ENTRETIEN. A69, colère du monde agricole, écologie... Pour la "COP Occitanie", le ministre Christophe Béchu répond à La Dépêche
Ce jeudi 30 novembre, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu se rend à Toulouse pour le lancement de la territorialisation de la planification écologique en Occitanie. Ces "COP territoriales", en référence aux Conférences des parties organisées par l'ONU dont la 28e édition s'ouvre ce jour à Dubaï, se déclinent en ce moment sur l'ensemble du pays.
Comment impliquer les régions pour mener à bien la trajectoire souhaitée par Emmanuel Macron en termes de transition écologique ?
Jusqu’à la fin de cette décennie, nous avons 201 millions de tonnes de gaz à effet de serre à « aller chercher » au niveau national et il faut identifier les gisements sur lesquels on peut agir pour opérer cette diminution. Aucun de ces leviers ne peut s’opérer s’il n’y a pas une union sacrée des territoires et de l’Etat.
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Encore des discussions" pourrait-on vous rétorquer alors que l’urgence climatique s’accélère…
Dans le petit jeu des critiques sur l’inaction climatique, je rappelle que la France n’a pas été condamnée sur ce sujet depuis l’élection d’Emmanuel Macron (2017, NDLR) mais sur une période 2015-2018 correspondant à la fin du quinquennat de François Hollande. La baisse des émissions, par exemple, était de 1 % par an avant 2018. On est passé à – 2 % et là, sur le premier semestre 2023, on se situe à – 4,7 %. La trajectoire, elle est là. Et ces COP, elles ne viennent pas à la place de l’action. On agit, déjà.
Pour l’Occitanie, y a-t-il des bons et/ou mauvais points à relever en matière de transition écologique ?
La région Occitanie représente 8 % des émissions de la France. Il faudra donc qu’elle fasse les efforts en conséquence. En France, 30 % des émissions de gaz à effet de serre sont à aller chercher dans le transport. Cette part est similaire pour l’Occitanie. En revanche, il y a un peu moins d’industrie et beaucoup plus d’agriculture que la moyenne nationale. Les leviers de réduction se porteront donc davantage vers l’agriculture.
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Les agriculteurs sont en colère dans la région, la transition écologique, dans le concret du quotidien, n’a rien d’évident…
L’inaction, elle impacte les agriculteurs. La sécheresse n’est pas une résultante de la transition mais bel et bien du dérèglement climatique. Il faut trouver un chemin à travers lequel on ne sera pas dans une hypocrisie environnementale. La priorité, c’est de baisser nos importations et de préserver notre souveraineté alimentaire. Donc les extrémistes et radicaux qui expliquent qu’il faut tout arrêter, tout changer, tout interdire dès demain, ce modèle-là, il va nous conduire vers une augmentation de nos importations avec l’impact que l’on connaît en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
La « COP Occitanie » ouverte ce jeudi 30 novembre
Les « COP territoriales », en référence aux Conférences des parties organisées par l’ONU dont la 28e édition s’ouvre ce jour à Dubaï, se déclinent en ce moment sur l’ensemble du pays. Une manière d’associer les collectivités à la conduite de la planification écologique évoquée par le président de la République Emmanuel Macron à l’horizon 2030, notamment sur les objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Ce jeudi, il s’agit du lancement de l’opération en région Occitanie avec la venue de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, à Toulouse. L’initiative dans les régions doit permettre l’émergence d’un « plan d’action partagé avec tous, d’ici l’été prochain », selon Elisabeth Borne.
La fin de la défiscalisation du gazole non routier (GNR) va pénaliser les agriculteurs, comment faire pour les soutenir si leurs charges viennent à davantage s’alourdir ?
Si on fait en sorte de limiter les importations, déjà on aura de meilleures rémunérations des agriculteurs sur notre territoire. Sur le GNR, le choix qu’on fait, c’est de réorienter l’argent public pour bien faire plutôt que d’entretenir la dépendance au fossile.
"Je ne défends pas la réalisation d'autoroutes partout dans le pays, mais sur l'A69, c'est remettre en cause l'Etat de droit"
Le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse (A69), ne s’inscrit-il pas en contradiction avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?
Laisser penser que la transition écologique, ce serait arrêter toutes les routes, de faire en sorte d’arrêter l’innovation, les déplacements, ça nous conduit dans une impasse de façon aussi certaine que ceux qui vous expliquent qu’il est urgent de ralentir. Depuis 2018, l’Etat met plus d’argent sur le ferroviaire que sur les routes. C’est depuis qu’il n’y a plus d’écologistes au gouvernement que ce processus a été engagé… Le sens de l’histoire, c’est bien une diminution des investissements dans les réseaux routiers. Mais quand vous avez un chantier lancé après une validation démocratique, juridique, au nom de quoi faut-il stopper le processus ? Je ne défends pas la réalisation d’autoroutes partout dans le pays. Mais remettre en cause l’A69, c’est remettre en cause l’Etat de droit.
Toulouse est la ville de l’aéronautique, un secteur souvent pointé du doigt en matière de transition écologique…
Il faut remettre les choses à leur place. Au niveau national, dans les transports, 94 % des émissions, c’est la route. 3,6 % c’est l’aérien et 2,3 % le nautique. Évidemment qu’il faut décarboner tous les domaines et tous les secteurs. Et l’aérien, à l’échelle mondiale, fait des progrès très rapides.
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