VIDEO. La détresse d'un couple de gaveurs de canards, criblé de dettes après de lourds investissements
Après un long combat judiciaire contre une coopérative, un couple gersois de gaveurs de canards se retrouve criblé de dettes. Le Samu social agricole tire la sonnette d'alarme.
À l'heure d'une crise agricole majeure, où la notion de mal-être paysan est revenue au centre des attentions, la situation du couple Vivès témoigne des difficultés que rencontrent certains agriculteurs. Installé à Gondrin, le couple est à la tête d'un élevage bovin dans les années 90. Le secteur rencontrant des difficultés, ils décident de transformer leur exploitation et de se lancer dans le gavage de canards.
Le virage est pris, non sans mal, avec succès, et le couple travaille avec une coopérative qui lui fournit les canards. Après la phase de gavage, ils sont "rendus" à la coopérative.
Au début des années 2010, le couple investit massivement pour remettre ses installations aux normes. Les préoccupations concernant le bien-être animal sont plus présentes dans le débat public, la coopérative qui fournit les canards aux gaveurs réclame ces modifications.
Pas de problème pour le couple, qui investit 180000€. C'est là que tout commence à aller mal pour les gaveurs. "Les canards qui arrivaient chez moi étaient, pour la plupart, dans un mauvais état. J'ai fait appel à un vétérinaire plusieurs fois, j'ai fait procéder à des analyses".
Sur les différents lots qu'il reçoit, des dizaines de bêtes arrivent mortes, ou malades. Le vétérinaire écrit "qu'ils présentent des défauts de développement. Les analyses réalisées font état de "foie congestionné, de poumons hépatisés, de rate hypertrophiée etc.", sur les différents animaux analysés. Nous sommes en 2014.
Combat judiciaire
Le couple se plaint auprès de la coopérative, à de nombreuses reprises. Ce qui tend encore plus les relations entre les deux parties. Au point que les canards arrivent de moins en moins. Et enfin n'arrivent plus. Désespéré, le couple fait appel au Samu social agricole pour les aider.
"On a décidé d'aller en justice avec eux. Ce n'est pas normal ce qui leur arrive, qu'ils aient ainsi investi des dizaines de milliers d'euros et qu'ils se retrouvent criblés de dettes", explique Pierre Laffitte, co-trésorier du Samu social agricole, qui accompagne le couple depuis des années.
En août 2019, le tribunal d'Auch condamne la coopérative à payer au couple 73200€ "au titre des retenues pécuniaires", mais le déboute sur sa demande au titre "de la rupture abusive de contrat". La condamnation est importante, le couple est soulagé.
Mais la coopérative fait appel. Elle propose d'ailleurs, en attendant la décision de la cour d'appel d'Agen, un arrangement aux Vivès. 25000€ contre l'abandon des poursuites. Refus des gaveurs, sûrs d'être dans leur bon droit. Nouvelle proposition à 30000€, et nouveau refus, ce sera à la cour d'appel de trancher. Et c'est la douche froide. La cour d'appel annule la décision de première instance et laisse le couple sur la paille.
A lire aussi : En pleine crise agricole, la colère d’un éleveur, défenseur du bio
La Cour de cassation à son tour considère que les deux précédentes juridictions n'étaient pas compétentes pour statuer et annule toute la procédure. Il faut repartir de zéro. Impensable pour les gaveurs de canards, épuisés après tant d'années de procédure.
"On va laisser crever ces éleveurs"
"Nous avons pris un avocat, spécialiste en droit rural, qui n'a même pas été capable de porter ce dossier devant la bonne juridiction. C'est inadmissible. Et maintenant le couple se retrouve avec encore 80000€ à rembourser à la banque pour son investissement et des milliers d'euros de frais de justice. Ils sont ruinés et abandonnés", regrette Michel Bini, président du Samu social agricole. Une rencontre a été organisée en préfecture mercredi après-midi pour sortir de cette impasse.
A lire aussi : VIDEO. Colère des agriculteurs dans le Gers : "Ils ont raison de marquer le coup sinon ils vont crever !"
"Je ne pense pas que cela arrange quoi que ce soit. Dans ce dossier, tout le monde est au courant. La Chambre d'agriculture, la DDT, la préfecture, les syndicats, et on va laisser crever ces éleveurs. Ce sont des gens qui ont travaillé toute leur vie. On déploiera toute l'énergie nécessaire pour trouver une solution et faire payer ceux qui le doivent", promet encore Michel Bini.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?