Convoi de la liberté : leaders, membres, revendications... qui se cache derrière ce mouvement anti-pass vaccinal en France ?
Paris bloqué ce week-end ? C'est le rêve des participants au "Convoi de la liberté". Ils sont partis de plusieurs régions de France ce mercredi 9 février et comptent rejoindre Paris vendredi soir à 20 heures en roulant au ralenti. L'étape suivante sera de rallier Bruxelles dès lundi. Les horaires et itinéraires ont circulé la semaine dernière au sein des groupes Facebook créés à cette occasion. Leur modèle ? Ottawa, la capitale fédérale du Canada, paralysée par des poids lourds depuis le 29 janvier.
Qui est l'organisateur ?
Le porte-parole du convoi français de la liberté a pour pseudo "Rémi Monde". Il est suivi par plus de 15 000 personnes sur Facebook et tout autant sur Telegram. Adepte de vidéos en direct, ce père de famille barbu y porte une casquette en permanence. Ancien coach en développement personnel, il a stoppé son activité lors de la crise du Covid-19 et vient de monter un atelier de menuiserie. Il n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.
Rémi Monde qualifie le mouvement canadien de "très inspirant". Dans sa dernière vidéo, il appelle à "mobiliser tous les 'gilets jaunes' de France". Les revendications du mouvement ? "On va manifester contre le pass, contre les taxes sur l'énergie, on en a marre, on est tous en train de crever littéralement". Il précise aussi : "Chacun est libre au niveau de la vaccination et chacun doit le rester". Sa motivation : "Se battre pour un monde meilleur".
En référence au gouvernement, Rémi Monde affirme qu'il "faut les faire flipper un petit peu". Il conseille aux participants d'amener "quatre jours de vivres, un bidon d'essence et un bidon d'eau pour tenir un siège au moins quatre jours". Autre conseil transmis aux participants : se déclarer cas contact pour être absent de son travail sans jour de carence. Il rappelle que le convoi doit rester "pacifique", qu'il est "apolitique" et qu'il appartient "au peuple de France". Pour Rémi Monde, "il vaut mieux faire ça une fois que de multiplier des samedis pendant X années", en référence aux nombreuses manifestations qui ont émaillé le mouvement des gilets ou des anti-pass sanitaire pendant des mois.
Quand on parcourt ses comptes sur les réseaux sociaux, on y trouve des liens avec Jérôme Rodrigues, la figure des "gilets jaunes", ou l'opposant au pass sanitaire Oliv Oliv. On y trouve également des images de sa participation aux manifestations anti-pass sanitaire à Marseille, Valence ou Lyon, ainsi que sa contribution au mouvement "Nuit debout" contre la loi Travail en 2016.
Qui a rejoint le "Convoi de la liberté" ?
Une organisation a été mise en place par département avec une communication sur la messagerie Telegram. Le principal groupe Facebook réunissait plus de 312 000 membres, au dernier comptage effectué ce mercredi. Depuis quelques heures, les membres partagent de nombreuses vidéos des départs des convois en régions ou de coffres de voitures pleins de nourriture pour rejoindre Paris. Avec un point commun sur de nombreuses pages Facebook : ils ne parlent quasiment que du "Convoi de la liberté" depuis plusieurs jours.
Les citoyens en route pour Paris reçoivent de nombreux messages de soutien d'autres internautes : "Nous voilà réunis pour la liberté", "ils ont cru nous diviser, ils nous ont rassemblés", "c'est du jamais vu", "de tout cœur avec vous", "ça fait chaud au cœur de voir tant de solidarité".
Quels sont les profils de ces convoyeurs ? Denis, un participant niçois, indique au Parisien : "On n'est pas antivax, anarchistes, nazis ou terroristes comme nous en avons parfois l'écho. Il y a des gens qui vont de Zemmour à Mélenchon". Gilles, un Charentais, explique : "On défend l'avenir, nos libertés. On ne parle pas du tout politique pendant le convoi".
Leurs revendications peuvent-elles aboutir ?
Au Canada, les revendications du "Convoi de la liberté" concernent les mesures sanitaires contre le Covid-19. Les camionneurs sont soutenus par leurs puissants syndicats. En France, aucun syndicat, ni parti politique ne fait partie de l'organisation de ce mouvement. "Il y a des formes de désaffiliation vis-à-vis des structures politiques et syndicales traditionnelles, analyse Stéphane Sirot, historien et spécialiste des mouvements sociaux. Les réseaux sociaux se sont installés au cœur des mobilisations et permettent d'organiser bon an mal an les cortèges. Ils sont devenus une variable des mobilisations sociales."
Le "Convoi de la liberté" peut-il alors connaître le même succès que les "gilets jaunes" de 2018 ? "Je vois mal l'opinion publique massivement adhérer à un mouvement revendicatif purement centré sur les questions sanitaires et le pass vaccinal. Elles sont admises par la majorité de l'opinion publique. En revanche, si une nébuleuse revendicative sur la taxation des carburants ou le pouvoir d'achat s'agglomère autour du mouvement, elle pourrait susciter plus de sympathie et une adhésion plus grande", estime Stéphane Sirot.
Autre difficulté pour le "Convoi de la liberté" selon l'historien : "Il n'y a pas de leader. Il n'y a pas de revendication claire mais des revendications très diffuses. Une affiliation politique ou syndicale permet de porter des revendications claires qui peuvent donner suite à des discussions, des négociations voire des compromis. Là, c'est beaucoup plus compliqué."
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