Procès Morgan Keane tué par un chasseur dans le Lot : "Il est très clair qu'il s'agit d'un accident" maintient l'avocate du tireur
Un mois avant le procès du meurtrier présumé de Morgan Keane, l'avocate du tireur, Sylvie Bros, continue d'affirmer qu'il s'agit d'un accident. En plus de son client, le directeur de la battue sera aussi jugé pour homicide involontaire.
Le jeudi 17 novembre, deux ans quasiment après le drame, s'ouvrira le procès du tireur et du directeur de la battue durant laquelle Morgan Keane a trouvé la mort, le 2 décembre 2020 à Calvignac. Les deux prévenus jugés pour homicide involontaire lors d'une action de chasse risquent 75 000 euros d’amende, l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans ou encore du retrait du permis de chasse à titre définitif.
Le procès est très attendu. La notion d'accident sera au cœur des débats. Comment préparez-vous votre défense ?
Je ne peux pas évoquer les arguments qui constituent ma plaidoirie. En revanche, je n'ai pas changé de ligne de conduite. Il est très clair qu'il s'agit d'un accident. Je n'ai pas la prétention de dire qu'il n'y a pas de discussion à ce sujet, mais tout de même, c'est très limpide à ce jour.
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L'avocat des parties civiles Me Benoît Coussy n'est pas franchement d'accord avec le terme d'accident " Un accident c’est un évènement qui survient de manière inopinée. Il n’y a pas de caractère fortuit dans la chasse. Si on décide de tirer, c’est un choix fort qui se fait de manière encadrée". Que pensez-vous de sa déclaration ?
Cette déclaration lui appartient, il est libre d'analyser les choses comme il l'entend. Je n'ai pas pour habitude de critiquer ou de commenter les déclarations des avocats de la partie adverse.
Le directeur de la battue organisée le 2 décembre 2020 sera aussi jugé. Comment l'expliquer ?
Ça veut dire que l'instruction qui a été menée à charge et à décharge a permis aux magistrats de considérer qu'il y avait deux personnes qui devaient être renvoyées devant le tribunal. Reste maintenant à la justice d'arbitrer.
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Le drame a ouvert des tensions entre pro et anti-chasse. Comment aborder ce procès de façon apaisée, en tentant de sortir de ces débats animés et de cette dualité ?
Je m'attacherai à défendre les intérêts de mon client tout en respectant la douleur et la souffrance des proches de la victime. Il faut garder à l'esprit d'être respectueux et de plaider avec humanité et sincérité. En ce qui concerne les autres débats, il faut aussi savoir les mettre de côté sans oublier le chagrin des uns et des autres.
Me Coussy demande une " enquête impartiale et équitable", qui ne soit " troublée par aucun conflit d'intérêts". Il souhaitait notamment que l'enquête ne soit pas confiée à des personnes titulaires du permis de chasse.
Il me semble qu'une enquête a été faite, il n'y a aucun élément qui ne permet de douter de la neutralité de la justice à ce sujet. Je lui fais entièrement confiance. En tout cas, je n'imagine aucune difficulté pour que l'impartialité soit assurée. On souhaite que la justice soit au-dessus de ces débats d'opinion. De là à demander que l'enquête ne soit confiée qu'à des non-titulaires du permis de chasse... Je ne vois pas d'inconvénient si c'est le cas.
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Dans quel état d'esprit est votre client ?
Il est dans le même état que lors des faits. C'est-à-dire toujours dans la peine et dans cette souffrance de savoir ce qu'il a infligé et ce qu'il inflige toujours aux proches de la jeune victime.
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Que pensez-vous du combat des amies de Morgan Keane qui ont monté le collectif un jour un chasseur ? Elles demandent notamment qu'à l'issue du procès, des « espaces non chassés soient mis en place » autour des maisons des proches de la victime.
Elles sont libres de faire cette demande et d'en justifier auprès de la juridiction. Je ne peux pas me prononcer sur leur combat, je m'en garderai bien par respect. Tout ce que j'espère c'est que les débats pourront se tenir normalement, de la manière la plus apaisée possible pour chacun et que tout se déroule dans le respect. C'est le sentiment le plus important aujourd'hui.
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