ENTRETIEN. Meurtre de Justine Vayrac : "Il y a eu des incidents de procédure graves", affirme l'avocat de Lucas L., Me Labrousse
Mercredi 25 octobre, dans la nuit, une reconstitution du meurtre de Justine Vayrac s’est tenue dans le petit hameau d’Eyzat-Haut (Corrèze). Celle-ci a été organisée en présence de Lucas L., le jeune agriculteur de 22 ans suspecté d’avoir violé et tué la jeune femme en octobre 2022. Me Michel Labrousse, l’avocat du principal suspect, revient sur l’affaire.
Comment s’est déroulée la reconstitution ?
L’instruction a réalisé un très gros travail et beaucoup de points ont été éclaircis. On a eu besoin de faire des vérifications. Ces vérifications ont été effectuées de la fameuse discothèque jusqu’à la propriété agricole où Justine Vayrac a été retrouvée. On a fait tout ce que l’on pouvait en termes de vérifications techniques. C’est un travail poussé, minutieux.
Quel est votre regard sur le fond de l’affaire ?
Ce dossier, c’est celui de la qualification pénale. Parce que les faits, on les connaît. On sait que Justine Vayrac a été retrouvée enterrée. On sait qu’il y a eu une relation sexuelle avant. Consentie, pas consentie… On sait que Lucas l’a récupérée à la sortie d’une discothèque et qu’il ne la connaissait pas beaucoup. Pas plus qu’elle-même ne le connaissait. On sait qu’elle est morte : le tout est de savoir dans quelles conditions.
Qu’est-ce qu’il en ressort dans la suite de la procédure ?
Cette reconstitution va probablement m’amener à faire des demandes d’actes. Nous allons interférer dans le dossier pour demander des vérifications complémentaires sur des points précis. Est-ce que l’on est sûr de la qualification pénale ? Dans ce dossier, pour l’heure, on a choisi les plus hautes qualifications pénales que l’on puisse connaître : enlèvement, séquestration, viol, meurtre… Est-ce que celles-ci correspondent à la réalité ? C’est tout le sens du travail que nous sommes en train de réaliser.
Quelles sont les irrégularités que vous pointez par ailleurs dans la procédure d’enquête ?
Il y a eu, selon nous, des incidents de procédure graves. Il y a des règles fondamentales à respecter. À partir de là, si des droits fondamentaux et des principes généraux du droit n’ont pas été respectés, on en tire les conséquences, quelles qu’elles soient. Elles peuvent être terribles tant pour les victimes que pour les personnes qui sont présumées innocentes.
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Dans cette affaire, les médecins légistes ont fait des constatations matérielles qui ont été livrées par voie de presse. Certains ont fait passer ces informations-là comme étant celles du procureur. J’ai près de 280 dossiers criminels derrière moi et je n’ai jamais vu ça dans ma carrière.
Une audience est prévue le 7 novembre prochain autour de ces éventuelles irrégularités : à quoi vous attendez-vous ?
Si la Cour de cassation va dans le sens de ce que l’on dit, nous ferons de nouvelles demandes d’actes. Au lendemain d’une décision qui serait déterminante, on pourrait être amené à faire une demande de remise en liberté ou des demandes de nullité. Ça peut être un virage de la procédure. C’est comme un château de cartes : vous enlevez une carte et toute la structure s’effondre. Ça peut être lourd de conséquences. Après, il n’y aura peut-être aucun virage et dans ce cas, nous continuerons sur le chemin procédural classique.
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