PORTRAITS. Agriculture biologique : de bons produits sans intrants ni pesticides, le fruit de la passion
Avec 13.265 exploitations en agriculture biologique (chiffre de 2021, en hausse de 11% par rapport à 2020), l'Occitanie est la première région de France pour le bio. Avec 608.285 hectares, les agriculteurs labellisés AB occupent 19,4% de la surface agricole utile de la région. Trois d'entre eux, installés dans les Pyrénées-Orientales, dans l'Aude et dans le Gers, évoquent ce qui est pour eux une véritable passion.
Ne vous moquez pas des agriculteurs bios qui cherchent la petite bête ; c’est pour votre bien ! Si la ferme de Christian Soler n’était pas le paradis des coccinelles et autres ennemis naturels des ravageurs des cultures, ils ne seraient certainement pas sept à vivre de l’exploitation familiale installée en bio depuis 1999, près de Collioure.
Pour devenir le roi des pêches bio juteuses à souhait, Christian a commencé par tirer la fève. Enfin, par la planter, sur 30 hectares précisément, au pied de chaque pêcher. Les pucerons noirs raffolent de cette légumineuse. Et il se trouve que les coccinelles raffolent des pucerons noirs. Les fèves leur offrent donc le gîte et le couvert une bonne partie de l’hiver, jusqu’à ce que le puceron du pêcher – celui que Christian redoute le plus – montre le bout de ses antennes en mars avril… et c’est là que le véritable festin commence pour les coccinelles qui, d’un coup d’ailes, passent des fèves aux pêchers pour manger jusqu’à 60 pucerons par jour chacune.
Insectes et oiseaux complices
Pour les aider, Christian a planté des bandes fleuries qui attirent des insectes pollinisateurs responsables de la fécondation d’un grand nombre de plantes cultivées, mais aussi des mésanges et des chauves-souris qui ont toutes leurs nichoirs. C’est qu’il s’agit de pouvoir nourrir confortablement les petits, pardi ! Comptez 500 nourrissages par jour pour un couple de mésanges bleues qui a donné son nom à l’exploitation.
En quelques jours ou quelques semaines, volatilisés les pucerons ! Et tout ça, sans que la famille Soler débourse un centime en pesticide. « Mais oui, c’est possible », sourit Christian, le joyeux drille, qui a d’autres tours dans son sac ! « Il y a le couchage de l’herbe. Il ne faut surtout pas la tondre. C’est un habitat naturel pour les insectes qui trouvent, là aussi, le gîte et le couvert. Pendant ce temps, les matières organiques se développent dans le sol ; ça permet à nos produits de pousser lentement. Tout ce qui pousse lentement dure longtemps. Les fruits sont moins gros, moins calibrés, c’est vrai. Mais tout ce qui est petit est mignon. Ce qui est gros est douteux », rigole l’arboriculteur bien en chair.
Pour transmettre son amour du bio, le jeune sexagénaire ne résiste à aucun bon mot. « C’est une passion », dit-il. Et de nombreux confrères la partagent, comme Laurent Girbau – 35 hectares de vignes – en coopérative dans l'Aude avec les Celliers du soleil. « En bio, on a besoin d’énormément de main-d’œuvre, mais ça nous fait plaisir quand on se lève. En agriculture biologique, je ne connais pas un agriculteur qui ne se fait pas plaisir. »
Plaisir, un mot qui résonne chez Julien Franclet, un viticulteur gersois dont la capacité de production est passée en 12 ans de 5 000 à 80 000 bouteilles de vin en bio.
Lui aussi a les yeux qui brillent, surtout lorsqu’il parle de sa « terre qui a une odeur un peu différente, avec un côté sous-bois champignon qu’on n’a pas sur les sols un peu rincés ».
Alors, que de plus en plus de Français passent aux produits bios ? « Logique », répondent-ils tous en chœur. « Ce qui est bon pour la terre est bon pour eux. »
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