REPORTAGE. Grippe aviaire : "il n’existe aucun risque sur la viande ou pour le consommateur", assurent les éleveurs
La grippe aviaire H5N1 transmissible à l’homme par l’animal ? Ce n’est pas nouveau relèvent les éleveurs. Mais aucun cas n’a été constaté en France, rappellent les professionnels, soulignant les normes de sécurité et de protection déjà appliquées contre le virus pour prévenir toute pandémie.
Grippe aviaire : deux mots qui résonnent toujours comme une catastrophe pour les éleveurs de gras et de volailles du Sud-Ouest. "H5N1 a déjà coûté 1 milliard d’euros sur la seule année 2022, chiffre officiel", rappelle Sylvie Colas, éleveuse dans le Gers, secrétaire nationale de la Confédération paysanne et sa référente "grippe aviaire". Mais concernant les dernières menaces de mutation du virus, lancées par l’Organisation mondiale de la santé, avec à la clé une éventuelle transmission entre humains, un jour… L’heure reste à la circonspection.
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"Ce n’est pas la première fois que l’OMS nous alarme", rappelle Sylvie Colas. Chacun attend donc d’"en savoir plus" sur "ce sujet remis au goût du jour à cause des bovins, dans le cadre d’un modèle américain d’élevage qu’on ne peut en aucun cas comparer au nôtre", résume Benjamin Constant, éleveur à Sainte-Radegonde (32), président de l’association gersoise pour la promotion du foie gras et de l’aviculture. "En France, tout est fait pour éviter le risque potentiel" sur ce dossier restant " très polémique ", souligne-t-il.
"Tourner la page"
Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Gers, Haute-Garonne, Lot… "Ceux qui ont été touchés veulent tourner la page", pointe-t-il. 2015, 2016, 2017 puis saison 2021-2022 marquée par la plus grande épizootie saisonnière relevée en Europe, pour 21,8 millions de palmipèdes et volailles abattus en France, première victime avec 38 % des foyers… Si on y ajoute les derniers épisodes de 2023, avec 4,06 millions " d’abattages préventifs ", chacun comprendra le traumatisme que ressentent toujours les acteurs de la filière, dès que le virus revient sur le devant de la scène.
Pour autant, un constat fait aussi l’unanimité : 24 millions de palmipèdes déjà vaccinés avec un objectif de 64 millions pour septembre 2024 et des précautions sanitaires rigoureuses, en France : l’Occitanie n’a rien à voir avec l’élevage bovin du Texas, les chaînes d’abattage d’Europe de l’est et les usines à volailles d’Asie, "où les gens vivent et dorment au contact des animaux", pointe Christophe Roux, à la ferme d’Empluhaut (32), soulignant, lui aussi, qu’"il n’y a jamais eu en France de cas avéré de transmission à l’homme."
Normes de biosécurité
"Nous avons d’importantes normes de bio sécurité à respecter, on évite le contact direct et la vaccination limite aussi les risques", rappelle-t-il. Jamais plus de 200 canards dans le bâtiment, chez lui qui fait le gavage et la transformation… Le nombre d’animaux n’est pas un détail dans la prévention du risque, insiste Sylvie Colas. "La grippe aviaire nous a montré qu’il fallait baisser les jauges et privilégier le plein air car plus on industrialise, plus on fabrique les pandémies de demain", résume-t-elle.
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Or tandis qu’on vaccine… "On peut s’inquiéter de l’industrialisation qui se poursuit avec ceux qui veulent faire passer la capacité des installations classées pour l’environnement (ICPE) de 45 000 à 80000 poulets. Favoriser ça, c’est favoriser les futures pandémies, le risque pour l’homme", souligne-t-elle.
Plein air
"Plus il y a de volume, plus il a de charge virale potentielle si les animaux sont malades", pointe aussi Christophe Roux. Moins de palmipèdes et surtout, en plein air : c’est de fait le credo de Charles-Henri Roussel, durement touché par les précédentes mesures prophylactiques, alors que "les élevages autarciques fonctionnent en circuit fermé et ne diffusent pas le virus ", souligne-t-il.
Chez lui, c’est d’ailleurs une expérience officiellement suivie, désormais, comme dans 140 autres élevages français. "Mais le problème, aujourd’hui, ce n’est pas le risque de transmission à l’homme, c’est l’impact médiatique alors que le bon sens et l’hygiène suffisent à éliminer le virus", s’inquiète-t-il. Eviter les amalgames entre Asie, Etats-Unis et Sud-Ouest : essentiel et d’autant plus qu’" il n’y a aucun risque sur la viande, aucun risque de virus dans l’assiette ", conclut Christophe Roux.
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