"Je ne suis pas un simulateur" : le cri du cœur d’un soignant en arrêt maladie privé d’indemnisation sécu
La CPAM prend un agent hospitalier de la région de Toulouse pour "un malade imaginaire".Elle lui a retiré toute aide malgré les protestations d’un médecin du travail.
Sébastien est en arrêt maladie depuis fin mars 2022. Cet habitant de la banlieue toulousaine ne peut plus tenir sa fourchette. "Lorsque les douleurs sont trop fortes, mes doigts se bloquent et mes mains se gonflent et s’ankylosent", dit-il en tapotant ses phalanges toutes tremblantes.
Le moral de cet agent hospitalier est au plus bas. La CPAM lui a "sucré" ses indemnités journalières. "Pour renouveler mes aides, j’ai d’abord soumis l’intégralité de mon dossier médical. Comme c’est très complexe, j’ai demandé un rendez-vous auprès d’un médecin-conseil de la Sécu pour qu’il comprenne bien mon cas. Elle m’a à peine ausculté et j’ai ressenti chez elle une forme de suspicion surtout lorsqu’elle m’a demandé ce que je pouvais bien faire de mes journées… Je ne suis pas un simulateur qui vit au frais de la société ! Si je pouvais, je reprendrais tout de suite mon job. Il m’était intolérable de rester dans cette situation. Je ne peux même pas avoir de loisirs. Mes journées se résument à regarder la télévision et à écouter la radio, en attendant le retour de mon compagnon…", se désole-t-il.
Depuis la résiliation des indemnités journalières fin mars, il ne touche plus un centime : "Grâce à la convention de la clinique où j’exerce, mon salaire est intégralement maintenu pendant mes périodes de maladie sauf si la Sécu arrête de nous verser des aides financières. Je ne pouvais rester comme ça. J’ai voulu retravailler mais la médecin du travail m’a stoppé net en m’expliquant que c’était trop dangereux pour moi et pour les patients que je reprenne mon poste. À cause de mes problèmes, j’avais de plus en plus tendance à laisser glisser des objets des mains."
Cette praticienne n’a pas hésité à prendre la plume pour dénoncer fermement la décision du médecin-conseil de la sécu. Après avoir listé toutes les pathologies dont souffrait le soignant (hypertension, allergie, etc.), elle a "démoli" les conclusions du médecin-conseil.
La grande muette
Extraits : "Lors de notre dernière consultation (avec Sébastien NDLR), il évoque une gêne majeure dans les actes de la vie quotidienne avec notamment des douleurs des mains à type de décharge et des douleurs liées à la préhension aggravées par la force de serrage et des tremblements. Son état de santé actuel contre-indique pour moi toute reprise d’activité professionnelle. Je reste dans l’attente des explorations à venir en espérant qu’elles permettent de poser un diagnostic et d’engager une prise en charge. Dans l’intervalle et dans l’objectif d’éviter un risque de désinsertion professionnelle, une prolongation de son arrêt de travail semble souhaitable."
La direction de la CPAM, telle la "grande muette", refuse tout commentaire sur cette affaire où pourtant deux médecins diplômés s’écharpent sur la réalité effective des problèmes de santé d’un malade mais rappelle que Sébastien peut contester la décision prise en saisissant la commission médicale de recours amiable.
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