissage de la nage ? Cela pourrait couvrir les besoins de collectivités voisines, ou d’associations. »
Mais le temps presse. Il faudra au minimum 3 ans pour rendre un lieu de baignade aux habitués de Ludina. « 8 conseillers communautaires vont travailler sur ce projet. Mais entre l’année nécessaire au bureau d’études, celle du financement et celle des travaux, on ne peut pas espérer mieux. Mais il était devenu impossible de rester dans de telles conditions de sécurité. »
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