En 1949, Fausto Coppi, anonyme au Stadium…
Le 13 juillet 1949, à la sortie des Pyrénées, le peloton du Tour arrive pour la première fois sur la piste du Stadium de Toulouse. Coppi n’est pas encore maillot jaune, Van Steenbergen s’impose. Revivez l’étape...
Sur les montagnes de marbre d’une montagne oubliée, l’hommage déposé par l’association des Piémontais de Montauban. « L’ultima fuga dell’Airone ». La dernière échappée du héron. Fausto, l’oiseau roi couronné d’un pédalier d’or et d’une chaîne de diamants. Ce témoignage a été déposé en 2014 sur le mausolée des frères Coppi (Serse, son frère est décédé le 29 juin 1951 suite à une chute au Tour du Piémont). Lors de ses trois participations, le campionissimo n’a jamais eu l’occasion de rouler à Montauban ni même dans le département, mais il a eu le temps de marquer ses nombreux compatriotes exilés sur les bords de Garonne.
La folle remontée
Pour sa première visite en France à l’été 1949, quelques semaines après avoir gagné son troisième Giro, Fausto tombe en Normandie et veut abandonner. Le soir, à l’hôtel « Alexandra et Colibri » de Paramé, près de Saint-Malo, Alfredo Binda, le patron de l’équipe d’Italie le persuade de rester pour… aider Gino Bartali. Trente-sept minutes de retard en arrivant en Vendée, près de douze d’avance au Parc des Princes ! Une folle remontée difficile à imaginer, même à l’époque. Il écrase le chrono des Sables-d’Olonne, celui de Nancy (137 km !), survole les Alpes avec une victoire à Aoste un cadeau à Bartali à Briançon (l’étape et le maillot jaune pour les 35 ans du Vecchio)…
A lire aussi : 1936, la Guerre d’Espagne présage la Seconde Guerre mondiale
Le champion de Novi Ligure, disparu une dizaine d’années plus tard après avoir ramené la malaria d’une tournée en Haute-Volta, aurait sans doute gagné à Luchon sans une crevaison un peu avant le sommet de Peyresourde. Un détail. Coppi devient le premier coureur à gagner le Giro et le Tour la même année. Il ramènera un second maillot jaune à Paris trois ans plus tard.
Rik, premier pour unepremière au Stadium
Le 13 juillet, une journée de « transition » ramène le peloton de Luchon à Toulouse. Pour la première fois, le Stadium flambant neuf accueille les champions. Lors de chaque visite dans la Ville rose, jusqu’en 1970 et la victoire du Belge Albert Van Vlierberghe, toutes les arrivées auront lieu sur le ciment de l’île du Ramier.
A lire aussi : 1936, la révolution du Front populaire
Le parcours est court (134 km) sans difficultés et il faut attendre Muret pour voir une échappée prendre forme. Le Clermontois Raphaël Géminiani provoque la sortie d’une douzaine de braves. Marcel Kint, Briek Schotte, Désiré Keteleer, Rik Van Steenbergen, Alfredo Martini, Custodio Dos Reis, Georges Ramoulux, Marcel Hendrickx, Roger Le Nizerhy, Ferdi Kubler Stan Ockers… Humilié par Guy Lapébie à Bordeaux un peu plus tôt, le grand Anversois profite de la supériorité numérique des Belges pour enlever à Toulouse une éclatante première victoire d’étape sur le Tour. Le triple champion du monde en « claquera » trois autres jusqu’en 1955. Fiorenzo Magni, leader, et son compatriote Coppi terminent au chaud à une trentaine de secondes.
À Albi, Juan Manuel Fangio domine le prince
Deux jours avant l’arrivée du Tour de France cycliste à Toulouse, à une semaine du premier Grand Prix de France de l’histoire à Reims-Gueux, les meilleurs volants (et guidons !) de la planète se retrouvent dans le Tarn, sur un circuit triangulaire comme celui de Champagne.
« Birabongse Bhanutej Bhanubandh », pilote siamois plus connu sous le nom de Prince Bira, va terminer à la deuxième place. Il n’a pas à rougir, son vainqueur, c’est Juan Manuel Fangio, le champion argentin, sur Maserati L4 C lui aussi.
Dans la Marne c’est le Monégasque Louis Chiron qui devancera le gentleman-driver thaï ganté de blanc, un des plus distingués héros de l’histoire de la course automobile… Derrière Fangio et son adversaire asiatique, ancien élève de l’université de Cambridge, Louis Rosier (Talbot), Emmanuel de Graffenried (Maserati), Guy Mairesse (Talbot), et Raymond Sommer (Talbot)…C’était seulement la sixième victoire de Fangio en Europe.
Le fameux circuit des Planques, ancêtre du Séquestre est resté dans la mémoire de tous nos aînés. Il mesurait à l’époque 8,911 kilomètres et les concurrents, cet été-là, s’expliquaient sur une distance totale de 302, 634 km… L’épingle de Saint-Juéry avait déjà été gommée mais les voitures coupaient toujours la voie ferrée, s’envolaient sur une bosse et abordaient la longue ligne droite de Monplaisir et la route de Millau. Sept virages seulement, mais des sensations fortes à tous les étages !
À l’époque, les Grands Prix auto étaient souvent accompagnés de courses de motos. À Albi ce jour-là, en 500 cm3, la victoire est revenue à Jean Behra (Guzzi). Le populaire niçois allait passer ensuite sur quatre roues et trouver la mort à Berlin sur le circuit de l’Avus à 38 ans. Aux Planques, Behra s’était imposé à 140 km/h de moyenne, alors qu’une autre figure tricolore des sports mécaniques, Jojo Houel, sur Vélocette, s’imposait en 850.
Albi, Cadours, Saint-Gaudens-Comminges, la région avec ses circuits d’un autre âge, inimaginables aujourd’hui, a connu dans la première moitié du XXe siècle des moments très forts. Des foules incroyables (50 000 personnes à Albi) se pressaient au bord de la « piste » sans mesure de sécurité. La tragédie des 24 heures du Mans 1955 (84 morts dont le Français Pierre Levegh) a tourné définitivement une page de l’histoire.
P.L
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?