Fini le bruit à l’Assemblée nationale ? Des capteurs sonores vont être testés pour inciter les députés à limiter les décibels
L’hémicycle de l’Assemblée nationale est trop bruyant. Souvent comparés à "une cour de récréation" par les parlementaires, de plus en plus de députés se plaignent de ne pas pouvoir travailler dans ces conditions. Une expérimentation est en cours pour mesurer l’intensité sonore des débats et les calmer lors des pics.
C’est le député Renaissance Robin Reda qui est à l’initiative de cette installation, qui s’est déroulé mercredi 15 mai : des capteurs de décibels ont été disséminés dans l’hémicycle du Palais Bourbon pour avertir la présidente de séance quand les altercations entre députés gênent le déroulé des débats. "La santé auditive est un enjeu de société, l’Assemblée montre l’exemple !", avait déclaré le député, également président du Conseil national du bruit, un organisme public de lutte contre les nuisances sonores, sur son compte X.
\ud83d\udd0aLes capteurs de bruit sont arrivés dans l’hémicycle !
— Robin Reda (@robinreda) May 15, 2024
Merci à @YaelBRAUNPIVET d’avoir repris cette proposition que j’avais formulée comme Président du conseil national du bruit.
La santé auditive est un enjeu de société, l’Assemblée montre l’exemple !https://t.co/qXsuVSk7vT pic.twitter.com/9812YPVf7F
La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a annoncé il y a une dizaine de jours que des capteurs sonores allaient être installés du 15 mai au 12 juillet, pour prévenir de la surdité et la fatigue sur les parlementaires et leurs collaborateurs. En effet, selon l’Institut national de recherche et de sécurité, le bruit est source de fatigue, de troubles du sommeil et cardiovasculaires.
Des débats à plus de 90 décibels
En février 2023, durant des débats sur la réforme des retraites, la députée de la majorité Patricia Lemoine s’indignait d’une notification provenant de sa montre connectée informant d’une exposition de plus de 90 dB. En comparaison, le bruit d’un avion équivaut à 85 décibels.
\ud83d\udc42 Preuve des vociférations des députés #NUPES dignes d’une cour d’école, la montre d’une collègue s’affole… ?\ud83c\udffc\u2640\ufe0f
— Patricia Lemoine (@P_Lemoine) February 6, 2023
Les Français méritent mieux : un débat de fond, apaisé et constructif !#ReformeDesRetraites #DirectAN pic.twitter.com/i6KyiltI28
Mesurer la cacophonie des débats va permettre de constater concrètement l’intensité sonore de certaines séances et d’évaluer les risques physiques auxquels s’exposent élus et agents.
En cas de dépassements récurrents et prolongés des niveaux corrects de décibels, la présidente pourra par exemple appeler au calme ou modifier certaines consignes.
Réactions divisées
Certains députés jugent "ridicule" l’installation de ces capteurs, ou craignent que leurs messes basses ne soient écoutées. Un conseiller cherche à rassurer ceux qu’il qualifie de "complotistes", en précisant que les capteurs ne mesureront que les décibels. D’autres députés estiment que c’est une excellente initiative, à l’instar d’un élu PS qui souligne que "parfois, on n’entend pas les orateurs". Un député LR partage même qu’il a dû revoir en replay le premier discours de politique générale d’Élisabeth Borne, car il n’entendait rien sur le moment.