VIDEO. Écouter le brame du "roi de la forêt" : une quête au lever du soleil à La Ferme aux Cerfs
La saison des amours bat son plein à La Ferme aux Cerfs, au Houga (Gers), où les cervidés mâles dominants se livrent à une lutte sans merci… Un spectacle sonore envoûtant à découvrir jusqu’à la fin du mois d'octobre. Reportage.
Alors que les premiers rayons du soleil percent la brume ce jeudi 12 octobre, les brames des cerfs résonnent dans la campagne armagnacaise. Arborant des bois majestueux, les mâles dominants poussent des cris rauques pour retenir l’attention des biches. Un son unique, qui prend aux tripes les personnes qui assistent à ce spectacle sonore envoûtant. En ce mois d’octobre, aux confins ouest du Gers, à la frontière des Landes, la saison des amours bat actuellement son plein à La Ferme aux Cerfs, au Houga.
Une fenêtre d’un mois qui attire chaque année de nombreux curieux, en provenance de tout le Sud-Ouest. À la tête de l’élevage depuis 2020, Jordi Saint-Lannes peine en revanche à dormir sur ses deux oreilles. «Le brame, c’est une période délicate. Avant de faire le tour le matin, je me dis : est-ce qu’il n’y a pas un jeune qui s’est fait tuer ?», concède l’agriculteur de 33 ans. Pour éviter de découvrir des cervidés blessés, voire décédés, «j’essaie de séparer les cerfs (2 maximum par enclos, pour 10 à 20 biches chacun, NDLR)». « Ça m’évite d’avoir des combats à répétition et d’avoir le risque qu’un cerf se blesse.»
Malgré ces précautions, les affrontements entre "rois de la forêt" sont inévitables. «Ils ne se battent pas souvent dans l’année, deux fois pendant le brame […]. Une fois qu’il est dominé, le cerf a peur… Et quand il voit que le dominant est un peu fatigué, il essaye à nouveau. Mais ça se fait pendant la nuit…», explique avec passion Jordi Saint-Lannes, cadet d’une fratrie de 3 enfants.
«On a le projet d’être complètement autonome»
Plongé depuis son enfance dans cet environnement unique dans le Gers, et peu commun en France, le jeune trentenaire a pris la succession de son père Henri, qui était revenu avec quelques cervidés d’un voyage en Écosse au début des années 90. Aujourd’hui, 30 ans plus tard, pas moins de 500 animaux peuplent le parc animalier (cerfs, biches, faons, sangliers, daims…), sur une superficie de 90 hectares.
Un élevage conséquent qui permet à la famille Saint-Lannes, avec aussi Aymeric et Alexandre, de ravir les papilles des personnes qui mettent leurs pieds sous les tables de l’auberge familiale depuis 1994. «Je prélève en fonction de la demande du restaurant et de ma capacité de le fournir. J’essaye de ne pas tuer les reproducteurs pour assurer le renouvellement. Il faut minimum 2 ans pour proposer le gibier à table», confie Jordi Saint-Lannes, à qui revient la tâche la moins joyeuse d’un tel élevage : celle de l’abattage du gibier.
Si l’aventure entre les trois frères n’en est qu’à ses débuts, elle ne semble en revanche pas près de s’arrêter, puisqu’un gîte a ouvert ses portes avec une vue imprenable sur les cervidés ; et que la construction d’un abattoir est à l’étude. «On a le projet d’être complètement autonome, de la fourche à la fourchette», conclut le cadet de la famille Saint-Lannes. Le fondateur de La Ferme aux Cerfs, Henri, peut tirer sa révérence, l’esprit tranquille !
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