De l’avenue Michelet à Boé, la Biscuiterie Agenaise continue d’écrire sa savoureuse histoire artisanale
Reprise en 2022 par Stéphane Chezal, la Biscuiterie Agenaise vient de vivre quatre mois de production de biscuits secs en prévision des fêtes de Pessa’h du 22 au 30 avril. D’ici la fin de l’année, l’usine devrait déménager à Boé.
En ce vendredi qui préfigure la soirée de shabbat, la ligne de production de 90 mètres de long dont 40 mètres de four, est arrêtée. C’est jour de relâche pour la Biscuiterie Agenaise, nouvelle appellation qui conserve l’ADN et l’âme ancestrale. Une institution abritée discrètement au132 avenue Michelet à Agen qui a vu le jour en 1947 sous l’enseigne Biscuiterie Maury qui était sous traitante de biscuits pour l’entreprise Lu.
Puis en 1960, la famille Bitone arrivée d’Algérie, crée une biscuiterie spécialisée dans le pain azyme et les biscuits secs. Trois générations se succèdent aux commandes : Simon le grand-père, Roland et Robert ses fils et enfin Marc et Christian les petits-fils et cousins.
En mars 2022, ils cèdent le fonds de commerce à Stéphane Chezal, désireux de pérenniser leur savoir-faire. Originaire de Moirax et après avoir travaillé dans le BTP auprès de son père, il reprend ses études de commerce et se retrouve propulsé à la Société générale de Paris en charge des grandes entreprises. Mais sa femme et leur premier enfant sont restés en Lot-et-Garonne et lorsque le Covid survient, le jeune banquier décide de revenir à Agen et il intègre le Crédit Coopératif. Mais entre la frénésie de la capitale et la torpeur d’une ville moyenne figée, c’est un peu le choc. Alors qu’il s’occupe des comptes de la Biscuiterie d’Agen, les deux patrons accompagnés du comptable ce jour de janvier 2021, lui annoncent : "Ça y est, on arrête, on part à la retraite et on vend ! Si on ne trouve pas de repreneur, le personnel sera licencié", mais Marc Bitone rajoute : "En fait, il nous faudrait un jeune comme toi qui reprenne".
Les biscuits casher, 50 % du chiffre d’affaires
L’idée s’insinue dans l’esprit de Stéphane Chezal tenté par l’entrepreneuriat. Il va par curiosité, visiter l’usine qui s’étend sur 4 000 m2 en comptant les bureaux, les lieux de stockage et 1 600 m2 de bâtiments de production. "Je mûris le projet et je les rappelle pour qu’on me communique via l’expert-comptable tous les documents de l’entreprise. L’étude montre que la partie casher, – les biscuits pour la Pâque juive —, représente 50 % du chiffre d’affaires. La fabrication débute en novembre jusqu’à la fin février et les produits sont commercialisés en mars et avril dans les magasins casher de l’hexagone, à la boutique de l’usine, et à l’export en Israël, au Maroc, Tunisie, Canada et dans les Dom-Tom. Les carrés et ronds croustillants à l’orange, au citron, au vin et à l’orange, sont les best sellers de la marque. Le reste du temps, c’est le pain azyme et les galettes qui sont fabriqués et écoulés dans les grandes et moyennes surfaces. Une fabrication qui s’interrompt au moment de la production pour Pessa’h.
Associé à Michel Emsalem
Mais les banques demandent des garanties ou un partenariat avec un acteur de l’agroalimentaire. La famille Bitone travaille déjà avec Michel Emsalem à la tête de la société King Salomon qui achète leur production et s’occupe de la distribution dans les magasins casher en France et dans le monde sous la marque "la Bienfaisante". Une collaboration qui a vu le jour au travers du Consistoire israélite de Paris. Michel Emsalem souhaite que l’entreprise agenaise perdure et accepte de s’associer à 40 % de parts dans le capital social avec Stéphane Chezal lui garantissant ainsi une assise solide. La production casher spéciale Pessa’h est certifiée par le grand Rabbinat de Paris et des rabbins sont missionnés pour superviser toutes les étapes durant les quatre mois de fabrication à Agen.
Une nouvelle dynamique
Aujourd’hui, l’usine emploie 18 personnes dont les fidèles salariés de Bitone. En novembre 2024, le bail sera dénoncé et l’usine transférée de l’avenue Michelet dans une unité neuve au lieu-dit Lorman à Boé, vers Passeligne, au prix de nouveaux investissements. Un site de plain-pied avec une ligne de production élargie, des fours automatisés et plus d’accessibilité pour les camions, tout en conservant la tradition artisanale de la famille Bitone. Le packaging a été modernisé et une gamme de biscuits classiques, non casher, est destinée à rejoindre aussi les rayons de la grande distribution. De nouvelles saveurs sont à l’étude et le marché américain reste à décrocher.
2 millions de boîtes chaque année
10 tonnes de farine de blé français sont utilisées au quotidien, 1 tonne de gâteaux produite par heure, 20 000 boîtes de gâteaux produites par jour. La gamme compte 12 références. 2 millions de boîtes sortent de l’usine chaque année dont 1,3 million de boîtes de pain azyme. Le chiffre d’affaires caracole à 2,8 millions d’euros.
La chaîne de production comprend un laminoir pour la pâte, un découpoir pour les empreintes des galettes et biscuits, un espace à la sortie du four industriel pour vérifier la qualité des produits et leur juste cuisson, une zone pour le refroidissement des biscuits et pains qui doivent retrouver une température ambiante, un tapis de ramassage qui conduit à l’ensachement et au conditionnement. Stéphane Chezal est toujours partant pour mettre la main à la pâte sur les différents postes et parfois dès 4 heures du matin, il arrive à l’entreprise pour la mettre en route.
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