Affaire Damien Abad : pourquoi le parquet n'ouvre pas d'enquête sur les accusations de viols visant le ministre
Le lendemain de la nomination du gouvernement d'Élisabeth Borne, Mediapart a diffusé les témoignages de deux femmes accusant le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées de les avoir violées en 2010 et 2011.
Damien Abad est visé par des accusations de viols de deux femmes. Ces informations révélées par nos confrères de Mediapart auraient pu pousser le nouveau ministre des Solidarités à démissionner mais l'élu a choisi de nier les accusations et de rester à sa place dans le gouvernement d'Elisabeth Borne. Quelques jours après cette annonce officielle de Damien Abad, le parquet de Paris a fait savoir mercredi qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état" sur les accusations de violences sexuelles le visant.
"Faute d'élément permettant d'identifier la victime"
"En l'état, le parquet de Paris ne donne pas de suite au courrier émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles", qui lui transmettait le témoignage d'une femme accusant Damien Abad de viol, "faute d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée", a précisé le parquet.
Réaction suite à la décision du parquet :#Abad pic.twitter.com/lz2CdLRCre
— Observatoire des VSS en politique (@Obs_vssPol) May 25, 2022
Pour les majeurs, l'enquête n'est pas automatique
Cette décision s'inscrit dans la politique pénale mise en place depuis quelques années par le parquet de Paris en matière de violences sexuelles : une enquête est systématiquement ouverte dès lors qu'une victime mineure au moment des faits est évoquée, et même en l'absence de plainte, afin notamment de vérifier s'il n'en existe pas d'autres. Mais si les faits concernent des majeurs, ce parquet se réserve la possibilité d'ouvrir une enquête uniquement si une plainte est déposée.
A lire aussi : Accusations de viols visant Damien Abad : l'affaire expliquée en cinq actes
Un signalement pas suffisant
La communication du parquet de Paris mercredi est rarissime lorsqu'il s'agit d'expliquer pourquoi il n'ouvre pas d'enquête. Le lendemain de la nomination du gouvernement d'Élisabeth Borne, Mediapart avait diffusé les témoignages de deux femmes accusant Damien Abad de les avoir violées en 2010 et 2011. La première, Chloé (prénom modifié), âgée de 41 ans, dénonce des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée à l'automne 2010. Ce sont les faits qu'elle a dénoncés qui étaient au cœur du signalement récent de l'Observatoire, sur lequel le parquet n'a pas souhaité ouvrir d'enquête à ce stade.
A lire aussi : Affaire Damien Abad : le ministre "conteste avec la plus grande force" les "accusations de violences sexuelles" contre lui
Une plainte classée en sans suite en 2017
La seconde ayant témoigné auprès de Mediapart, Margaux, s'était rendue dans un commissariat pour témoigner en 2012, puis avait déposé une plainte en 2017. Elle a confirmé son récit à l'AFP. Le parquet avait indiqué dimanche "qu'une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante". Une deuxième plainte "pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017" faute "d'infraction suffisamment caractérisée".
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?