2018 : une pionnière féministe à La Dépêche
Hissée sur un empilement de journaux, Olympe de Gouges, pionnière du féminisme dès la Révolution française, siège depuis deux ans dans le hall de « La Dépêche » à Toulouse. Représentée par un saisissant buste de grès noirci de carbone, l’écrivaine révolutionnaire de « La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » (1791) est née des mains de l’artiste aux origines toulousaines Cécile Raynal. Représentée en femme encore jeune, aux traits volontaires et à l’expression tragique, les longs cheveux d’Olympe sont tranchés, du côté où la guillotine s’abattra sur elle, un jour de novembre 1793, à l’âge de 45 ans. Ce n’est pas un hasard si cette oeuvre forte est arrivée au journal en 2018 à l’occasion de la journée des droits des femmes.
« C’est important pour nous d’accueillir cette femme de grande valeur qui a montré sa détermination, et une femme née sur nos terres », a dit Marie-France Marchand-Baylet, présidente de la Fondation Groupe Dépêche, à l’origine d’installation d’oeuvres d’art à La Dépêche. C’est la deuxième sculpture de Cécile Raynal présentée au journal, la première est un groupe d’hommes assis, privés de jambes, oeuvre menée avec des détenus. Née en 1748 à Montauban sous le règne de Louis XV, Olympe de Gouges, montée à Paris, y écrit des pièces de théâtre et prend part à la révolution. Ses idées vont plus loin : elle est contre la peine de mort, elle propose l’abolition de l’esclavage, elle veut le suffrage universel, autant d’avancées qui attendront les siècles suivants avant d’être accordées. Elle voulut un temps éviter l’échafaud au roi mais, en citoyenne, elle présentera l’arrêt de mort de « Louis Capet, conspirateur »…
Elle ne lui survivra qu’une dizaine de mois avant de connaître le même sort. Resurgie de l’oubli depuis le bicentenaire de la Révolution, Olympe inspire aujourd’hui des metteurs en scène, des historiens, des élus, des artistes. Cécile Raynal, sculpteur qui ne craint pas de se coltiner à l’âpreté de la matière, a trouvé son modèle, « une visionnaire, une résistante qui a perdu mais dont le combat est encore d’aujourd’hui, pour les femmes et pour les hommes », affirme-t-elle. «La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune», proclamait Olympe. La peine de mort est abolie, et le droit à la tribune est une conquête... permanente.
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