Accusé d’avoir escroqué une octogénaire, il est finalement relaxé par le tribunal d'Auch

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  • L’audience s’est déroulée mardi au tribunal d’Auch.
    L’audience s’est déroulée mardi au tribunal d’Auch. DDM - ARCHIVES NEDIR DEBBICHE
Publié le
Marc Centene

l'essentiel Jugé en comparution immédiate ce mardi au tribunal d'Auch, un quinquagénaire multirécidiviste devait répondre d'abus de faiblesse. En l'absence de preuves et d’éléments à charge, il a été relaxé.

Sébastien* arrive dans la salle du tribunal correctionnel menottes aux poignets. Il est en détention provisoire depuis samedi, et doit répondre, ce mardi, d’abus de faiblesse sur personne vulnérable.

Entre le 26 et le 29 février, Sébastien s’est fait remettre 180 € par Mireille*, 86 ans, à Plaisance-du-Gers. Le vendredi 1er mars, la mairie de Plaisance contacte la gendarmerie. Une habitante a été approchée par un inconnu qui lui a soutiré de l’argent, en liquide et en plusieurs étapes.

L’homme s’est présenté à Mireille le 26, prétendant être un voisin. Il a besoin d’argent, et l’octogénaire, qui a le cœur sur la main, se rend au distributeur pour retirer 100 €. Elle tarde un peu, la machine avale carte et billets. Mireille y retourne le lendemain, et donne l’argent à l’inconnu. Qui revient en assurant avoir perdu l’argent. Mireille remet la main au portefeuille. Rebelote le lendemain, où la mamie se fait taper de 30 € pour l’hypothétique anniversaire d’une fille à gâter…

Ce jour-là, l’aide-ménagère de Mireille assiste à la scène. D’autres témoins racontent aux gendarmes les efforts d’un homme pour lier connaissance avec les consommateurs d’un bar, ou même de simples passants.

Les gendarmes retrouvent l’individu au bar de Plaisance. Ils le photographient et montrent le cliché à Mireille et des témoins, qui l’identifient sur-le-champ. Sébastien, qui affiche près d’un gramme d’alcool dans le sang, est embarqué. Pendant sa garde à vue, il nie en bloc. C’est un quiproquo. On se trompe.

Casier chargé

Le tribunal se montrerait moins soupçonneux si Sébastien était un quidam lambda. Mais voilà : il affiche 29 mentions à son casier, dont 26 condamnations, qui vont du délit routier à... l’escroquerie, en 2023 ! Des faits qui lui ont valu de la prison ferme. Il est tout juste sorti le 20 février.
Le ministère public s’étouffe un peu. « Vous voulez dire que ces dames qui ne se connaissent pas se sont concertées ? Mais pourquoi ? » Sébastien ne sait pas.

Sébastien n’a pas une très bonne mémoire. Il prend trop de médicaments, les mélange, et avec l’alcool, ça ne donne rien de bon, il l’admet. Au point que lorsque la présidente lui demande combien il a d’enfants, il répond là encore : « Je ne sais pas. Beaucoup ? »

Défaut de preuves

Le ministère public, lui, voit là un récidiviste de l’escroquerie qui s’en prend à des vieilles dames vulnérables. « Ce sont toujours les mêmes faits, la même approche, le même public visé ! Vous êtes toujours dans le mensonge, et là, vous voudriez qu’on vous croie ? » Il faut infliger 10 mois de prison à Sébastien, avec mandat de dépôt immédiat.

L’avocat du prévenu, Me Turenne, plaide la relaxe pure et simple. La victime ne fait l’objet d’aucune mesure de protection. Mireille a toute sa tête - elle indique même aux enquêteurs qu’elle pensait qu’il jouait la comédie - et l’âge n’est pas synonyme de vulnérabilité. Pas plus que l’altruisme. Le préjudice est modeste, et l’identification sujette à caution, faute d’une procédure rigoureuse... Le délit n’est tout simplement pas constitué.

Un avis que suivra le tribunal, qui relaxe Sébastien pour manque d’éléments constitutifs et défaut de preuves.

*Les prénoms ont été modifiés.
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