Les France - All Blacks en Coupe du monde de rugby : en 1999, "on ne donnait pas cher de notre peau"
(SERIE 2/6). En 1999, Fabien Pelous et ses coéquipiers remportent la demi-finale face aux All Blacks. Une victoire qui avait eu un retentissement extraordinaire en France et sur la planète rugby.
Un exploit tout simplement. Qui est entré dans la légende du rugby. Et même dans celle du sport français. Un succès face aux All Blacks en demi-finale de la Coupe du monde sur le score de 43 à 31. Oui, vous avez bien lu. 43-31. Les Bleus étaient menés 24-10 avant d’infliger un 33-0 aux Néo-Zélandais pour finalement l’emporter 43-31.
Un exploit que personne n’avait vu venir et n’aurait pu imaginer les mois précédents. Une dernière place dans le Tournoi, une défaite face aux Tonga et deux raclées historiques (99 points encaissés en deux matchs) face à la Nouvelle-Zélande en tournée, à moins de quatre mois de la Coupe du monde.
Les matchs de poule ne sont guère plus rassurants et seul le quart de finale face à l’Argentine redonne un peu de couleurs à cette équipe de France entraînée par Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux. Pas suffisamment bien sûr aux yeux de tous les observateurs, au moment de se trouver devant la montagne all-black et un certain Jonah Lomu.
« On ne donnait pas cher de notre peau » se souvient Fabien Pelous, recordman de sélections en équipe de France. Et puis, et puis. Voilà la suite : « Comme on n’avait pas réussi jusque-là une Coupe du monde flamboyante, on voulait au moins sortir la tête haute. Dans notre tête, ce n’était pas une question de victoire, ou pas victoire, c’était une question de fierté et d’honneur. Au pire tomber les armes à la main. On était une équipe qui je pense avait cette capacité à se mobiliser sur des choses basiques comme mettre de l’engagement. Et le mot d’ordre, c’était de ne pas lâcher. » Et à cette époque, cette expression désormais trop utilisée prenait alors tout son sens tant tous les observateurs prédisaient une belle fessée aux Français.
« Les Blacks, on va les jouer dix fois, on va certainement perdre neuf fois, on va gagner une fois. Et cette fois, c’est aujourd’hui »
Ce jour-là, les Blacks étaient peut-être un peu trop confiants. « À cette époque-là, pour battre les Blacks, il fallait tout. » rétorque Fabien Pelous. À commencer par de la stratégie : « La stratégie, c’était de jouer les petits côtés et de jouer au pied derrière Jonah Lomu parce qu’il n’avait pas un bon jeu au pied et qu’on allait gagner du terrain si on arrivait à l’attraper dans son camp (rires). »
Il fallait également un peu de folie purement française. La folie entraînant parfois un peu de chance. « Le rebond pour Domi (NDLR : Christophe Dominici) j’en ai rarement vu des comme ça quand même. Et Charlie (Olivier Magne) qui tape à suivre et Bernat (Philippe Bernat-Salles) qui va marquer. Si Tana Umaga tombe le ballon de l’autre côté, on ne tape pas au pied. » Fabien Pelous en sourit encore aujourd’hui. Les Bleus étaient en état de grâce. Parce qu’ils avaient cru en eux selon le deuxième ligne : « Je me souviens ce que Jean-Claude Skrela nous avait dit avant le match : « Les Blacks on va les jouer dix fois, on va certainement perdre neuf fois, on va gagner une fois et cette fois, c’est aujourd’hui. » Et ce sentiment d’exploit, Fabien Pelous l’a senti en cours de rencontre : « On a bien senti à un moment qu’ils baissaient la tête et qu’on était en train de les faire douter sur l’engagement physique, de les mastiquer, de les dominer physiquement. »
Cet exploit eut un retentissement extraordinaire en France et sur la planète rugby. Mais comme en 1987, il est resté sans lendemain. La France s’est inclinée en finale face à l’Australie après s’être réconciliée avec ses supporters en demi-finale. C’était écrit pour Fabien Pelous : « Si tu refais le même match face aux Australiens, c’est que tu es au niveau mais on n’était pas au niveau de ces équipes-là d’une manière générale. On a fait un exploit en demi-finale et quand tu regardes le terme exploit dans le dictionnaire, il est écrit… événement unique. »
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