Espionnage : face aux "ingérences" russes, la DGSI appelle à la vigilance
Les services de renseignement intérieur français (DGSI) viennent d'appeler les forces de l’ordre à faire remonter tous les "signaux faibles" d’ingérences menées par la Russie.
Dans un contexte géopolitique tendu et à quelques mois des JO de Paris, les services de renseignement intérieur français (DGSI) appellent les forces de l’ordre à faire remonter tous les "signaux faibles" d’ingérences menées par la Russie, après plusieurs actions de ce type à l’échelle européenne.
Dans une note datée du 14 février, la DGSI détaille comment les services de renseignement russes ont mis en place des "modes opératoires alternatifs" en mobilisant des "réseaux de proxies (intermédiaires, ndlr) dans le but de mener des activités d’ingérence". Ces opérations se traduisent par des "actions subversives" relèvent généralement de "délits de droit commun", poursuit la note, citant en exemple des "graffitis, tags, placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers".
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Les messages diffusés lors de ces opérations "visent globalement à amplifier les dissensions et les fractures internes à la société française", en exploitant tout type de sujets, de la "réforme des retraites" à la "prise de position dans le conflit israélo-palestinien" ou au "dénigrement des JO 2024", poursuit la DGSI. Voire à "soutenir ouvertement les intérêts de la Russie» en «dénonçant la politique étrangère de la France, les Etats-Unis ou l’Otan". "Il n’est pas exclu" que des "actions de nature violente" puissent "être également commanditées", ajoutent les services de renseignement intérieur, évoquant des "menaces ou agressions physiques, notamment à l’encontre de ressortissants ukrainiens ou de dissidents russes".
La description de ce type d’opérations rappelle une action, menée fin octobre en France, lorsque des dizaines d’étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes sur des façades d’immeubles à Paris et en banlieue, suscitant une vive émotion, en plein conflit entre Israël et le Hamas. Très vite, l’hypothèse d’une opération de déstabilisation s’était imposée. Un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave prorusse, identifié. La France avait condamné en novembre une "ingérence numérique russe", en dénonçant le rôle d’un réseau russe dans "l’amplification artificielle et la primo-diffusion sur les réseaux sociaux des photos des tags" étoiles de David.
Implication du FSB
L’opération a depuis été attribuée clairement aux services de sécurité russe. Dans un document confidentiel, révélé le 23 février par Le Monde, la DGSI assure que cette opération a été pilotée par le "cinquième département", un service chargé des opérations internationales au FSB. Cette campagne de désinformation en France était un volet d’une opération d’ingérence plus vaste menée dans plusieurs pays européens et commencée au printemps 2023 en Pologne.
Des Moldaves, pilotés à distance par le FSB, y avaient mené des actions de désinformation, de surveillance et de sabotage. Dans la note du 14 février, signée de la nouvelle directrice de la Sécurité intérieure, Céline Berthon, et adressée aux directeurs de la police nationale (DGPN) et de la gendarmerie nationale (DGGN), ainsi qu’au préfet de police de Paris, la DGSI leur demande de "sensibiliser" les policiers et gendarmes de sécurité publique "susceptibles d’être amenés à traiter ce type de dossiers" et à être attentifs, y compris aux "signaux faibles". Ces actes sont "généralement commis par des membres des communautés russophones d’Europe de l’Est", détaille la DGSI, précisant que ces personnes peuvent soit séjourner "temporairement" en France, soit y être "installées de longue date, légalement ou illégalement".
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Dans ce type d’opérations, un "intermédiaire du réseau donne des instructions précises, voire les moyens logistiques" pour réaliser la mission. Puis, dans le but de "prouver aux commanditaires la bonne exécution des missions, des photographies et vidéos des délits commis peuvent être diffusées sur les réseaux sociaux".
Les exécutants sont "généralement rémunérés à la tâche, en fonction de la difficulté de la mission effectuée", poursuit la DGSI. Le paiement "peut être faible" et "s’effectuer en cryptomonnaies ou en espèces voire en virement bancaire".
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