Julou et Jacouti font la fermeture (3e partie)
JACOUTI — Nous cal faire doucement.
JULOU — C’est que nous arrivons sur les lieux estratégiques !
JACOUTI — Chut !
JULOU — Quoi ? Vous avez vu quelque chose ?
JACOUTI — Nani ! Et tu, as bist res ?
JULOU — Non.
JACOUTI — Alabes nous cal abansar…
JULOU — Avec prudence et circonspection.
JACOUTI — Que dises ?
JULOU — Avec circonspection…
JACOUTI — As rasoun : nous cal inspectar pertout. Aquel endret es farcit de gibièr. Dibèm
troubar quelquo bestio sans anar pla lèn.
JULOU (brusquement) — Chut !
JACOUTI — Que i a ?
JULOU — Chut ! Regardez.
JACOUTI — Et de que i a ?
JULOU — Un œil !.
JACOUTI — Un èl ?
JULOU — Je vois un œil…
JACOUTI — Et ountes, aquel èl ?
JULOU — Derrière ce genêt, là-bas ! Regardez bien : il y a un œil qui brille, et qui nous regarde.
JACOUTI — Boudiou ! Le besi… Fout-z-i un pet, Julou !
(Julou tire un coup de fusil sur l’œil.)
JACOUTI — A pas boujat !
JULOU — Hé oui ! Il nous regarde toujours…
JACOUTI — Tourno-z-i, Julou ! (Julou tire un deuxième coup de fusil sur l’œil)
JACOUTI — I es encaro !
JULOU — C’ est formidaple, ça ! Pourtant je vise bien !
JACOUTI — Laisso-me tirar ! (Jacouti tire deux coups de fusil sur l’œil.)
JACOUTI — L’ai tuat ?
JULOU — Je sais pas moi… mais il me semble que le vois toujours,
JACOUTI — Es un pauc fort : lusis encaro !
JULOU — C’est pas possiple, ça ! Cette bête se fout de nous !
JACOUTI — Nous i cal tirar toutis les dous al cop dinquos que siosque crebado…
JULOU — Alors, feu à volonté !
JACOUTI — Recouqui de sort qu’uno petarado ! Me resto pas uno soulo cartoucho !
JULOU — Moi non plus. Tonnerre de bonsoir ! Tout y est passé.
JACOUTI — Aqueste cop plasigur que l’abèm mitraillado, aquelo bestio ! Beses quicom, tu, Julou ?
JULOU — Attendez ! Laissez partir la fumée… Tonnerre de bonsoir ! L’œil y est encore !
JACOUTI — Aco’s uno sourcellario ! Me semblo que lusis encaro mai que tout à l’ouro…
JULOU — II n’y a pas d’autre solution : il faut aller y voir sur place pour voir de se rendre compte.
JACOUTI — l bau !
JULOU — Avancez prudemment… On ne sait jamais !
JACOUTI — Ten fasse pas, Julou. Bau prene le fusil per la canolo, et se la bestio es pas morto
l’assuqui d’un cop de crosso sur le cap.
JULOU — Faites doucement… Jevous suis.
Julou et Jacouti, effectuant un mouvement tournant de haute stratégie, s’approchent avec des ruses de Sioux du coin suspect où brille l’œil de la bête. A vrai dire, ni l’un ni l’autre ne sont bien rassurés. Ils osent à peine respirer… Le regard hagard, ils approchent. Et, soudain, on voit Jacouti qui laisse tomber son arme dans un grand geste de désespoir.
JULOU (inquiet) — Alors quoi ? Il est mort, le gibier ?
JACOUTI — Coumo dises ! Beni le beze, le gibièr ! Tè, regardo !
JULOU — Tonnerre de bonsoir ! Hépardi ! C’était ça, l’œil !
JACOUTI — Parlatz d’une farso ! Qu’uno guignasso, couqui de sort ! Et nostris cassaïres, clapats per aquelo falso émoutioun, crebant de bergougno, sans munitiouns et sans gibièr,
tournon prene le cami de l’oustal, sans faire les fierots !
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