Bagnères-de-Luchon. Rosalie Varda, présidente du jury du festival des créations audiovisuelles de Luchon : "Même dans le cinéma, on est encore loin de la parité"
Pas de dédicaces au festival des créations audiovisuelles de Luchon qui se tient cette semaine sur internet. Mais des "toiles" à voir sur la toile gratuitement, en compétition fiction unitaires, séries, et documentaires… dont nous parle la présidente du jury.
Au festival virtuel de Luchon qui commence mercredi, la présidente du jury documentaires est une enfant de l’écran. Fille d’Agnès Varda, adoptée par Jacques Demy, la créatrice de costumes Rosalie Varda gère avec son demi-frère Mathieu Demy les archives de leurs parents. Elle intervient aussi comme consultante chez MK2. Interview.
Le festival de Luchon sera uniquement virtuel, que va-t-il vous manquer ?
Il va nous manquer de rencontrer les partenaires du jury, de croiser le public, de parler avec les réalisateurs, mais on s’adapte pour qu’il y ait la possibilité de quand même parler de cinéma. On fera avec, et je suis contente que Luchon ait pu mettre en place ce festival.
Dans les documentaires de l’année, il est question de pédophilie, de violences conjugales, de vieillesse, de discrimination raciale, préparez vos mouchoirs !
C’est ça, c’est le monde, mais on ne va préparer nos mouchoirs, on a simplement envie de voir, d’écouter, de débattre, d’avoir de l’empathie aussi. Le documentaire est cette forme de cinéma faite pour raconter la société, parler des êtres humains, échanger. Souvent, dans les festivals, une unité de thèmes se dégage sans que ce soit prémédité au départ.
Question documentaire, votre mère Agnès Varda a apporté un regard curieux et poétique et une inimitable voix off…
Agnès avait une recherche très intéressante en ce sens qu’elle allait vers les autres, les anonymes, et que ses sujets naissaient de son regard. C’est ce qui s’est passé avec les patates qu’elle a laissé germer et qui ont fait germer beaucoup d’autres choses… Elle a eu ça jusqu’à la fin, lors de sa rencontre avec le photographe JR qui a été très joyeuse, "il est mes jambes et il court vite", disait-elle.
A-t-elle eu une reconnaissance alla hauteur de son œuvre ?
Elle a eu tous les honneurs, un César une palme d’or, un Oscar d’honneur et une belle vie très remplie, et si elle n’a pas eu de grand succès public, elle était très aimée, les gens la remerciaient de ce qu’elle avait fait.
Ce lundi, c’est la journée des droits de la femme, l’occasion de revoir un de ces films ?
Voyez "Réponses de femmes" sur internet, c’est un court-métrage de 8 minutes tourné en 1975 : un vrai cinétract !
Porter son nom, c’est ?….
Un plaisir du quotidien, j’en suis très fière, je suis une petite fourmi derrière elle, mais j’ai hérité de son énergie.
Où en êtes-vous au collectif 50/50 pour la parité au cinéma ?
Actuellement, en France, on est entre 25 et 27 % de films réalisés par des femmes, ce qui est encore loin de la parité, et on voit surtout que les films faits par des femmes ont beaucoup moins de moyens que ceux tournés par des hommes.
À l’exemple d’Antoinette dans les Cévennes, de Caroline Vignal ?
Oui, j’ai vu ce film, charmant, qui fait partie des quelques-uns qui sont sortis l’an dernier, "Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait" d’Emmanuel Mouret, j’ai vu aussi "Josep", très beau, d’Aurel, mon confrère du jury de Luchon, et le magnifique "Adolescentes", de Sébastien Lifshitz… On va en reparler à la fin de la semaine pour les César, en direct dans notre canapé ! En attendant la réouverture des cinémas, j’espère mi-avril.
Et en attendant, on fait le tour des plateformes ?
Oui, bien sûr, allons partout chercher les spectateurs de films, il faut être avec les plateformes, pas contre elles.
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