ENTRETIEN. Aide active à mourir : "C'est un droit qu'on donne, il n'enlève rien à personne" assure cet administrateur de l'ADMD
Membre du conseil d'administration de l'association pour le droit de mourir dans la dignité, Pierre Juston réagit avec satisfaction aux premiers votes de la Convention citoyenne pour la fin de vie. Une loi autorisant l'aide active à mourir n'est pas encore pour demain. Mais Pierre Juston fait part de ses espoirs.
Satisfait par le vote intermédiaire de la Convention citoyenne sur la fin de vie.
Satisfait et pas surpris car c’est le énième débat sur le sujet en quelques années. Il donne le même résultat que les précédents et tous les sondages qui sont faits depuis 10 ans. Le plus important maintenant, c’est que le président de la République et le gouvernement prennent en considération ces résultats, de manière à mettre à l’ordre du jour de l’agenda législatif un projet de loi qui tienne compte des éléments de réflexion de la convention citoyenne.
Convention qui estime qu’il faut accorder l’aide active à mourir aux mineurs comme aux adultes. Qu’en pensez-vous ?
La question délicate des mineurs s’est posée à la Convention citoyenne pour une raison très simple, ils se sont aperçus que la loi Clayes Leonetti ne limite pas l’autorisation de sédation profonde et continue aux majeurs. C’est une question délicate qui va sans doute faire polémique. Mais ça ne doit pas être une question taboue. Si le Parlement devait légiférer, on se doute bien que les conditions seraient beaucoup plus drastiques, beaucoup plus importantes pour les mineurs et qu’il y aurait sans doute l’autorisation des parents.
Cette convention citoyenne a été créée pour rendre un avis à titre consultatif. Ne craignez-vous pas une nouvelle offensive des militants du statu quo, qu’ils préfèrent mettre en avant l’accompagnement en soins palliatifs ou des motifs religieux ?
Je me désole un peu que la SFAP passe plus de temps à être contre une avancée sur l’aide active à mourir que sur le combat pour demander plus de moyens pour développer les soins palliatifs, ce que nous faisons, nous, à l’ADMD. Comme les religions, ils ont leur liberté d’expression dans la société démocratique et pluraliste dans laquelle on vit. Après, ce ne sont pas les religions dans un Etat laïc qui font la loi. Qu’ils donnent leur opinion par rapport à l’interprétation qu’ils ont de leur propre dogme, personne ne va leur retirer ce droit. Nous, nous estimons simplement que les individus doivent avoir le choix. Et je rappelle de ce point de vue que les croyants et les pratiquants sont majoritairement favorables à ce choix. Donc, pardonnez-moi l’expression, mais il y a une forme de chiisme entre les responsables religieux et la majeure partie des croyants, même si c’est plus marqué pour les catholiques et les juifs que pour les musulmans.
Même si le choix de l’aide active à mourir ne touche finalement que 3 % de personnes comme c’est le cas en Belgique où les Belges ont plus de 20 ans de recul sur le sujet ?
Quand bien même ça toucherait peu de personnes, et effectivement, je pense que ça touchera peu de personnes ; ce n’est pas tellement la question. Un peu comme le mariage pour tous qui touche peu de personnes, c’est un droit qu’on donne qui n’enlève aucun droit à une autre personne.
D’où l’importance de mieux financer les soins palliatifs ?
Exactement. Le choix, c’est ouvrir plusieurs possibilités, donc avoir un réel accès universel aux soins palliatifs, et la possibilité d’une aide active à mourir à côté. Nous, on est pour la liberté du choix du patient en fin de vie et surtout son accompagnement. Les choix ne s’opposent pas. Au contraire, c’est parfaitement complémentaire, ce que beaucoup de pays ont compris depuis très longtemps.
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