"Je me suis dit qu’ils allaient tirer": il menace les policiers avec un couteau

  • Les policiers de Castelsarrasin ont été menacés par le mis en cause avec un couteau.DDM, Manu Massip
    Les policiers de Castelsarrasin ont été menacés par le mis en cause avec un couteau.DDM, Manu Massip
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Florent Duprat

l'essentiel Attila, 57 ans, était sorti de chez lui en menaçant des policiers avec un petit couteau, le 4 mai à Castelsarrasin. Il a été reconnu coupable de violences sur policiers en récidive, menaces de mort, outrage et rébellion.

Un soir de déprime plus fort que les autres, Atilla a failli commettre l’irréparable, samedi 4 mai 2024 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). Il est environ 22 heures. L’homme, dépressif, vient d’ingérer un demi-cachet de Lexomil. La molécule se mélange à l’alcool consommé par le prévenu dans la journée. "Sept ou huit canettes de bière selon vos déclarations", recense le président du tribunal de Montauban, lors de l’audience de comparution immédiate, quatre jours plus tard.

"On est habitué à le gérer mais ça monte crescendo"

"Je pensais qu’il s’agissait de gens qui viennent souvent taper à mes volets. Je suis sorti de chez moi avec un couteau d’électricien pour leur faire peur et qu’ils arrêtent de m’embêter", explique Attila dans un premier temps. "Pourquoi ne pas avoir baissé votre lame de sept centimètres quand vous avez vu que c’étaient des policiers ?", l’interroge le magistrat. "Je me suis dit qu’ils allaient me mettre une balle, j’en avais marre de la vie", finit par souffler, d’une voix éteinte, l’homme au survêtement kaki et au manteau marron, qui émet des regrets.

Les forces de l’ordre s’étaient déplacées une première fois au domicile du prévenu pour tapage, quelques instants plus tôt. Avant d’être sollicitées sur une autre intervention chez un voisin. C’est lorsqu’elles sont revenues à leur voiture qu’elles ont fait face au Castelsarrasinois ivre.

"On est habitué à le gérer mais ça monte crescendo ces derniers temps, témoigne un policier expérimenté. Il est très misogyne et s’en prend aussi à mes collègues féminines", enfonce le "nuitard". Lui est blessé à l’épaule au cours de la soirée en mettant au sol l’individu menaçant. Il sollicite 2 000 euros pour sa blessure et 1 000 euros de préjudice pour les outrages. Sa jeune collègue, qui n’a pas souhaité s’exprimer à la barre, demande, elle, 900 euros pour les outrages.

Pendant le trajet vers le commissariat, le mis en cause est agité, vocifère des insultes et des menaces. "Je vais poser une bombe au commissariat", cite notamment le juge. Le lendemain matin à 8h30, l’alcoolémie du mis en cause est mesurée : environ 0,5 gramme d’alcool par litre de sang. Quand on sait que le gramme d’un individu lambda faiblit d’environ 0,15 gramme par heure, on imagine aisément l’état du prévenu au moment des faits…

"Il faut se faire soigner !"

Ce père célibataire, qui ne voit plus son fils, possède dix mentions à son casier, essentiellement pour des outrages et des menaces sur fond d’alcool. Un problème avec la boisson qu’il est forcé de reconnaître durant l’audience.

"Il sait que, quand il boit, ça ne le calme pas, ça le déchaîne. Il nous dit que c’est un geste suicidaire. Mais il faut se faire soigner ! Il ne tire aucun enseignement du suivi mis en place dans le cadre de ses précédentes condamnations, regrette la substitut du procureur. On a tout essayé avec lui, raison pour laquelle je veux solliciter dix mois de prison ferme, la révocation d’un sursis à hauteur de deux mois et un maintien en détention", argumente la magistrate du parquet.

En défense, son avocate déplore "une personne aux deux visages. Le sobre que nous voyons à l’audience et le déchaîné lorsqu’il a bu, qui lui confère un sentiment de persécution. Depuis son divorce, il a vécu une descente aux enfers." Elle plaide pour une peine mixte avec une peine probatoire avec obligation de soins. "C’est son garde-fou : un réel parcours de soins, poussé, qu’il va devoir engager. Alors que son incarcération lui ferait perdre son logement et entraînerait sa plus grande marginalisation."

"Votre ultime chance"

Un argumentaire entendu par le tribunal. Attila écope de dix-huit mois de prison dont douze avec sursis probatoire, une obligation de soin addictologique et psychologique, l’obligation de réparer les dommages, d’indemniser les victimes pour le préjudice moral (1 400 euros au total) et une interdiction de port d’arme pendant cinq ans.

Pour les six mois de prison ferme à purger, les magistrats prononcent l’aménagement sous la forme d’une détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE). "Il s’agit de votre ultime chance", le prévient le juge.