Pourquoi la taxe sur les ordures ménagères continue d’augmenter sur l’agglo Castres-Mazamet ? "La potion est amère" pour le président Pascal Bugis
Une nouvelle fois, les élus du conseil de la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet (Tarn) ont dû se résoudre à augmenter la taxe d’enlèvement des ordures ménagères pour faire face à la hausse des coûts de la collecte mais surtout du traitement de l’usine Trifyl. Une énième augmentation qui a fait bondir le président Pascal Bugis.
Le sujet a été traité, trié mais difficile d’en limiter les "pollutions" mais surtout les tensions qu’il génère depuis plusieurs années maintenant. Le sujet, c’est la taxe d’ordures ménagères (TOM), une nouvelle fois évoqué à la table du dernier conseil de la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet, où il était question de voter une nouvelle augmentation des taux pour les 15 communes du bassin de vie de Castres-Mazamet.
Une augmentation "violente" selon Pascal Bugis, président de l’agglo et maire de Castres pour contenir l’évolution la TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes) et de rester dans des niveaux de prix absorbables. "Mais d’ores et déjà, nous sommes dans les choux complets", a lâché d’emblée l’élu, qui était déjà monté au créneau en 2022 suite à l’évolution inédite de la TOM de 16 %.
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"Nous ne sommes pas du tout sur les prévisionnels qu’on nous avait annoncés avec la nouvelle usine surdimensionnée de Trifyl. Au niveau des tonnages, on n’y est pas ; on nous avait annoncé un prix de 140 euros la tonne et nous sommes déjà à 200. Je ne sais pas où on va sincèrement et le résultat, c’est que nous sommes encore contraints d’augmenter la TOM, qui connaît depuis 3 ans déjà, une augmentation significative. Cette année encore, elle va servir à recueillir près d’1,5 millions d’euros de plus qu’en 2023. Alors je pense que nos concitoyens vont finir par trouver que la potion est amère…", a-t-il ajouté.
"Les coups explosent !"
"Alors on me dit qu’il n’y a pas de meilleure solution, moi je n’en sais rien. Ce que je constate, c’est qu’en 2017, on a fait le choix de sortir des bioréacteurs (de l’enfouissement) sur les sites Trifyl pour créer une usine dont on nous a dit que ce serait la seule solution pour ne pas voir les coûts exploser. Mais les coups explosent ! Et autant le bioréacteur, dans son fonctionnement, ne nous coûtait quasiment rien, autant l’usine traitement, c’est de l’énergie et du personnel qui je le crains, vont entraîner une inflation des coûts d’exploitation. On verra bien… Mais de toute façon, c’est terminé. La messe est dite", a regretté Pascal Bugis, rappelant avec dépit que la communauté d’agglo a été totalement "isolée" dans projet d’usine : "Tout le monde a plongé le cœur léger la joue tendue mais j’ai peur qu’aujourd’hui, la partie de baffes ne fasse que commencer".
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En tant que représentant du comité syndical de Trifyl, David Cucullières, a tenu à prendre la parole pour soulever "un gros problème de législation" : "Oui ça va augmenter et oui ça augmentera encore l’année prochaine. Tout simplement parce qu’il y a une TAGP que nous sommes en train de rattraper sur le plan européen car la France est très en retard là-dessus. Mais ce n’est pas la faute de Trifyl !".
"C’est là que se joue la différence et le choix stratégique de Trifyl"
Pour David Cucullières, il fallait prendre une décision. "La base de Trifyl, c’était d’enfouir les ordures pour exploiter le gaz généré par ce processus. Le seul souci c’est que la législation a changé et on a expliqué aux usines de traitement qu’elles ne pouvaient plus enterrer comme elles le faisaient. Alors il y avait deux solutions. La première : l’incinération. La deuxième : la création de combustibles solides de récupération. Et la différence, elle est où ? C’est surtout qu’avec ces combustibles, en interne, on va pouvoir faire fonctionner tout le process industriel. Et ça, ça a un intérêt fondamental. Et ce qu’il faut savoir, c’est que la France est actuellement le seul pays à ne pas payer la taxe carbone sur les incinérateurs mais ça, ça va changer. Ça veut dire que toutes les collectivités qui font traiter leurs déchets par les incinérateurs – et ça pouvait être effectivement la solution à l’époque – et bien vont se voir adjoindre, en plus de la TAGP, la facture de la taxe carbone. C’est là que se joue la différence et le choix stratégique de Trifyl. Son plan de financement n’a aucun risque et la structure sera de plus en plus concurrentielle dans les prochaines années", a-t-il assuré au président.
La hausse des taux commune par commune
La communauté d’agglomération de Castres-Mazamet n’a pas pris l’option de fixer un taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères unique aux 14 communes qui la compose préférant laisser des taux communaux. La hausse est donc répercutée commune par commune comme suit : Aiguefonde le taux passe de 13,34 % à 14,50 %, Aussillon de 9,87 % à 10,73 %, Boissezon de 17,39 % à 18,90 %, Castres ville de 12,70 % à 13,80 %, Castres rural de 10,16 % 11,04 %, Caucalières de 13,30 % à 14,45 %, Labruguière de 12,23 % à 13,29 %, Lagarrigue de 12,43 % à 13,51 %, Mazamet de 9,74 % à 10,59 %, Navès de 15, 85 % 17,23 %, Noailhac de 13,37 % à 14,53 %, Payrin-Augmontel de 11,89 % à 12,92 %, Pont-de-Larn de 12,71 % 13,81 %, Saint-Amans-Soult de 13,62 % à 14,80 % et Valdurenque de 14,84 % à 16,13 %.
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