12 juillet 1998 : et un et deux et trois zéro pour l’éternité
Le siècle s’éteignait doucement et la France du foot brillait toujours par son absence au palmarès le plus huppé de la planète, celui de la Coupe du monde. Un podium pour la génération Kopa-Fontaine en 1958, un pour celle de Platini-Giresse en 1986 et puis c’est tout. Quatre ans après la "dramatique injustice" de Séville face à nos bourreaux allemands, l’édition mexicaine, avec le fameux quart de finale de Guadalajara (ah ce dernier "péno" de Luis Fernandez !) et l’élimination du Brésil avait fait naître une ambition nouvelle. Mais les Bleus d’Henri Michel puis ceux de Gérard Houiller incapables de valider leur ticket pour le Mondial de 1990 en Italie et de 1994 aux Etats-Unis désespéraient leurs supporters. Heureusement, il n’y a pas besoin de passer par la case qualification 98 puisque la France organise l’événement pour la deuxième fois. Souvent, le pays hôte favorisé par le destin ou galvanisé par le public décroche le "pompon" (Uruguay 1930, Italie 1934, Angleterre 1966, Allemagne 1974, Argentine 1978…)
Sous la baguette d’un roi
Et les Bleus d’Aimé Jacquet, malgré une pluie de critiques (plutôt justifiées, soyons honnêtes…) concernant leur pauvre jeu vont confirmer la règle sous la baguette d’un roi, Zinedine Zidane, Yazid pour les intimes, Zizou pour le reste du monde. Jacquet en veut toujours aux journalistes qui ont osé douter de lui, et comme il a gagné, il a bien raison…
Ce tournoi de début d’été a plongé le pays dans une sorte de folie, parfois sympathique, parfois furieuse (il ne faisait pas bon se trouver dans les rues de la capitale au soir du 12 juillet !) qui mettrait des jours, des semaines presque, à s’éteindre. On connaît même des vétérans qui n’ont jamais quitté tout à fait leur bob millésimé frappé du terrible Footix…
Des campings des Landes aux chalets de Maurienne, des vagues d’Armorique aux plages du Roussillon, des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche comme dirait quelqu’un qui se moquait des dribbles comme de sa première paire de rimes, l’hystérie a tout emporté. Même Jacques Chirac, à l’époque en poste à l’Elysée, a craqué publiquement pour ce mouvement "black-blanc-beur" si riche de promesses et resté sans lendemain.
Les amoureux de football n’ont pas tous osé l’avouer, mais tous auraient préféré un adversaire d’un autre calibre que ce Brésil sans génie, ni jambes, ni volonté (ça fait beaucoup !), massacré par deux buts de Zizou et un de Manu Petit, autorisant la formule devenue célèbre, et un et deux et trois zéro.
Un président ravi, un président puni
Un Ariégeois au crâne de pierre gardait jalousement les buts, un Président était puni (pas Jacques de Corrèze, Laurent, des Cévennes, (suspendu après un carton rouge face à la Croatie alors qu’il avait sauvé la patrie à la 113e minute face au Paraguay de Chilavert à Lens en quart de finale), un Youri dansait sur la scène du Stade de France (quel joli nom…) treize jours avant Mick Jagger, un grand blond sanctifiait le 1 000 but de l’histoire des Bleus… Barthez, Blanc, Djorkaeff, Petit, et Thuram et Karembeu et Desailly et… Didier Deschamps, les têtes de liste d’une famille en or restée dans les mémoires et racontées à leur fils, et petits-fils aujourd’hui par des témoins toujours sous le charme et la passion après deux décennies.
L’équipe de France qui ne gagnait jamais rien avant 1984 (Coupe d’Europe à… Paris face à l’Espagne, Jeux Olympiques de Los Angeles à Pasadena face au Brésil) a changé de statut dans la douceur de ce dimanche 12 juillet 1998. Une nouvelle couronne européenne et une deuxième étoile sont venues orner le maillot, mais ceux de 98 resteront les premiers. À jamais…
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