Haute-Garonne : les députés de la Nupes privilégient le train pour se rendre à Paris, le secteur de l'aéronautique inquiets
Les nouveaux députés de la Nupes de Haute-Garonne ont décidé de privilégier le train à l’avion pour rejoindre l’Assemblée nationale à Paris. Un parti pris qui suscite la polémique.
Tout a démarré par un message posté sur Twitter par Christine Arrighi, nouvelle députée de la 9e circonscription de Haute-Garonne le 23 juin dernier. La députée Europe-Ecologie-les-Verts-Nupes indique : « De retour à Toulouse […] Soutenons les trains de nuit et leur réhabilitation ». L’élue a également assuré qu’elle privilégiait le train à l’avion pour rejoindre l’Assemblée nationale à Paris. Un choix qu’elle motive par une empreinte carbone moindre concernant le train.
De retour à Toulouse. Il y a la vitrine, le TGV, \ud83d\ude85 et il y a le train de nuit avec des loco vieilles de 30 ou 40 ans (les spécialistes me diront j'en suis sûre \ud83d\ude8e). Et pourtant un moyen de transport efficace et sobre ! Soutenons les trains de nuit et leur réhabilitation #SNCF pic.twitter.com/jbS8sqJEoy
— Christine Arrighi (@ChArrighi) June 23, 2022S'inscrireNewsletter Aéronautique
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François Piquemal, nouveau député de la Nupes dans la 4e circonscription de Haute-Garonne indique qu’il a opté pour le train de nuit pour se rendre au Palais Bourbon. Il défend les moyens de transport plus respectueux de l’environnement et veut à travers ce parti pris « qu’on redonne vie aux petites gares en cette période d’enjeux climatiques ». Même son de cloche du côté de Christophe Bex, député France Insoumise de la 7e circonscription de Haute-Garonne. Il ne prendra l’avion que s’il s’agit d’une urgence. Il milite d’ailleurs aussi pour la fermeture de certaines lignes aériennes considérant que pour certaines courtes distantes, l’avion est un choix « insensé ».
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Un choix, pas un boycott
Pour ces députés, il s’agit d’un choix plutôt que d’un boycott sauf que c’est justement ce choix de ne pas prendre l’avion, à Toulouse, capitale de l’aéronautique qui fait grincer des dents. « Je considère que ce boycott est très grave même si évidemment chacun est libre de voyager comme il l’entend. En boycottant l’avion de façon bruyante, les députés donnent en fait un très mauvais signal aux dizaines de milliers de salariés de l’aéronautique de la région toulousaine en les stigmatisant », réagit ainsi Christophe Cador, fondateur du Groupe Satys, leader de la peinture d’avions et président du comité Aero-PME du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).
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Cette prise de position n’est pas non plus passée inaperçue du côté de la municipalité de Toulouse. « Ils peuvent tout à fait faire ce choix à titre personnel mais là, la différence c’est qu’ils veulent faire passer un message », a ainsi répondu Sacha Briand, adjoint au maire de Toulouse et vice-président de Toulouse Métropole. D’ailleurs l’élu toulousain s’interroge sur l’avenir. « Cela veut dire que quand des sujets concernant l’aéronautique seront abordés à l’Assemblée nationale, ils ne les soutiendront pas, c’est particulièrement inquiétant », glisse-t-il. D’ailleurs, il condamne ce qu’il appelle de « l’écologie punitive ».
Christophe Cador ajoute aussi que le secteur de l’aéronautique s’est engagé depuis plusieurs années dans une démarche de réduction de l’empreinte environnementale. « Savent-ils qu’à Toulouse, les équipes d’ingénieurs travaillent d’arrache-pied sur des solutions techniques innovantes comme le recours aux biocarburants ou encore l’hybridation avec un objectif d’avion décarboné en 2035 ? Nous peinons à croire que ces députés ignorent ces réalités », lance le représentant de la filière employant près de 100 000 personnes à Toulouse. Dominique Delbouis, représentant Force Ouvrière, syndicat majoritaire chez Airbus Group, « le boycott de l’aérien n’a rien d’équilibré entre le besoin impératif de protéger notre environnement écologique et industriel ». Il tient d’ailleurs à rappeler que syndicats comme salariés défendent ardemment ces deux objectifs « d'autant plus dans une région où l'industrie aéronautique fait partie des poumons économiques et industriels ».
La trajectoire politique prise par les députés de la Nupes fraîchement élus à ce sujet suscite de vives inquiétudes dans ce secteur.
Quel moyen de transport est le plus polluant ?
Pour un trajet Toulouse-Paris, selon le calculateur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’émission par passager est de 74,1 kg d’équivalent CO2 (kgCO2e) pour l’avion, 132 kg sur la distance Paris-Toulouse, ce qui représente 680 kilomètres, pour un individu seul. Enfin, c’est bel et bien le train qui reste le moins polluant sur cette distance. Le trajet entre Toulouse et Paris émettra 2.93 kilogrammes d’équivalent de CO2.
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