INTERVIEW. Jazz in Marciac : pour la chanteuse Laura Prince, "le jazz est la musique de la liberté"
L'Astrada accueillait, ce mardi 25 juillet, la chanteuse franco-togolaise Laura Prince dans le cadre de la 45e édition de Jazz in Marciac. La jeune artiste revient, dans une interview, sur la naissance de son premier album "Peace of mine" et sur sa relation avec le jazz.
Quelques notes de piano s'envolent depuis la scène de l'Astrada ce mardi 25 juillet. Laura Prince entre en scène et, comme on raconte une histoire, interprète les morceaux de son premier opus "Peace of mine". Accompagnée de musiciens d'exception (Grégory Privat au piano, Tilo Bertholo à la batterie, Zacharie Abraham à la contrebasse et Inor Sotolongo aux percussions), la chanteuse franco-togolaise capture le public de Jazz in Marciac avec sa voix envoûtante, pour un voyage entre jazz, afro et soul. Un concert tout en émotion, pour les spectateurs comme pour la jeune auteur-compositeur-interprète.
Laura, vous chantez ce mardi pour la première fois à Jazz in Marciac. Quel est votre ressenti ?
Quand on est là, on y croit et, en même temps, on n’y croit pas. La liste est longue des chanteurs et musiciens de pointure qui sont passés là. L’Astrada, pour moi, c’est déjà beaucoup ; c’est une partie d’un rêve que j’ai imaginé depuis des années.
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Vous y présentez, en plus, votre premier album.
Je suis chanceuse d’avoir cet honneur d’être là, aussi tôt. C’est mon tout premier bébé : j’ai mis du temps à aller vers ça et à me dire que j'allais faire de la musique professionnellement. "Peace of mine" signifie "paix intérieure" mais peut aussi avoir un second sens avec le mot "piece" (morceau en français) : cela peut évoquer les parties de moi que je donne dans ce premier album. J’ai essayé d’y mettre tout ce qui me venait au départ, sans trop réfléchir. J’ai suivi mon ressenti, mon instinct, mes inspirations. J’ai écouté beaucoup de choses : classique, jazz, soul, musique africaine, salsa. Je pense que l’on peut y retrouver un peu toutes ces influences en cherchant bien.
Au niveau des chansons, j’aborde des choses personnelles, ou pas. Il y a quand même, derrière tout ça, un message de paix, d’harmonie, d’amour. Des choses simples, parce que je pense que je suis quelqu’un de simple. Donc ça me représente aussi un peu.
Vous avez été bercée par de nombreuses influences musicales. Pourquoi choisir le jazz en particulier ?
Je me suis toujours dit que, pour mon premier album, j’irai chercher la base de la musique afro-américaine. Pour moi, le jazz est le point de départ, même si on peut parler du gospel, du blues et du "negro spiritual" (type de musique sacrée chez les esclaves noirs des Etats-Unis au XIXe siècle, NDLR). C’était important d’y mettre cet ingrédient principal. Je pense que le jazz restera pour les prochains projets, même si j’irai peut-être chercher autre chose.
Le titre "Musical inspiration" se démarque un peu du reste de l’album, avec son côté plus rap ou slam...
Ce n’est pas un décalage, cela fait aussi partie de mes influences. J’ai écouté du hip-hop, du rap. Sur cette chanson, c'était pour moi plus naturel de proclamer, parce que c’était un texte qui venait un peu secouer, questionner. Quand j’ai composé ce morceau, j’ai fait la ligne de basse au piano et ça me venait un peu comme un truc de rap.
Pourquoi choisir l’anglais pour chanter vos morceaux ?
J’ai toujours écouté plus de musiques afro-américaines même si j’ai écouté, bien sûr, les pointures françaises : Brel, Piaf, Nougaro. J'ai appris à chanter en écoutant des chanteuses de jazz dont les textes sont anglais. C'était plus naturel pour moi et c'est une langue que je trouve belle pour interpréter du jazz.
Le thème de cette 45e édition est la liberté. Qu’est-ce que cela vous évoque ?
Le jazz est la musique de la liberté, évidemment. C’est celle qui permet de dénoncer, déclarer (sa flamme), d'être en décalé, de faire aussi des liens avec d’autres musiques. Dans le jazz, on trouve tellement d’influences : c’est la liberté pour les musiciens d’aller ajouter des notes qui ne sont pas attendues dans le classique, en total décalage par rapport à une musique plus cadrée. Le jazz, c'est la liberté qu’on essaie d’aller trouver dans l'improvisation.
Le programme de Jazz in Marciac ce mercredi 26 juillet
Sur la place de l’hôtel de ville : à 11 h 30, The Blakettes Quartet ; à 14 h 45, Adrien Chicot Quintet ; à 16 h 15, Paris Jazz Sessions Quintet ; à 17 h 45, Adrien Chicot Quintet. Au lac : à 16 h 45, The Blakettes Quartet ; à 18 heures, Paris Jazz Sessions Quintet. Sous le chapiteau : à 21 heures, Kenny Barron, suivi de Abdullah Ibrahim Trio. À l’Astrada : à 15 heures, Robinson Khoury, « Broken Lines », et à 21 heures, Stéphane Kerecki, « Out of silence ». Informations : jazzinmarciac.com.
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