Rixe entre marginaux : « C’était lui le Rambo, pas moi ! »
Le samedi 20 avril, une rixe a éclaté entre deux marginaux à Cahors au point que l’un d’entre eux sort un couteau, et s’en sert.
« C’est elle qui décide », blague Pierrot, 52 ans, quand on lui demande s’il veut être jugé aujourd’hui. « Ah non, c’est vous », rigole son avocate. Bonne ambiance au tribunal de Cahors en comparution immédiate, ce mardi 23 avril. Pierrot – son surnom – apparaît bien détendu. Il lève la tête d’un air distrait, regarde à droite à gauche, scrute les bancs vides du tribunal, et blague quand il peut. C’est qu’il a l’habitude des salles d’audience. « Vous savez que vous pourriez avoir votre 30e mention à votre casier judiciaire aujourd’hui ? », demande, un poil agacé, le président du tribunal. « Ah, je pensais que j’en avais déjà 30 ! ». Rires dans la salle d’audience.
Il lui décroche « un pin »
Pourtant, les faits qu’on lui reproche ne sont pas drôles. Samedi 20 avril, en fin de journée, ce marginal bien connu de Cahors discute paisiblement avec un de ses compères surnommé l’Iroquois. Tout semble aller pour le mieux sur la place Imbert où une caméra de vidéosurveillance les filme assis sur un banc. Mais sans qu’on sache trop pourquoi – il est rapidement évoqué un différend d’une dizaine d’euros – l’Iroquois va se rendre dans le Casino qui borde la place. Il est suivi par Pierrot, visiblement très énervé, au point que l’agent de sécurité de l’enseigne l’empêche de rentrer. Et Pierrot est très alcoolisé.
À la sortie du magasin, l’Iroquois fait face à son compère. Et lui décroche « un pin » préventif. « J’avais peur qu’il ait un couteau », dit aux enquêteurs l’intéressé. Et pour cause, Pierrot en sort un avec lequel il plante maladroitement son ancien copain. Des coups s’échangent, Pierrot se tire. Résultat de l’affaire pour l’Iroquois : une coupure au niveau du nez, léger coup de couteau à la poitrine, des abrasions à un bras et 6 jours d’ITT.
« C’était lui le Rambo, pas moi », se justifie aujourd’hui Pierrot en rappelant qu’il a été agressé en premier. « Si c’est lui Rambo, pourquoi est-ce que c’est votre couteau qui le touche ? », tacle le président. « Je ne le tenais même pas par le manche », se défend-il. « Votre réponse n’a pas été proportionnée, est-ce que vous comprenez ? », insiste le président. Pierrot fronce les sourcils.
Une incompréhension d’autant plus inquiétante que le marginal doit aussi être jugé pour des faits remontant au 10 mars. Il menaçait alors des passants dans la rue à l’aide d’un gros couteau de boucher.
Délire de persécutions
Selon l’expert psychiatrique, Pierrot doit composer avec une mémoire biographique altérée, un traumatisme antérieur et une polyintoxication prolongée à plusieurs substances. Il souffre également d’un délire de persécution. Pour autant, il serait accessible à une sanction pénale selon le spécialiste.
Une affirmation qui conforte l’avocat des parties civiles concernant un homme qui se pense victime d’un complot. Et « où tout le monde ment, mais rassurez-vous il dit la vérité », ironise la robe noire. « La légitime défense ne tient pas non plus, rien n’est proportionné. Cela aurait pu être mortel », complète le parquet.
De son côté, l’avocat de Pierrot fait part de son étonnement à ne pas voir l’Iroquois siéger aux côtés du mis en cause. « Il a reconnu avoir frappé le premier. C’est un dossier de violences réciproques », juge-t-elle tout en assurant que « la prison ne sert à rien au vu du profil [de Pierrot] ».
Il a pourtant été condamné à 10 mois de prison ferme et 8 avec sursis. Il a une obligation de soin, d’indemniser la victime et une interdiction d’entrer en contact avec elle. Pierrot ne réagit pas vraiment, il a les yeux encore dans le ciel.
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