TEMOIGNAGE. Père de famille tué à coup de couteau en Aveyron : "C’était un vrai cauchemar, un film d’horreur…" Virginie, la femme de Cédric, témoigne
Après le meurtre de son conjoint, Cédric Coutouly, tué d’un coup de couteau, samedi 16 mars, à Onet-le-Château (12), par un automobiliste ivre, Virginie Barrau, domiciliée dans le Tarn, raconte avec justesse et dignité ce terrible drame dont elle a été témoin et victime, avec son fils de 13 ans.
Vous avez été témoins, avec votre fils de 13 ans, du coup de couteau mortel reçu par votre conjoint, Cédric Coutouly, 45 ans, ce samedi 16 mars, à Onet-le-Château (12). Comment est intervenu ce drame ?
Avec Cédric et notre fils de 13 ans, on revenait de vacances dans les Alpes. On rentrait chez nous, à Peyrole, dans le Tarn. On décide de s’arrêter sur la route pour faire quelques courses, vers 18h45. On se gare devant le Super U d’Onet-le-Château, on achète des céréales, du lait, des œufs, de quoi déjeuner le lendemain. Lorsqu’on revient vers notre voiture, j’entends un véhicule percuter des trottoirs et faire des embardées. Le fourgon s’arrête devant le supermarché, à hauteur de deux jeunes filles qui ne sont pas très rassurées en voyant le conducteur. J’avais peur pour elles. Puis un piéton traverse en sortant du magasin. Le fourgon démarre et le percute. Le choc est violent. Cette victime pousse un cri et les deux jeunes filles s’enfuient. Le piéton tente de s’en aller mais il est repris par cet homme au fourgon qui l’attrape par le col. L’agression de ce monsieur a été le point départ.
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Que se passe-t-il après ?
Nous sommes à environ 40 mètres de la scène et la victime lui dit "J’ai eu peur, vous comprenez !", il venait d’être percuté. Face à sa détresse je crie, "est-ce que vous voulez que j’appelle la police ?" Cédric a le même réflexe. Puis tout s’enchaîne. L’homme au fourgon se rue sur ce monsieur qui devait avoir environ 45 ans, en lui assénant une grosse gifle. Il chute sous la violence du coup et son agresseur est prêt à le tabasser. Avec Cédric on se jette sur lui et il nous repousse, tous les trois avec notre fils. Puis, Cédric tente de le maintenir à distance. L’agresseur se dirige vers son camion et je me dis, ça y est c’est fini, il part…
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C’est dans ce second temps qu’il se saisit du couteau ?
Je me souviendrai toujours de son regard sombre et machiavélique quand il nous regarde en regagnant son fourgon. Dans le même temps, j’aide la victime à se relever. Je lui dis d’appeler la police parce que je suis prête à témoigner de son agression. L’homme au fourgon revient avec une dague noire dont la lame est longue d’au moins 20 centimètres. Je dis au monsieur de partir et nous, on se réfugie dans notre voiture. L’autre avance avec sa dague à la main. Il cogne contre les vitres en disant "tu vas appeler la police ? Tu vas appeler la police ?" Et là tout bascule.
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Il s’en prend d’abord à vous ?
J’essaie de le faire reculer en ouvrant la porte de la voiture. Cédric se trouve de l’autre côté de la voiture, à l’extérieur en train d’appeler la police. L’agresseur se dirige vers lui. Je crie, ils s’empoignent et je vois le téléphone voler. Il dirige sa lame vers moi et me blesse sous le sein, au-dessus de l’estomac (elle aura 10 points de suture). Cédric lui dit de s’en aller, "c’est bon casse toi, on n’appelle pas la police, c’est bon, va-t’en !". Il lui laisse la possibilité de partir sans lui donner le moindre coup. Il pouvait partir à ce moment-là. Cédric n’est pas un bagarreur. Il met ses mains devant et l’autre lui donne un coup de couteau sur le flanc gauche. Notre fils qui assiste à la scène part chercher de l’aide à l’intérieur du Super U où Cédric tente de se réfugier. Il dit à un membre du personnel "venez nous aider, il y a papa qui saigne". Entretemps, l’agresseur prend la fuite. Il a été arrêté rapidement par la Bac.
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Que faites-vous à ce moment-là ?
Ma formation d’aide aux premiers secours me sert à lui prodiguer des soins dans l’urgence malgré la panique. Je relève son tee-shirt plein de sang et fais un point de compression en hurlant d’appeler le Samu et la police. C’est un vrai cauchemar, un film d’horreur ! Cédric rend son dernier souffle devant le supermarché. C’est irréel. La police et les secours sont là et mon fils et moi sommes pris en charge.
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Comment expliquer cette violence gratuite ?
Je ne réalise pas. On se dit que l’on est dans un autre monde. On est des gens normaux, comme les autres. Cédric n’a jamais voulu jouer les justiciers, c’était quelqu’un de toujours bienveillant, tranquille et très aimant. Il a voulu protéger ce monsieur qui allait se faire tabasser. Il est mort pour rien. Nous formions une famille unie. Maintenant, il manque le pilier. Un psychologue nous accompagne mais il a fallu se débrouiller pour obtenir une prise en charge. En sortant du commissariat de Rodez, dans la nuit de samedi à dimanche, il nous restait 1h30 de route à faire. Heureusement, deux policiers nous ont raccompagnés à la maison. Mon fils n’a pas pu retourner à l’école. Notre vie a basculé dans un monde parallèle.
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