Assurances : les primes de 2021 gelées pour les secteurs les plus touchés par la crise du coronavirus
Bonne nouvelle pour les professionnels de la restauration, de l'hôtellerie et d'autres secteurs frappés de plein fouet par la crise sanitaire : les compagnies d'assurances ont accepté de geler pour toute l'année 2021 leurs cotisations multirisques professionnels.
Les assureurs ont concédé un gel des primes l'an prochain aux entreprises des secteurs les plus touchés par la crise, une mesure immédiatement jugée insuffisante par les restaurateurs, alors que le gouvernement a aussi renoncé à rendre obligatoire une future assurance pandémie.
A l'issue d'un bras de fer avec des assureurs sous la menace d'un prélèvement exceptionnel, un accord a été trouvé lundi pour les entreprises de moins de 250 salariés de l'hôtellerie, des cafés, de la restauration, ainsi que l'événementiel, du tourisme, du sport et de la culture.
Ces entreprises ne verront pas leur contrat d'assurance professionnelle multirisque augmenter en 2021, a annoncé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire dans une intervention diffusée sur Twitter à l'issue d'une réunion avec les assureurs.
L'accord prévoit aussi d'offrir "gratuitement en 2021 aux mêmes entreprises une couverture d'assistance pour les chefs d'entreprises et les salariés quand ils ont été touchés personnellement par le coronavirus", ainsi que la création d'une "médiation" de l'assurance pour régler les litiges entre les compagnies et les professionnels, comme elle existe déjà pour les particuliers, a précisé le ministre.
"Pas d'assurance pandémie obligatoire"
Autre sujet brûlant, alors que les assurances pour perte d'exploitation ne couvrent que très rarement le risque épidémique, Bruno Le Maire a indiqué qu'"il n'y aurait pas d'assurance pandémie obligatoire", mais la possibilité pour les entreprises qui le souhaitent "de se constituer des provisions qui bénéficieraient d'un régime fiscal particulièrement avantageux".
"Nous poursuivons nos travaux sur l'assurance pandémie" mais "j'ai entendu les inquiétudes de toutes les entreprises (...) qui ne veulent pas de charges nouvelles" qui seraient "insupportables pour elles", a justifié le ministre de l'Économie.
Selon Bercy, le coût d'une telle assurance est "disproportionné" alors qu'une pandémie comme celle que nous vivons actuellement ne survient que très rarement. Contrairement aux catastrophes naturelles qui sont plus fréquentes, les entreprises "ne verraient jamais la couleur" de leurs cotisations contre le risque pandémique parce que c'est "un risque qui survient tous les 25 ans, bien plus que la survie d'une PME moyenne", explique-t-on de même source.
"Totalement insuffisant"
Depuis le début de la crise, le secteur de l'assurance a déployé diverses mesures de soutien à l'économie représentant 3,8 milliards d'euros d'engagements. Mais les assureurs sont sous le feu des critiques, accusés de ne pas en faire assez, et des dizaines de contentieux entre restaurants et assureurs sur la couverture des pertes d'exploitation ont été portés devant les tribunaux.
"C'est totalement insuffisant, ce gel des primes en 2021, parce que les assureurs ont dénoncé une très grande majorité de contrats en proposant des conditions inférieures à ce que nous avions avant", a déclaré à l'AFP Didier Chenet, président du syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration. Didier Chenet demande la création d'une commission parlementaire et accuse les assureurs de n'avoir payé que le tiers de leur dû au titre des pertes d'exploitation.
Pour Alain Grégoire, coordinateur national sur le dossier assurance de l'Umih, le principal syndicat de l'hôtellerie restauration, l'accord "n'est pas à la hauteur [de leurs] espérances, de ce à quoi Bruno Le Maire s'était engagé vis-à-vis de la profession, à savoir la capacité à prendre en charge a minima 30 % des pertes d'exploitation du 15 mars au 2 juin pour [leurs] professions". "C'est une réponse en trompe-l'oeil, et la déception est immense pour la filière", d'après Alain Grégoire.
Dimanche, le PDG de l'assureur Axa France Jacques de Peretti avait dénoncé un "chantage scandaleux" de la part de Bruno Le Maire, qui réclamait le gel des primes pour 2021, faute de quoi le gouvernement soutiendrait un amendement déposé au Sénat visant à instaurer une contribution exceptionnelle de 2 % sur les primes versées au titre des contrats d'assurance dommage.
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