Attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure : entraves, ceinture abdominale, menottes… en quoi consiste l’escorte de niveau 3 renforcée ?

Le détenu multirécidiviste Mohamed Amra, alias "La Mouche", s’est évadé mardi 14 mai dans l’attaque à l’arme lourde contre le fourgon pénitentiaire qui le ramenait de la maison d’arrêt d’Evreux où il a été entendu pour "tentative d’assassinat". Un mandat de recherche classé alerte rouge a été émis par Interpol. Son extraction judiciaire relevait d’une escorte de niveau 3 renforcé, quoiqu’il n’ait pas été inscrit au répertoire des DPS (détenus particulièrement signalés) d’après un communiqué du Ministère de la justice émis le jour même.

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En deuil, la profession des agents pénitentiaires dénonce des moyens insuffisants et réclame que les extractions soient cantonnées au strict minimum.

Entraves, ceinture abdominale et menottes

Entraves, ceinture abdominale, menottes à usage unique : telles sont les moyens drastiques employés lors de l’extraction judiciaire d’un détenu relevant comme Mohamed Amra d’une escorte renforcée de niveau 3. "Ces précautions doivent être prises en vue d’éviter les évasions et tous autres incidents lors des transfèrements et extractions de personnes détenues, stipule l’article D215-5 relatif au décret du 30 mars 2022 du code pénitentiaire. Ces personnes détenues peuvent être soumises, sous la responsabilité du chef d’escorte, au port des menottes ou, s’il y a lieu, des entraves."

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"Très connu de la justice", selon la procureure de Paris Laure Beccuau, Mohamed Amra a été condamné plusieurs fois dans des dossiers de délinquance organisée. Il est par ailleurs soupçonné d’être à la tête de trafics de drogues au nom desquels il aurait commandité des meurtres selon une source proche du dossier citée par l’AFP. À ce titre, son extraction judiciaire faisait l’objet d’une escorte de niveau 3 renforcé. Le code pénitentiaire prévoit 4 niveaux d’escorte, le premier ayant trait aux détenus considérés comme peu dangereux, tandis que le dernier concerne ceux inscrits au répertoire des DPS (détenus particulièrement signalés). Selon le procureur de Paris cité par 20Minutes, deux agent supplémentaires avaient été affectés au convoi les jours précédents et tous étaient armés. Toutefois, l’opération commando a triomphé sans mal du convoi. Le parquet de Paris relate l’événement, repris par Libération : sur les coups de 11h, un premier véhicule a percuté le convoi à hauteur du péage d’Incarville sur l’A13, puis un second a surgi d’où sont sortis plusieurs hommes, qui ont ouvert le feu sur les agents pénitenciaires. Ceux-ci n’avaient aucune chance de s’en sortir.

Les agents pénitentiaires réclament la réduction drastique des extractions

Au cours de l’attaque à l’arme lourde du fourgon, deux agents pénitentiaires ont trouvé la mort. En réaction, des mobilisations ont eu lieu mercredi 15 mai sur tout le territoire afin de saluer la mémoire des victimes. Le garde des Sceaux a appelé les agents du ministère de la Justice à tenir une minute de silence mercredi 15 mai à 11 h. Il a reçu l’Intersyndicale de l’administration pénitentiaire place Vendôme à 14 h. Celui-ci revendique une série de mesures pour assurer la sécurité des agents, dont "la réduction drastique des extractions en favorisant l’utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements", ainsi que le relate Libération.

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Autrefois dévolues aux policiers et gendarmes, les missions d’escorte sont assurées depuis 2011 par les agents pénitentiaires. À ce titre, ces derniers sont "armés et dotés de gilets pare-balles" précise le communiqué du Ministère de la justice émis le 14 mai dernier suite à l’évasion de Mohamed Amra. Des moyens jugés insuffisants par l’intersyndicale des agents pénitentiaires.