ENTRETIEN. Jeunes juifs qui quittent Toulouse pour Israël : "Il y a à la fois un malaise sécuritaire et culturel", juge Nicole Yardeni
Nicole Yardeni, ancienne présidente du Crif et élue à Toulouse analyse le mal-être des jeunes gens de confession juive tentés par un départ vers Israël.
Êtes-vous surprise par le nombre de jeunes gens de confession juive qui ont ou qui souhaitent faire leur Alyah ?
Ce que je remarque surtout, ce sont des départs pour du volontariat. Ces missions sont de nature temporaire et se déroulent en Israël où l’on peut retrouver des jeunes et des beaucoup moins jeunes. Ils remplacent les nationaux qui étaient au front dans des différentes tâches dans les kibboutzim (coopératives en hébreu NDLR) en particulier pour participer aux récoltes. Il ne s’agit pas d’assistance humanitaire dans l’acception traditionnelle du terme, c’est une façon d’aider l’État hébreu sur un plan civil et non pas militaire évidemment. Cette solidarité peut d’ailleurs également s’exprimer en France puisque certains membres de la communauté ont pu proposer à des jeunes gens qui avaient perdu leurs proches durant la tuerie du 7 octobre de se réfugier temporairement en France.
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Y a-t-il un réel déclin en termes d’effectifs de la population de confession juive à Toulouse et environ ?
Avant les attentats de mars 2012, on comptait environ 20 000 juifs dans la région. Ce chiffre a ensuite décru. Il y a pas mal de départs. Je dirais que nous sommes plus près de 15 000 que de 10 000. Il s’agit d’une estimation parce qu’une partie non négligeable de la communauté échappe aux radars. On nomme ce phénomène « la marranisation ». Il y a pas mal de gens qui ne font pas état de leur judéité.
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Constatez-vous un mal-être profond chez les ados ou jeunes adultes de religion hébraïque ?
Il y a un malaise à la fois sécuritaire et culturel et un sentiment d’épuisement particulièrement prégnant chez les jeunes.