Procès du crash Rio - Paris : "J’attends des réponses que les juges ne m'ont pas données"
Après douze ans d’attente, Michel Mommayou, père de l’une des 228 victimes du crash Rio - Paris, entend porter sa voix au procès qui s’ouvre ce lundi 10 octobre jusqu'au 8 décembre devant le tribunal judiciaire de Paris. Entretien.
À 48 heures de l’ouverture du procès où sont renvoyés Air France et Airbus pour les homicides involontaires des 228 victimes du crash Rio – Paris dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je suis angoissé et stressé depuis que je connais la date du procès (qui se tiendra du 10 octobre jusqu’au 8 décembre en chambre correctionnelle au tribunal judiciaire de Paris, NDLR). Après plus de douze ans d’attente pour obtenir le renvoi d’Air France devant la justice, ce n’est pas évident alors qu’il y a encore quelques mois nous n’étions pas sûrs d’avoir un procès. Ma motivation reste malgré tout intacte, je vais me battre jusqu’au bout pour Virginie (Mommayou, décédée dans le crash le 1er juin 2009).
Qu’est-ce que vous attendez précisément de ce procès ?
D’obtenir des réponses sur des questions qui demeurent sans réponse malgré les requêtes réitérées de mon avocat (Me Jean-Lou Lévi) aux juges d’instruction.
C’est-à-dire ?
J’attends des réponses qui ne m’ont jamais été données sur la qualification du copilote. Avait-il bien sa licence de vol pratique pour tenir seul le manche en l’absence du commandant de bord? Dans les enregistrements retrouvés dans la boîte noire, le commandant s’interroge lui-même en disant : «Il est qualifié ce gars-là?» Le second point, c’est de savoir s’il y a bien eu un briefing de l’équipage avant le décollage pour évoquer les difficultés météorologiques qu’ils allaient rencontrer. Pour moi, il y a eu des négligences du commandant de bord.
Vous n’étiez pas favorable, vous l’avez dit dans nos colonnes durant l’instruction, au renvoi devant la justice d’Airbus. C’est toujours le cas ?
Même si Airbus aurait dû s’inquiéter du fonctionnement de ses sondes Pitot (fabriquées par Thalès) lorsqu’elles se trouvent en haute altitude, je n’étais pas favorable à ce que la société soit poursuivie. C’est vrai que ce n’était pas la première fois qu’un de leurs avions enregistrait ce problème de gel des sondes, il y en aurait une quinzaine… C’est un enchaînement d’erreurs principalement de l’équipage qui a conduit à cette tragédie.
Ce procès vous le vouliez aussi pour les victimes étrangères de ce vol…
Absolument, il y a 30 nationalités représentées dans ce crash, comment aurait-on pu leur dire qu’il n’y aurait pas de procès ? Si l’avion avait été brésilien, je n’aurais pas admis qu’il n’y ait pas de procès. Même si l’attente a été trop longue, la justice française se réhabilite en tenant enfin ce procès.
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