ENTRETIEN. "S’il faut éradiquer certaines pratiques, je prendrai les mesures nécessaires" annonce la nouvelle directrice de l’hôpital de Lomagne
La nouvelle directrice de l’EPSL, l’hôpital de Lomagne, est arrivée aux commandes de l‘établissement il y a un mois. Hélène Colombié se dit déterminée à rompre avec les anciennes pratiques.
Hélène Colombié, vous avez pris la direction de l’EPSL (Établissement public de santé de Lomagne), où un contrôle par l’ARS mené en 2023 a relevé 80 manquements. Vous n’avez pas fait le choix de la facilité.
Je choisis des postes en fonction des projets, de l’intérêt que je peux trouver pour mettre au service du bien commun mes capacités. C’est le 3e établissement en situation compliquée que je prends en main, et je trouve qu’il y a ici énormément de potentiel. Rien n’est organisé, c’est un château de cartes et tout est à faire. Mais il y a des équipements de qualité, et du personnel qui a envie de travailler, engagé, mais qui n’a pas été accompagné. On part de loin. L’EPSL est à la fois un défi et un atout pour la santé du territoire.
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Quelle va être votre feuille de route ?
L’EPSL fait face à un déficit de près de 3,5 M€ sur 2023. Mais je ne suis pas pessimiste parce que les fondamentaux sont bons. Avant, les comptes étaient bons. Ce n’est pas un déficit structurel. Je dois également assurer une prise en charge de qualité aux résidents. Cette finalité est à la fois responsable et difficile. Et pour réaliser ce travail, il faut une organisation très structurée, une architecture qui puisse s’appuyer sur des fonctions supports, des protocoles, une logistique, des ressources humaines… Il faut tous les jours mettre énormément de leviers en œuvre pour que tout se passe bien. C’est de l’horlogerie de précision. Le contrôle de l’ARS en juillet dernier, c’est un instantané, qui montre qu’il faut corriger de l’intérieur. C’est un bel outil, qu’il faut développer.
De quelle façon ?
Je vois le potentiel. Nous sommes en zone rurale, au carrefour entre Auch, Agen et Toulouse, avec des bonnes volontés… J’ai déjà monté des consultations avancées ailleurs. Pourquoi ce ne serait pas possible ici ? Il y a la fibre, les professionnels, les locaux. Il ne manque que le projet. J’ai déjà des réalisations à mon actif qui me laissent penser qu’on peut tout à fait agir pour améliorer la couverture médicale de ce bassin de population. J’ai travaillé dans le social, le sanitaire, le médico-social, et je saurai actionner tous les leviers.
De nombreuses polémiques ont éclaboussé l’EPSL, liées aux ressources humaines…
Il ne faut pas que quelques-uns viennent ternir le travail de tous. Tout le monde veut bosser. Mais dans un secteur comme le nôtre, très encadré par des normes, des standards à tous les niveaux, et qui évoluent, il faut une gouvernance, qui a manqué. Et les agents, sur le terrain, ont fait comme ils ont cru devoir le faire, et comme ils ont pu le faire.
Selon vous, il faut changer les méthodes de travail à l’EPSL ?
Si on ne change rien, on aura les mêmes effets. Je suis obligée d’engager une transition. Tout le monde déteste qu’on change les méthodes de travail. Mais c’est indispensable si on veut être au niveau de ce qu’on attend de nous. Il faut amener tout le monde à progresser dans les pratiques. Mais l’établissement n’a pas le choix. Tout ce que je constaterai d’irrégulier devra reprendre le chemin de la règle de droit. J’entends mener l’EPSL sur la voie de la qualité, et s’il faut éradiquer certaines pratiques, je prendrai les mesures nécessaires.
Ehpad du Tané : action rapide
Suite à notre article paru le 22 mars, dénonçant des dérives à l’Ehpad du Tané qui dépend de l’EPSL, la réplique de la directrice n’a pas tardé. Et il marque un très net changement dans les pratiques… Hélène Colombié s’est rendue sur le champ à l’Ehpad pour s’entretenir avec les salariées. Une rencontre qui l’a scandalisée. « J’ai découvert que non seulement cette histoire de vidéo était exacte, tout comme celle des repas pris sur ceux des résidents, mais que la cadre de santé incriminée avait couvert la salariée qui avait filmé, comme elle a couvert le reste ! » La directrice a pu constater l’omerta qui bloquait toute remontée d’incidents. « La cadre faisait régner une véritable terreur sur les employées, pour les contraindre au silence… De tels comportements sont absolument inacceptables. Et je ne les accepterai pas plus longtemps. Des gens qui agissent de la sorte n’ont rien à faire dans un Ehpad. »
La salariée, en CDD, fait déjà l’objet d’une convocation. Le sort de la cadre de santé, dont le statut est particulier, fera lui aussi l’objet d’un examen.
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